Essai : Renault Espace : hybride à tous les étages

Lorsqu’on apprend que Lancia utilisera les noms de ses modèles historiques pour se réinventer, doit-on en vouloir à Renault d’appeler Espace le plus spacieux de ses SUV ? Vivons dans notre temps et profitons d’un modèle offrant sept places et pourvu d’une motorisation en phase avec son époque. Même si nous continuons à penser qu’un Diesel reste la meilleure solution pour épauler des véhicules de ce gabarit.

Difficile de nier que cet Espace est une version allongée de l’Austral puisque ce n’est qu’après les portes arrière qu’il diffère en s’étirant de 20 cm supplémentaires. De quoi lui permettre de proposer une banquette au 3e rang qui condamne alors totalement le volume du coffre. Pour la reste, l’environnement de l’habitacle est désormais habituel depuis le lancement de la Mégane électrique. On retrouve le volant et ses trois branches très agréable à appréhender, le tableau de bord devant le conducteur de 12,3 pouces et la tablette centrale dressée verticalement. Un toit en verre fixe panoramique, facturé 1.000 euros, ajoute une belle touche de luminosité alors que les sièges en tissus sont bordés d’alcantara et se distinguent, dans cette finition Esprit Alpine, par le logo de la marque incrusté dans les appuie-têtes. L’accoudoir central coulissant est utile et bien pensé alors qu’un petit miroir dissimulé au plafond, devant le rétroviseur central, permet de surveiller l’activité aux places arrière.

J’aime bien

S’il fait preuve d’une certaine fermeté, l’Espace n’en conserve pas moins un touché de route assez confortable et permet d’envisager de longs déplacements sereinement. La position de conduite est parfaite et les commandes tombent bien en main même si on s’emmêle de temps en temps les pinceaux entre les trois leviers placés à gauche du volant. Entre le volume du son, les essuie-glaces et les commandes de marche, il y a de quoi se tromper si l’on n’est pas assez concentré. A l’arrière, l’espace aux jambes est bon d’autant que la banquette est réglable sur la longueur et c’est absolument nécessaire lorsqu’il s’agit d’installer des personnes à la 3e rangée. Ceux-ci ne devront pas être trop grands.

Plutôt malin

On aurait pu craindre que la taille de cet Espace VI prive le conducteur d’un certain plaisir de conduire mais il n’en est rien. L’agilité de l’engin est réelle mais c’est surtout en ville qu’il excelle en tournant court grâce aux roues arrière du système 4Control Advanced. Avec 10,4 m de rayon de braquage, l’Espace fait oublier son gabarit en centre urbain et cela tombe plutôt bien sachant que la seule mécanique dont il dispose, à savoir un petit 1.2 3 cylindres, oui, oui, vous avez bien lu, épaulé par un moteur électrique pour fournir un total de 200 ch excelle particulièrement en ville. En effet, c’est en milieu urbain qu’il est forcément capable de se déplacer sur le seul mode électrique sachant qu’il est également possible de jouer sur l’amplitude de la régénération de la batterie via des palettes au volant.

J’aime moins

Ne le dites à personnes mais c’est avec le Renault Espace III 3.0 V6 de mon oncle que j’ai atteint, pour la première fois de ma vie, les 200 km/h. A l’époque, 194 ch sous le capot et un poids de 1690 kg permettaient de telles fantaisies. Aujourd’hui, les 200 ch du nouvel Espace autorisent tout au plus d’atteindre laborieusement 175 km/h. C’est un peu court si l’on fréquente les autoroutes allemandes, qui rappelons-le encore, demeurent illimitées en de nombreux endroits. Soit. Tout cela pour dire qu’il manque un certain souffle, un peu d’aisance aux encolures, à ce bel engin donné pour 1780 kg.

Pourquoi je l’achète

En quelques années, le néerlandais Laurens Van Den Acker est parvenu à insuffler un renouvellement total des modèles Renault. Et on apprécie à juste titre des lignes parfaitement dans l’air du temps, pas trop alambiquées sur les flancs mais suffisamment reconnaissables grâce, notamment, à la forme des phares et des feux. Dans l’habitacle, les écrans en « L inversé » ont pris le pouvoir mais leur facilité d’utilisation est à noter alors que la navigation fait confiance à Google Maps. Quatre prises USB-C sont disséminées dans l’habitacle et de nombreux rangements viennent agrémenter la vie à bord même si l’Espace a perdu en fonctionnalité, notamment au niveau des sièges. Son confort est assez impressionnant malgré la taille des roues (20 pouces sur notre modèle d’essai), les suspensions filtrent plutôt bien les défauts de la route alors que l’insonorisation est remarquable. Sur ce point, les Diesel ne nous manquent pas ! Notre consommation moyenne s’est fixée, durant nos 556 km d’essai, à 6,6 l/100 km avec 2/3 du parcours sur autoroute.

Pourquoi je ne l’achète pas

Si la version d’accès, dénommée Techno, est disponible dès 43.900€, il vaut mieux s’offrir une version Esprit Alpine pour 3.000€ de plus alors que l’Iconic plus statutaire est à 48.900€. Voilà pour le sujet qui fâche. Notre exemplaire d’essai s’offrait en plus le pack City Premium (1.000€), le gris satiné à 2.000€ ou encore le pack Advanced Driving Assist1 à 1.000€ pour un prix total de 54.300€. Pour le reste, il faudra composer avec un volume de coffre un peu juste, une 3e rangé de sièges uniquement destinés à des enfants ou de jeunes adultes mais également avec un fonctionnement de la transmission qui laisse encore quelques à-coups lorsque l’Espace passe du thermique à l’électrique et inversement. On finit par s’y habituer mais c’est regrettable lorsqu’on connait la complexité de la boîte de vitesses dites multimode.

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