Premier essai DS4: La République contre-attaque par Emmanuel Van den Brûle

Après quelques années de recherche identitaire, l’industrie française se retrouve une place dans le paysage automobile. Chez DS, on tente même le pari du premium, tout en marquant la différence avec les rivaux. Design, technologie et confort sont les mots-clés du jour.

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L’ambiance française est résolument présente. Dans la région de Chantilly, en périphérie parisienne, une boîte noire de plusieurs centaines de mètres carrés se la joue façon « salon de l’auto ». À l’intérieur, une salle de conférence miniature, quelques petits salons, un prototype aux lignes futuristes et bien sûr la toute nouvelle DS4, quatrième modèle de la marque désormais indépendante de Citroën. Les panneaux qui accompagnent parlent de French savoir-faire et d’expériences haut-de-gamme. En somme, les petits plats dans les grands.

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Il faut dire que la marque joue gros sur le lancement de cette compacte premium : la concurrence – principalement allemande – s’arrache les ventes personnelles et les contrats de leasing, et l’imitation ne semble plus suffisante pour suivre. Qu’à cela ne tienne, on peut compter sur les Français pour tenter une approche différente à tous les niveaux, ou presque.

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Un look travaillé

Premier aspect qui dénote : le style. Avec des traits affutés de tous les côtés et des détails à n’en plus finir, la DS4 ne se fond pas dans la masse. Son gabarit, à mi-chemin entre compacte et mini-SUV, est bien camouflé par un air svelte et des grandes jantes (19’’ en série, 20’’ en option). De la bouche d’un de ses designers, « la transition du concept jusqu’au modèle de production a été une négociation aisée avec les ingénieurs ». En effet, les deux modèles placés côte-à-côte gardent les mêmes proportions et le même look, avec seulement quelques modifications attendues. Même les arêtes sur le montant C, qui ne servent aucune fonction pratique, ont pu rester. Les méthodes de production des panneaux de carrosserie ont suffisamment évolué pour se permettre des écarts stylistiques du genre.

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Sous ses trois finitions, la DS4 varie de manière purement esthétique. Le pack Performance Line noircit la majorité des chromes et ajoute quelques détails un peu plus sportifs, tandis que la version Cross se pare de plastiques durs et de barres de toit. Aucune différence de hauteur de caisse, ni pour l’une ni pour l’autre, mais trois looks notablement différents et sans détail qui tue. Bon point face à la concurrence.

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Des équipements sans compromis

Sur le plan technologique, deuxième critère de développement mis en avant par la marque, il n’y a pas de quoi rougir, au contraire. Les motorisations disponibles, allant de 130 à 225 chevaux, font la part belle à l’essence mais surtout l’hybride rechargeable en attendant un modèle tout électrique en 2024. En effet, la moitié des commandes du modèle à ce jour incluent une batterie sous la banquette arrière. Exclusivement associés à une boîte automatique à huit rapports, ces blocs ne chercheront pas la performance, mais plutôt la fluidité à toute épreuve. La preuve : pas de transmission intégrale à l’horizon.

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Les développements continuent au-delà de la mécanique, avec une large gamme d’équipements de série et en option, qui ne déméritent pas face à la compétition. Affichage tête haute, écran central de 10’’, pavé tactile sur la console centrale, suspensions pilotées de série, optiques LED, tout y est. On ajoutera même bientôt la reconnaissance vocale et la conduite semi-autonome, lorsque le modèle arrivera en concession. Sans verser dans la surenchère, on sent que la marque se donne les moyens de ses ambitions.

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Le confort avant tout

Enfin, en termes de confort, on sent que la philosophie qui guidait la DS originelle n’a pas changé. L’Active Scan Suspension, qui couple des ressorts pilotés à une caméra, permet d’appréhender les imperfections de la route l’esprit tranquille. En pratique, cela donne un amortissement idéal, même chaussé de roues de 20’’, et une prise de roulis contrôlée dans les courbes. Seul bémol, le mode Confort, qu’une majorité des conducteurs utiliseront par défaut, observe une sacrée propension au tangage sur route accidentée. Pas de quoi déclencher un mal de mer, mais assez pour nous pousser à enclencher un autre mode.

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Sur la version E-Tense, hybride forte de 225 chevaux et 360 Nm, le confort se prolonge dans l’intégration de la puissance électrique, qui se fait presque oublier tout au long de ses 50 km d’autonomie réelle. Jamais brusque, ni même sauvage, la DS4 se pilote du bout des doigts, en n’espérant pas trop de feedback dans le volant. En effet, les efforts d’allègement portent leurs fruits sur la balance (1.430 kg seulement) mais dynamiquement, pas de miracles. Les accélérations sont vives mais les passages en courbe ne sont pas excitants. Ce n’est pas la vocation du modèle, quoi qu’en dise le pack Performance.

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En version Puretech, essence de 225 chevaux également, on retrouve plus de sensations et une caisse plus vive. Sans véritablement se montrer joueur, le châssis de cette cousine de la Peugeot 308 propose une réactivité tout à fait correcte, même si une pointe de sous-virage est toujours bien présente. Seul véritable bémol, la gestion de boîte en mode Sport, qui tire le bloc jusqu’au rupteur même avec le pied léger. Les palettes situées derrière le volant serviront donc à rétablir le calme plat qui règne dans l’habitacle.

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Une véritable alternative ?

Attention, voilà la question qui fâche. Avec un prix de base de 28.400€, attaquer les références allemandes sur un même terrain d’égalité est risqué. En effet, les Audi A1, Mercedes Classe A et BMW Série 1 affichent des tarifs similaires. Cependant, les facteurs évoqués ci-dessus offrent à la DS4 un positionnement différenciant et attractif, tout en ajoutant une dotation de série plus fournie.

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Combinant un style distinct avec une construction allemande (la production se passant à Russelsheim), la DS4 amène enfin une touche française au segment des compactes premium. Tout en cochant les cases obligatoires qui manquaient à ses aïeules. (finition, équipement, confort), elle se démarque suffisamment que pour se faire remarquer, et l’on ne peut qu’applaudir l’effort. La France est donc de retour. (Texte et photos: Emmanuel van den Brûle)

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