Essai : DS 9 : dur dur d’être une berline !

On le sait, les berlines classiques à trois volumes  ne sont plus très demandées par les acheteurs. Citroën et Renault ayant déserté ce marché, il ne reste que la 508 et… la DS 9 aux amateurs de berline française. Le côté exclusif et le bon goût français seront-ils suffisants pour faire oublier l’absence d’une motorisation diesel, prisée des gros rouleurs, ainsi qu’une fabrication exclusivement chinoise ?

La poupe de la DS9 pourrait facilement intégrer un hayon, ce qui rendrait le grand coffre de 510 litres encore plus logeable. Divers détails rappellent la DS originelle de 1955, comme les petits feux intégrés au coins du pavillon, à l’arrière.

Nous avons passé récemment une semaine en compagnie d’une DS9 en finition Rivoli. Nous avions découvert brièvement ce modèle dans la région de Lyon l’année dernière, voici venue l’épreuve du quotidien, sur des routes belges en très mauvais état ! Fleuron de la gamme DS, cette berline jouit d’une finition haut de gamme, même si certains équipements comme l’infotainement ou la navigation marquent le pas face à la concurrence… Concurrence de plus en plus réduite puisque seuls les marques premium allemandes proposent encore des berlines, avec… Skoda ! Volvo a aussi déserté ce marché sur lequel les ventes sont désormais symboliques. Elle peut rouler facilement une quarantaine de km en mode électrique, ce qui fait baisser la consommation de carburant. Dans le cas de la version 360 ch, la puissance vient de différentes sources : 147 kW du moteur thermique, 81 kW du moteur électrique intégré à la boîte de vitesses, à l’avant, et 83 kW du second moteur électrique qui se trouve sur l’essieu arrière. Le chargeur est un 7,4 kW et la batterie dispose d’une capacité brute de 15,6 kW.

Au centre de la planche de bord, l’écran tactile domine avec la superbe montre BRM pivotante située juste au-dessus. Différentes commandes physiques se trouvent également sous l’écran et facilitent la navigation dans les menus mais ne feront pas oublier que celle-ci ou l’infotainement pourraient évoluer et être plus modernes.

J’aime bien

Le confort et l’équipement de série sont bien pensés et facilitent les voyages au long cours. Elle reprend la technologie de la 508 PSE, avec son moteur hybride de 360 ch et la possibilité de disposer d’une transmission intégrale. Son châssis est celui de la 508 L, chinoise. L’horloge BRM qui pivote une fois le contact allumé est toujours aussi agréable à regarder et fait un bon sujet de conversation avec n’importe quel passager qui ne sait pas dans quoi il/ elle roule. Elle négocie les virages proprement, la direction est assez consistante même si elle pourrait être un peu plus communicative, c’est plus une question d’habitude qu’un souci.

Les applications de chromes passent mieux avec certaines teintes que d’autres où elles sont plutôt incongrues, comme la large baguette du capot avant ou les encadrements de vitres latérales.

Bien vu

La DS9 regorge de petits détails comme les feux arrière situés dans les coins du pavillon qui rappellent la DS originelle. L’écran central tactile 12’’ est facile à lire et à utiliser, une fois sa logique intégrée. DS se veut le pendant de marques de luxe comme Hermès et se démarque par son confort. Ici, pas de jantes de 25’’ et de suspension bien dure… voilà de quoi lui donner des atouts bien tentants face à la concurrence allemande premium, souvent mal amortie sur nos routes ! La suspension DS Active Scan analyse la route en permanence pour affermir ou adoucir les suspensions en temps réel, en fonction de son état et fonctionne plutôt bien. Nous avons bien apprécié son travail car la DS9 taille la route de manière très fluide, même avec des irrégularités, des nids de poule… sans pour autant que la caisse se laisse aller et donne l’impression de flotter. L’insonorisation est aussi très bien maîtrisée.

Logeable et confortable, la DS9 utilise un châssis de 508 PSE et jouit donc d’un excellent comportement routier.

J’aime moins

Même si le coffre est logeable et accessible, un hayon serait encore plus pratique et le design de la voiture s’y prêterait naturellement. Certes, 5 portes c’est moins prestigieux que 4 mais… qui s’en plaindrait ? On l’aimerait encore un peu plus décalée, à l’image de l’originale, et aussi avec moins de garnitures chromées. Même si ça ne se voit pas au premier coup d’œil, il est certain que le fait qu’elle soit assemblée en Chine, dans l’usine de Shenzen, ne plaise pas à certains acheteurs très attachés aux traditions.

C’est un quatre cylindres turbo 16 soupapes de 1598 cm3 qui officie sous le capot, aidé de deux moteurs électriques. Le premier est situé dans la boîte de vitesses automatique huit rapports et le second se trouve sur l’essieu arrière. Il permet de disposer d’une transmission intégrale.

Pourquoi je l’achète

Parce qu’elle va à contrecourant, une DS9 plutôt qu’une Classe E ou une Série 5, c’est un choix assumé, ne pas être « comme tout le monde ». Maintenant que Jaguar a arrêté la production des XF, le choix des berlines de luxe s’est encore réduit. Les sièges en cuir massants et ventilés sont très agréables. La caméra 360° et des assistances pas trop intrusives ont leur bon côté, dans une circulation encombrée. Comme sur le DS7 essayé il y a quelques temps, les commandes de vitres sont disposées sur la console centrale, ce qui facilite leur usage par le/ la passager(ère). L’espace et le confort à l’arrière sont royaux, on sent que la DS9 est parfaite pour un(e) ministre même si l’accès est un peu compliqué par l’angle du montant C! Au cours de notre essai de plusieurs centaines de km, mené sur différentes routes, les consommations d’essence ont varié entre 2,6 et 7,5 litres et entre 6,1 et 22,5 kW/ 100 km en électrique.

Le traitement des phares et feux est censé donner une image luxueuse à la voiture. A l’avant l’éclairage tourne tandis qu’à l’arrière ce gaufrage confère à la DS9 une signature lumineuse instantanément reconnaissable.

Pourquoi je ne l’achète pas

La DS était certainement la voiture la plus avancée de son époque, en 1955. Si la marque conserve cet esprit, la DS9 est quand même dans le rang côté technologies embarquées. On y trouve tout ce que l’on est en droit d’attendre d’une voiture moderne mais rien qui la mette vraiment hors concurrence et lui permette de vraiment se démarquer… surtout par rapport à la 508. Comme sur de nombreuses voitures du groupe, la pédale de frein est plutôt spongieuse au premier abord, même si les distances d’arrêt sont raisonnables. C’est plus une sensation déroutante à laquelle il faut s’habituer. Affichée à partir de 79.400 €, même si ses tarifs sont concurrentiels par rapport à ses concurrentes, le manque d’image sur un segment où c’est un élément primordial va mettre à mal la valeur résiduelle de la DS9, malheureusement.

Les excellents sièges tendus de cuir disposent d’une fonction chauffante et massante, tout comme à l’arrière. De quoi se prendre pour un ministre français en déplacement pour aller couper un ruban !

En conclusion, la DS9 est une belle auto, bien équipée et agréable à vivre dont le côté décalé devrait séduire quelques amateurs… qui ne seront pas rebutés par sa valeur résiduelle dans trois ou cinq ans ! (Photos : Paul-Edouard Urbain)

Dans un marché envahi par les SUVs, la DS9 tire son épingle du jeu par son confort et son côté décalé : une berline de luxe jouant sur le bon goût et le luxe à la française, plutôt que sur le côté sportif et dur à l’allemande.

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