Si vous souhaitez fêter le centenaire de Mazda, il vous reste quelques semaines (jusqu’au 24 janvier prochain) pour vous rendre à Autoworld et vous replonger dans son glorieux passé, illustré par quelques voitures emblématiques… (Texte et photos: Dimitri Urbain)

Les débuts
En 1920, Jujiro Matsuda crée la Toyo Cork Kogyo Company Ltd à Hiroshima. Comme son nom l’indique, elle est spécialisée dans le liège (« cork » en anglais) et les produits dérivés. Trois ans plus tard, Tokyo est dévastée par un tremblement de terre. L’aide américaine est constituée de camions et autres véhicules utilitaires qu’il faut entretenir et réparer. Cet évènement marque le début d’une certaine démocratisation de l’automobile au pays du Soleil Levant. Dans la foulée, Matsuda diversifie ses activités et se lance dans la production de deux-roues à moteur deux temps. Au début des années 30 cette activité est devenue la principale pour la firme et dès ce moment, la production d’une automobile est envisagée.

Premier succès
En 1931, un petit utilitaire à 3 roues est mis en production : le Mazda DA. Matsuda adopte ce patronyme dérivé de celui d’Ahura Mazda, le dieu de la sagesse, de la lumière, de l’intelligence et de l’harmonie dans la mythologie perse. Aussi parce qu’en japonais, la prononciation est quasiment identique à celle de son nom… La seconde moitié des années trente et la décennie suivante seront marquées par nombre d’évènements tragiques : la guerre et ensuite le bombardement atomique d’Hiroshima, au cours duquel au moins 150.000 personnes perdent la vie. Les installations de Toyo Kogyo, situées à l’écart de la ville, sont épargnées et vont même servir d’hôpital de fortune pour les victimes. Le pays est exsangue et la reconstruction bat rapidement son plein. Dans ce contexte, Mazda tire son épingle du jeu grâce à ses petits utilitaires dont la fiabilité est, déjà, légendaire.

Passage de témoin
En 1951, Jujiro Matsuda cède la direction de l’entreprise à son fils Tsuneji. La production automobile à quatre roues ne débute réellement qu’en mai 1960, avec le lancement du coupé R360. Mazda vise juste en débutant dans la catégorie des « Kei cars ». Ces voitures de dimensions et cylindrée réduites n’exigent pas la possession d’une place de parking pour les acheter. Proche de la NSU Prinz de l’époque, c’est un succès : plus de 20.000 exemplaires sont produits la première année. La marque n’est encore qu’un poucet face aux Toyota et autres Nissan mais les choses vont évoluer rapidement…

Modernité et ouverture
Dès 1961, Mazda prend une licence du moteur rotatif développé par l’ingénieur allemand Felix Wankel pour NSU. La gamme se développe pour le marché national mais Mazda voit grand et va donc envisager d’exporter… Le raisonnement est simple : pour séduire une nouvelle clientèle, notamment en Europe, la technique et la fiabilité seules ne suffiront pas ; il faut aussi séduire. Pour ce faire, c’est Bertone qui entre en scène et signe les lignes de la Luce 1500, une berline de taille moyenne, aux antipodes des productions japonaises de cette époque.

La Cosmo Sport
Mazda marque les esprits lors du salon de Tokyo 1964: la marque y dévoile le coupé Cosmo Sport, première voiture au monde équipée d’un moteur birotor! Carburateur quadruple corps, double allumage, 491 cm3 de cylindrée par rotor et… une zone rouge à 7.000 tr/ min ! 4 ans seulement après avoir débuté comme constructeur automobile, Mazda frappe un grand coup. La mise au point prend du temps car Mazda ne veut pas que les clients essuient trop de plâtres; la commercialisation n’interviendra qu’à partir de juin 1967. Peu de temps après, la puissance grimpe à 128 ch et une boîte 5 rapports est adoptée en série. Certes, la production reste très limitée, avec 1.176 exemplaires seulement, jusqu’à son arrêt en 1972… mais la stratégie est payante, Mazda est connu et reconnu autant pour l’originalité que pour la qualité de ses produits. La conquête du monde peut commencer !

Exportation tous azimuts
Mazda débarque sur certains marchés européens dès 1967 ; aux USA deux ans plus tard. A cette époque les constructeurs japonais font encore rire et sourire… mais plus pour longtemps ! Très vite, la formule est gagnante pour Mazda : qualité de fabrication élevée, fiabilité hors pair, équipement hyper complet et… prix serrés assurent le succès de la marque. La crise du pétrole pousse la clientèle à se détourner des motorisations rotatives, plutôt gloutonnes en carburant… qu’à cela ne tienne, la marque se réinvente et sort très rapidement une gamme renouvelée : les 323 et 626, à partir de 1977, remportent un franc succès.

Développements techniques et rapprochements
Sans jamais abandonner le moteur rotatif, Mazda innove beaucoup dès les années 80 : moteurs multisoupapes, Diesel Comprex, roues arrière directrices, moteur à cycle Miller… et collabore avec Ford, qui détient une participation au capital de la firme depuis 1979. Par ailleurs, un partenariat avec Kia est également mis en place. En 1991, Mazda présente le plus petit V6 du monde : un 1845 cm3 qui développe 136 ch et est équipé du VRIS, pour « Variable Resonance Induction System », une tubulure d’admission avec des conduits de longueur variable qui améliore le couple en utilisant le phénomène de résonnance qui s’y produit lors de l’admission du mélange. Plus récemment, la marque a repris son indépendance.

L’inventivité technique, l’ADN de Mazda
Qu’il s’agisse du moteur rotatif, des moteurs à technologie SkyActiv, de l’hydrogène comme carburant, les ingénieurs maison ont, de tout temps, travaillé avec la même ferveur et la même passion afin de fiabiliser et populariser leurs idées originales. Quoi de mieux que la compétition afin de prouver la validité technique des choix posés ? Qu’il s’agisse des 24 H de Spa Francorchamps ou du Mans, Mazda s’y aligne et y brille. En Belgique dès 1969, avec les cinquième et sixième places des coupé R100 mais surtout en 1981 avec la RX7 : Tom Walkinshaw, Pierre Dieudonné et Marc Duez seront les artisans de cette victoire au classement général et en coupe du Roi. La même RX7 se couvre également de gloire en championnat IMSA, aux Etats- Unis, de 1980 à 1987, une suite de victoire sans précédent pour cette discipline.

Au Mans, Mazda s’aligne dès 1970, par l’entremise d’un équipage belge qui dispose d’une Chevron B16 à moteur rotatif. Pas de succès cette année-là, ni en 1973, 1974 et 1979 mais… Mazda est tenace ! La victoire sera enfin au rendez-vous en 1991, avec la 787. En rallye, la 323 4WD Turbo va également marquer les esprits, entre 1987 et 1991. Tant en groupe N qu’en groupe A, la 323 s’illustre sur différents terrains, des Mille Lacs au RAC en passant par la Nouvelle Zélande ou la Côte d’Ivoire. Mazda remporte le titre mondial en 1991, grâce à deux pilotes belges, Pascal Gaban et Grégoire de Mevius.

La MX5, un succès jamais démenti !
Voiture emblématique de la marque, la MX5 en est actuellement à sa quatrième génération. Elle est demeurée fidèle aux principes de base : légère, précise, maniable, elle n’est ni la plus puissante ni la plus rapide des voitures de sport mais le « Jinba Ittaï », l’osmose entre le pilote et sa machine sont tels qu’elle est unique dans la production automobile dans sa catégorie de prix. A ce jour, elle est le cabriolet le plus produit au monde.


Super reportage,très belle visite de cette chouette exposition ,c’est maintenant la seule manière pour moi de visiter Autoworld et le Cinquantenaire, depuis que les autos sont bannies de Bruxelles. Merci Dimitri Urbain. Philippe Gobbe de Mons