Avec ses 421 chevaux, la compacte énervée de la marque à l’étoile affole aussi bien les amateurs de sportivité que les adeptes du siège couché-casquette allongés bras tendus dans des voitures immatriculées à l’est où l’on ne reçoit jamais les contraventions. Deux mondes opposés qui font, quoiqu’il arrive, de la publicité au label d’Affalterbach. C’est évidemment la première catégorie de clientèle que nous tenterons de contenter aujourd’hui en essayant cette bombinette pendant une semaine. Ne serait-elle pas le nouveau « Hammer » du 21e siècle ?

A la fin des années 80, AMG commercialise une 300 CE motorisée par un V8 de 6.0 fort de 385 ch et 568 Nm… des chiffres stratosphérique à l’époque qui permettent à ce monstre, surnommé « Hammer » (marteau en allemand) d’atteindre les 300 km/h sur les autoroutes allemandes où les Dacia à 110 km/h n’occupaient pas la bande de gauche inutilement. Des performances qui amusent la Classe A45S qui sort 421 chevaux et 500 Nm d’un petit 4 cylindres 2.0 litres boosté par un turbo soufflant très fort. Certes, la vitesse maximale est limitée à 270 Km/h mais l’essentiel n’est pas là. Epaulée par un système à 4 roues motrices, elle ne recule devant aucun obstacle et avale les courbes avec appétit. Même si elle manque à nos yeux de body language*…

J’aime bien
Blanche et sans les différents appendices aérodynamiques disponibles en supplément, l’A45S mise à notre disposition par l’importateur nous convenait parfaitement. On a toujours préféré la discrétion lorsqu’on se déplace à bord de tels engins contrairement à la deuxième catégorie de gens citée dans notre introduction. L’habitacle est conforme à celui des Classe A bien plus sages et même s’il est parsemé de touches colorées, ce sont surtout les touches d’alcantara et de carbone qui lui apportent un surplus de personnalité. Des affichages spécifiques aux modèles AMG sont également proposés sur l’écran central mais également devant les yeux du conducteur. Enfin, les deux boutons de raccourcis présents sur le volant permettent d’adopter plus rapidement les réglages extrêmes des modes de conduite.

Plutôt malin
Un petit moulin gavé en air frais qui déménagé, cela donne la banane évidemment. On efface le moindre camion en un petit coup de gaz après avoir retapé un ou deux rapports, on profite de la vivacité de l’auto pour se dégager d’un convoi calé sur régulateur de vitesse sur les grands axes mais c’est évidemment dans les virages au cœur de l’Ardenne que l’AMG A45S démontre toute sa maîtrise. Pourtant, c’est probablement en mode familial que cette Mercedes nous a davantage épaté tellement son confort est bon. L’amortissement est logiquement typé ferme et les débattements sont courts, mais avec l’AMG Ride Control, il devient piloté et permet alors de conserver une belle progressivité en mode Confort. Un vrai point fort de cette berline compacte qui peut aussi faire oublier son pédigrée.

J’aime moins
Finalement, c’est dans un domaine où elle devrait exceller que la petite AMG nous a un peu déçu. Sur les routes tournicotantes de notre habituel parcours d’essai dynamique, totalement sec en cette fin d’été exceptionnellement clémente, l’A45S nous a… ennuyé. Un comble. Le problème est que son efficacité est tellement époustouflante qu’il faut pousser fort pour ressentir un peu de plaisir au volant. Avec les fossés et les arbres agrémentant notre tracé, pas question de dépasser nos propres limites. Ce qui fait que les pneus n’ont pas crissé une seule fois et que le train arrière est resté soudé comme jamais. Autant vous dire que si vous parvenez à faire décrocher les Michelin Pilot Sport S qui équipent l’auto, il sera probablement trop tard. Contrairement à une certaine Toyota GR Yaris réglée pour fournir davantage de fortes sensations au volant, l’AMG reste imperturbable et se révèle du coup ennuyeuse… à moins de disposer d’un circuit autour de sa propriété. On avait pourtant gardé un souvenir plus amusant de notre premier essai de la bête avant ce léger lifting mais les routes étaient sans doute plus grasses. Elle devrait révéler davantage de *langage corporel pour totalement nous séduire.

Pourquoi je l’achète
Une telle puissance pour un si petit moteur, cela reste tout bonnement exceptionnel. Jugez plutôt, avec ses 210,5 ch/litre de puissance spécifique, elle n’a guère d’équivalent dans la production actuelle. Cela pousse fort et tout le temps d’autant que la boîte de vitesses à 8 rapports, sans atteindre les passages instantanés des transmissions de course, propose des passages de vitesses très rapides même si nous aurions aimé des palettes au volant plus grandes. On l’a dit plus haut, le confort dans l’utilisation quotidienne de la voiture est particulièrement soigné et la consommation d’essence peut rester relativement maîtrisée aux alentours de 9,0 l/100 km, si vous ne profitez pas à tout moment de la mécanique. Sans être désagréable, la sonorité aurait pu être moins discrète mais la frontière est peut-être trop ténue entre discrétion et exagération à ce chapitre.

Pourquoi je ne l’achète pas
On l’a dit plus haut, il faut une solide maîtrise en pilotage pour pousser ce bolide dans ses derniers retranchements. Les limites d’adhérence sur le sec dépasse nos capacités dans le domaine et nous n’avons pas voulu abîmer ce bel objet. Facturé 75.000€ en prix de base, la facture monte vite si on se laisse tenter par quelques options essentielles ou accessoires. Et le cap des 100 briques est rapidement atteint. Il faudra donc un solide budget pour profiter de ce modèle d’accès à la gamme AMG. Sa masse de 1635 kg semblera trop importante aux puristes mais on peut rappeler que la dernière BMW M2 atteint 1800 kg alors qu’une Toyota GR Yaris est donnée pour 1310 kg… (Photos : Pierre Fontignies)

Au volant de la Mercedes A220d berline
Sage comme une image
Au même titre que la gamme AMG, la Classe A eu droit à un léger lifting de mi-carrière. Les retouches sont infimes mais elles permettront à la berline compacte du constructeur allemand de conserver un beau succès auprès d’un public averti. En effet, si vous avalez des kilomètres toute l’année et que vous souhaitez le faire dans un confort remarquable, vous ne pouvez pas passer à côté de la Mercedes A220d. Avec ses 190 ch et ses 400 Nm de couple, elle s’avère totalement adaptée à la conduite quotidienne et se montre particulièrement sobre en termes de consommation de Diesel. La sonorité de celui-ci à froid n’est pas discrète mais il faut dire que les essais de plus en plus fréquents de voitures électrifiées font encore davantage ressortir ce défaut somme toute momentané des moteurs thermiques. La boîte de vitesses n’est pas non plus exempte de défauts à cause d’un manque criant de réactivité notamment lorsqu’il s’agit de prendre un peu d’élan pour dégager rapidement un rond -point ou pour quitter un emplacement de parking. Mais on finit par s’y conformer en anticipant davantage ce manque de répondant au démarrage. Pour le reste, la qualité des matériaux et la finition est plutôt bonne surtout lorsqu’elle est siglée AMG comme dans notre voiture d’essai. Les aides à la conduite et les assistants de sécurité sont utiles sans se montrer trop envahissants ce qui nous convient parfaitement. Et si on continue à préférer la hauteur d’une berline classique comme celle-ci, elle aurait pu se montrer un rien plus haute pour éviter pas mal d’embuches typiquement belges comme certains accès trop hauts, des trous trop profonds ou encore des gendarmes couchés casse-bagnoles…
