La première Jeep conçue et construite en Europe est électrique. Cela n’étonnera guère connaissant les échéances fixées par l’Europe à l’horizon 2035. Pour la marque américaine, il suffisait d’aller puiser dans le stock des pièces du groupe Stellantis pour donner vie à la Jeep la plus compacte de toute l’histoire de la marque américaine. On oubliera vite qu’elle n’a que deux roues motrices pour mettre en avant son poids contenu et son look typiquement Jeep.

Basée sur la plateforme e-CMP2, la Jeep Avenger partage ses dessous avec les petits SUV du groupe comme la e-Mokka d’Opel ou la e-2008 de Peugeot. Mais en dépassant de peu les 4 m, elle devient le SUV le plus compact du segment B et offre une nouvelle carte à jouer pour la marque américaine qui veut s’implanter durablement sur le sol européen. Grâce à ses porte-à-faux très courts, elle propose des angles d’attaque dignes d’un vrai 4×4 pour mieux aborder… les trottoirs et les rampes de parking. Simple traction, elle ne se destine pas à l’habituel usage tout-terrain des autres modèles de la marque mais avec une garde au sol portée à 20 cm, elle ne craint pas de grimper sur certains obstacles urbains. Enfin, tous les contours de sa carrosserie ont été conçus pour mieux absorber les différentes dégradations habituellement rencontrées dans les grandes villes. Intelligent.

Mécanique reconnue
L’unique moteur électrique affiche 156 ch pour un couple de 260 Nm. Des données plus que correctes que l’on doit à un moteur de 400V alimenté par des batteries lithium-ion de 54 kWh bruts (51 effectifs). Des chiffres intéressants qui permettent à Jeep d’annoncer fièrement une autonomie WLTP de 400 km, voire 550 en cycle urbain. Le seuil psychologique des 400 km est enfin atteint et devrait aider les derniers récalcitrants à franchir le cap. D’autant que du côté des recharges, Jeep a également bien travaillé puisque le chargeur embarqué sur toutes les versions accepte du 11 kW triphasé en courant alternatif mais surtout 100 kW en courant continu sur une borne rapide. De quoi récupérer, selon les données fournies par la marque, 30 km en 3 minutes, soit le temps qu’il faut, dans un bar italien, pour affonner un ristretto.

Lors de notre boucle d’essai d’un peu moins de 100 km parcourue dans le namurois, nous avons relevé des consommations plutôt raisonnables aux alentours des 18 kWh/100 km sachant que l’on a un peu abusé du mode Sport. Il faut dire que le poids réduit de 1500 kg, du genre contenu pour un VE, nous a offert des sensations encore inconnues à bord de ce type de véhicule. Alors certes, les performances sont, comme souvent, limitées, avec une vitesse maximale de 150 km/h, alors qu’il faut neuf secondes pour effectuer le 0 à 100 km/h, mais le toucher de toute et le retour des informations à travers la direction nous a mis en confiance même si les pneus n’appréciaient qu’à moitié. Par contre, les six modes de conduite proposés qui vont de Eco à Sport en passant par les positions Sable, Poussière et Neige nous semblent des plus superflus même si cette petite traction dispose du limiteur de vitesse en descente, comme ses congénères à quatre roues motrices.

Intérieur technologique
En ville, son rayon de braquage réduit à 10,5 m devrait rapidement en faire la favorite des citadins branchés mais la technologie de son habitacle n’est pas en reste. Ce sont, bien évidemment, les versions les mieux équipées et les plus chères, appelées Summit, qui étaient mises à notre disposition lors de cette courte prise en main. Nos Avenger étaient ainsi équipés de deux écrans de 10,25’’; un central tactile pour le système d’infodivertissement Uconnect et un combiné d’instrumentation numérique face au conducteur. Le volant est agréable à empoigner et la position de conduite est plutôt bonne. Par contre, on regrettera, une fois de plus, la présence de certains vilains plastiques mais cela semble inévitable à bord des électriques, dont il faut, nous dit-on, contenir les coûts. Soit.

L’espace aux places avant est réellement bluffant par contre, à l’arrière, avec des occupants de plus d’1,85 m, on se trouve vite à l’étroit. Dans l’habitacle, on dispose de 34 litres de rangements divers et variés alors que la coffre, aux formes très géométriques, propose un volume de 355 litres. Le hayon s’ouvre d’un mouvement du pieds sous le bouclier arrière ce qui est unique dans cette catégorie de véhicule. Avec une version de base affichée à 38.500€, la Jeep Avenger tente de casser les prix pour attirer les particuliers. Mais les tarifs s’envolent en grimpant dans la gamme et en optant pour des finitions mieux équipées. Les Summit essayées ici s’affichent à 43.500€ ce qui, pour un petit SUV du segment B, constitue déjà une belle somme. Il existe des solutions de financements ballons assez intéressantes à condition d’accepter que l’auto ne vous appartienne jamais.

Destinée avant tout à un usage urbain, la Jeep Avenger nous a particulièrement séduit sur les… nationales où sa masse contenue et ses liaisons au sol réussies offre enfin un rendu presque digne d’une thermique. On n’est pas allé jusqu’à ressentir des frissons de plaisir à son volant mais son dessin réussi, son habitacle aux écrans généreusement dimensionnés et sa consommation maîtrisée constituent ses points forts. Une finition décevante et des tarifs qui ne sont toujours pas à la portée de tous limiteront malheureusement sa diffusion en Wallonie.
