Si le nouveau SUV de la marque au losange est chargé de prendre la succession du Kadjar, il doit aussi assumer la disparition de l’Espace du catalogue. Pour cela il se dote de quelques solides atouts à commencer par des lignes sobres et costaudes, un habitacle totalement modernisé et des motorisations hybrides inévitablement dans l’air du temps. Mais sur la route, ça dit quoi?

Extérieurement, l’Austral ne casse pas trois pattes à un canard mais lorsqu’on voit les dérives récentes de certaines marques allemandes, on se félicite du choix d’un classicisme assumé par Renault. L’ensemble est plutôt harmonieux en donnant un sentiment de solidité musclée affirmé par les grandes roues de 20 pouces. La signature lumineuse en forme de C propre aux modèles Renault est bien évidemment présente sur la face avant alors qu’à l’arrière, ce sont également des LED à technologie micro-optiques qui assurent la cohérence de l’ensemble. Les véhicules que nous avons pu essayer étaient tous en finition Esprit Alpine, une nouveauté un peu discutable qui nous rappelle la finition Gordini proposée il y a quelques années. Une nouvelle fois, il n’est pas question de sportivité mais d’un emballage soigné qui se traduit par une teinte grise satin du plus bel effet alors que le toit est noir. Des jantes lui sont spécifiquement réservée alors que quelques détails extérieurs lui sont également spécifiques.

Habitacle apaisant
Lorsqu’on s’installe à bord du nouvel Austral, on ne doit pas s’assurer de disposer d’un diplôme d’aptitude Geek pour s’en sortir avec les écrans. On retrouve avec plaisir l’écran OpenR que nous avions découvert avec plaisir dans la Mégane E-Tech. Mariant deux écrans numériques “en L” de taille généreuse (12″3 pour le compteur et 9 ou 12″ selon la finition pour l’écran central tactile), l’ensemble est original et préserve l’ergonomie en conservant de vrais boutons comme pour les commandes de la climatisation. Largement personnalisable, l’affichage du tableau de bord propose cinq menus : consommation, pression des pneus, données du trajet, éco-moniteur ou encore musique, ainsi que huit coloris. Vous l’aurez compris, le Renault Austral se distingue face à de nombreux concurrents et en plus, la présentation de l’ensemble est soignée tant du côté des matériaux que des assemblages (il faut dire que notre modèle d’essai, le haut de gamme Iconic Esprit Alpine, est habillé d’Alcantara), confirmant que les leçons du timide succès du Kadjar ont été retenues. La version alpinisée propose également des surpiqûres Bleu Alpine, un logo brodé sur les appuie-têtes et un discret drapeau bleu/blanc/rouge inséré dans les coutures latérales intérieures. Un volant en cuir Nappa avec inserts en Alcantara est également surligné de bleu. Renault insiste encore sur le repose-main coulissant placé sur la console centrale à l’intérêt relatif à nos yeux. Par contre, la banquette arrière coulissante sur 16 cm et le dossier à l’inclinaison réglable proposés aux occupants des places arrière est un réel point fort de l’Austral. Le volume de chargement varie de 575 à 1525 dm³.

Sous le capot, un moteur !
Amis de mécanique, souriez ! L’Austral n’est proposé qu’avec des motorisations thermiques, électrifiées bien évidemment. Ainsi, un tout nouveau 3 cylindres 1.2 nous arrive, mixé avec deux technologies. En entrée de gamme, on retrouve celui-ci qui s’associe à une batterie 48V et à un alterno-démarreur qui assiste le moteur dans ses phases les plus consommatrices d’énergie; au démarrage et à l’accélération. Il dispose de 130 ch pour un couple de 230 Nm alors qu’il ne dispose due d’une boîte manuelle. Au-dessus, on peut opter pour le 4 cylindres 1.3 faiblement hybridé puisqu’il n’est associé qu’à une batterie 12V et est assisté, lui aussi, par un alterno-démarreur. Développé à l’époque avec Daimler, il dispose de 160 ch et 270 Nm de couple alors que sa transmission automatique est une CVT à 7 rapports (fictifs). Enfin, la version la plus performante est une véritable hybride auto-rechargeable qui reprend le nouveau 1.2 essence à 3 cylindres associé à un moteur électrique plus puissant et plus coupleux (50 kW et 205 Nm) que ce que l’on connaissait jusqu’ici chez Renault. La transmission est inédite puisque cette boîte de vitesses intelligente qui combine deux rapports pour le moteur électrique principal et quatre rapports pour le moteur thermique. Forte de 15 combinaisons, cette boîte de vitesses progresserait en termes de capacité de couple (jusqu’à 410 Nm contre 350 pour la première génération), de puissance, de rendement et d’agrément. Proposée en 200 ch, cette motorisation E-Tech full hybrid signerait un 80 à 120 km/h en seulement 5″6 grâce à son couple de 350 Nm. Enfin, l’Austral se dote de 32 aides à la conduite que l’on peut répartir en 3 catégories: conduite, stationnement et sécurité.

Au trot plus souvent qu’au galop
Nous l’avons dit plus haut, c’est cette version de 200 ch en finition Esprit Alpine qui était mise à notre disposition lors de ces 150 premiers kilomètres d’essai. Contrairement à certains collègues, on ne s’est pas laissé gruger par les logos disséminés dans et autour de ce SUV. De sportivité, il n’est nullement question. Certes, l’Austral ne traîne pas en route et se montre serein en toutes circonstances mais il faut néanmoins y réfléchir à deux fois avant de se lancer dans un dépassement. D’autant qu’un trou à l’accélération nous a intrigué durant cette découverte. Le genre de détail qui accapare l’esprit tortueux d’un journaliste sans être que sûr que le conducteur lambda s’en rendra compte. Au rythme où les automobilistes apathiques se déplacent de nos jours, concentrés qu’ils sont sur l’écran de leur smartphone, on doute qu’ils pestent un jour contre ce manque de réactivité du système lorsqu’il doit passer du mode balade au mode puissance d’un coup d’accélérateur. Selon nos interlocuteurs du jour, cette lacune devrait disparaître sur les premiers exemplaires puisqu’il ne s’agirait que d’un algorithme a modifier pour qu’il privilégie le mode dynamique au mode eco. En parlant de modes, nos SUV d’essai proposait également le fameux Multi-Sense Adavanced offrant trois modes de conduite programmés et un personnalisable. Si le mode Eco est vraiment trop paresseux, on n’a pas noté trop de différences entre les modes Comfort et Sport mais nous aurions probablement été les premiers à grogner si la dureté du volant avait été plus excessive… jamais contents ces journaleux!

Agilité bluffante
Autre option équipant notre version haut de gamme, le 4Control Advanced est un système à quatre roues directrices de troisième génération très abouti, qui améliore le contact entre les roues et la route grâce à un train arrière qui lui est spécifique. Mais qui permet surtout de tourner dans un mouchoir de poche à la manière d’une… Clio. Démonstration oblige, nous avons pu le constater nous-même, le Kadjar essayé nous obligeant à faire une marche arrière dans l’épingle empruntée alors que l’Austral s’en est sorti d’une traite. Pour le reste, le confort est ferme mais pas moins bon et on avale les kilomètres en toute sérénité. Les équipements de sécurité ne sont pas trop intrusifs et se coup via de simples boutons disséminés sur le tableau de bord (à gauche du conducteur) ou au volant. Les sièges de nos version hautes étaient évidemment des plus seyant et même aux places arrière, on bénéficie d’un agrément indubitable. Au rayon des tarifs, cela démarre, en Belgique, à 31.800€ tvac (mild hybrid 130 ch BVM finition Equilibre) et cela va jusqu’à 44.200€ (Iconic Esprit Alpine 200 ch BVA) en passant par, entre autres, le MHEV 160 BVA finition Techno à 35.400€.

On ne vous a pas parlé de consommation parce qu’il est toujours difficile de s’y fier sur des routes inconnues mais nous étions aux alentours des 6,4 l/100 km, sans avoir réellement cherché l’économie. En attendant de pouvoir le tester sur nos routes habituelles, on peut déjà affirmer que l’Austral est un excellent produit joliment dessiné et avec un degré de finition qui séduira tout le monde même s’il traîne, comme toujours, des plastiques plus durs dans le bas de l’habitacle. Son système hybride est parfaitement à la page et offre des sensations de conduite agréables malgré un trou à l’accélération perturbant, de temps à autre, nos dépassements. Mais cela devrait être résolu très vite. Enfin, autre bonne nouvelle, Renault annonce des délais de livraison tout à fait raisonnables dans les deux à trois mois…
