Jusqu’à présent, Volvo avait placé toute son expertise de l’électrique dans son label haut de gamme Polestar. Mais en annonçant l’électrification complète de sa gamme pour 2030, la marque suédoise doit passer à la vitesse supérieure. Et c’est visiblement ce qu’elle fait puisqu’elle présentera un modèle électrique par an dans les 5 prochaines années. En débutant par cette C40 construite, cocorico, dans nos usines gantoises…

Extérieurement, cette Volvo 100% électrique ne révolutionne pas les codes actuels de la marque nordique en misant, une nouvelle fois, sur des formes rectangulaires donnant un sentiment de solidité. Placée à côté d’un XC40, la C40 ne cache pas son inspiration puisqu’elle lui ressemble jusqu’au montant central à partir duquel sa ligne de toit s’abaisse fortement pour lui donner une allure plus dynamique. La taille des portières arrière est logiquement réduite et la C40 perd 6,5 cm en hauteur mais elle s’allonge de 1,5 cm alors que son empattement est semblable à celui du XC40 (2,7m). On notera le dessin très travaillé du béquet arrière et des feux, joliment tracés. Le toit panoramique fixe est standard mais il n’y a plus de volet occultant à l’intérieur. Le coffre propose 490 litres de volume de chargement et il y a également un rangement de 31 litres sous le capot avant.

Végétal et recyclable
Dans l’habitacle, l’environnement est typé puisqu’on y retrouve les lignes épurées chères à Volvo alors que la planche de bord est empruntée, logiquement au XC40. On y découvre du plastique recyclé et, pour cette version de lancement, une moquette et des contreportes conçus à partir de bouteilles recyclées de teinte bleue très datée année 70, voire Pays de l’Est. Mais cela n’est qu’une question de goût bien sûr. Enfin, le cuir végétal fait parfaitement illusion sachant que le doux parfum de la véritable peau est malheureusement absent des habitacles depuis belle lurette. Les écrans digitaux sont de taille respectable et profitent d’une nouvelle installation fournie par Google, qui n’a pas toujours fonctionné de manière suffisamment rapide lors de notre bref essai.

Terminons ce tour du propriétaire en signalant que les places arrière sont particulièrement généreuses sauf pour l’occupant de la place centrale qui doit composer avec un tunnel de transmission imposant. Les espaces de rangement intérieurs sont plutôt bien disposés et généreusement dimensionnés. Un enfoncement de chargement par induction pour le téléphone est évidemment proposé de série. Gros bémol sur la vision vers l’arrière à travers une lunette réduite aux dimensions d’une meurtrière. Il faudra s’habituer à n’utiliser que les rétroviseurs extérieurs lors des changements de bande par exemple.

Ça se gâte…
Comme le veut une certaine habitude chez les électriques, c’est la version la plus puissante qui est commercialisée dans un premier temps avant l’arrivée d’une version à moteur unique de 265 ch pour le printemps prochain. Grâce à ses deux moteurs électriques implantés sur chaque essieu, la C40 dispose d’une puissance impressionnante de 408 ch pour un couple de 660 Nm. Une combinaison que l’on retrouve dans les entrailles du XC40 T8 Recharge. Ces unités électriques fournies par Valeo-Siemens, sont alimentées par une batterie de 78 kWh brut (75 kWh net) leur permettant de prétendre à une autonomie de 424 km. Une fois installé dans un siège confortable mais à l’appui-tête trop avancé, une mauvaise habitude chez les Scandinaves, on cherche en vain le bouton de démarrage. Il suffit d’appuyer sur la pédale de frein et de placer le levier sur D ou R pour faire bouger la C40. C’est encore plus perturbant lorsqu’on quitte la voiture après avoir, bien évidemment, appuyé sur le bouton P de stationnement.

Les premiers kilomètres permettent d’emblée de souligner l’insonorisation de l’ensemble et les remontées plutôt discrètes des trains roulants. Ce sont eux qui habituellement perturbent la quiétude des engins électriques mais ici, force est de constater que Volvo a particulièrement soigné ce chapitre. Sur l’autoroute, on dispose de suffisamment de couple et de puissance pour effacer, d’un coup d’accélérateur un importun qui nous empêche d’avancer au rythme souhaité. Malheureusement, le tableau se gâte une fois que l’on envisage d’exploiter davantage la puissance disponible. Collés au siège lors de nos premières accélérations (0 à 100 km/h annoncé en 4,7 sec), nous abordons les premières courbes avec optimisme et très vite, les 2,2 tonnes de la Volvo C40 nous rappellent à l’ordre et nous obligent à aborder les virages sur un rythme bien plus lent qu’espéré. Tout velléité dynamique est immédiatement sanctionnée par un roulis inopportun alors que le freinage semble manquer de consistance. Quel gâchis!

Dans la moyenne
Et profiter de la puissance se paye immédiatement en termes d’autonomie. Durant ce bref essai, nous avons relevé une consommation moyenne de 24 kWh, ce qui est plutôt élevé et fait dégringoler l’autonomie aux environs de 320 km. Il existe heureusement, une récupération qui s’effectue uniquement à la décélération ou avec la fonction e-pedal et qui permet de s’arrêter totalement en n’utilisant que la seule pédale d’accélération. Enclenchable à partir de l’écran central, ce freinage est puissant mais pas violent. Au moment de la recharge, la C40 ne peut supporter que 11 kW en courant alternatif, soit un temps de recharge de 8h. En courant continu, elle ne propose qu’une charge maximale de 150 kW mais l’on passe tout de même de 10 à 80 % de la batterie chargée en 37 min. Reste à parler du prix. Affichée à 62.150€, la C40 est indubitablement chère pour l’automobiliste moyen même si, selon Volvo, un XC40 T5 Recharge doté des mêmes équipements revient à 61.389€ pour seulement deux roues motrices et 262 ch.

Il est évident que rouler ainsi, quelques heures à bord d’un véhicule électrique est assez plaisant. On accélère comme bon nous semble et on profite pleinement de sa puissance, de son confort et de son caractère innovant sans se soucier de son autonomie. Pourtant, on ne peut éviter de se montrer interpellés. Alors que bon nombre de nos connaissances nous disent, depuis très longtemps, qu’il est désormais impossible de profiter d’une voiture sportive, Volvo et d’autres proposent des véhicules électriques aux puissances indécentes et qu’il est impossible d’exploiter là où on le pourrait encore, sur quelques routes oubliées de notre petit royaume, à cause d’une masse répréhensible et d’une tenue de route inadaptée… Drôle de paradoxe.

Construite en Belgique !
C’est dans les 590.000m² de l’usine de Gand que la Volvo C40 sera construite. Une usine qui emploie 6.500 travailleurs et qui produit 3 modèles: XC40, V60 et C40 à raison de 1000 voitures/jour. Ainsi, en 2020, il s’est construit 194.890 Volvo en Belgique dont 94% sont parties à l’exportation. Le hall destiné à l’assemblage des batteries a été inauguré en 2019 et en 2022, plus de la moitié des installations construira des modèles électriques et devrait atteindre un volume de 135.000 modèles assemblés dont 55.000 C40. Comme d’autres constructeurs, Volvo vise à limiter au maximum ses rejets de CO² et a misé sur de nombreuses technologies pour réduire son empreinte carbone à l’image de l’utilisation toute récente d’hydrogène pour produire une partie de son énergie.

Bref essai: Volvo XC60 Recharge T8 AWD
Volvo a encore amélioré son système Plug-in Hybride installé dans ses XC60 et XC90. Il nous sera difficile d’en mesurer la portée après un trop bref essai mais sachez qu’ils disposent désormais d’une batterie agrandie et que leur autonomie, en conduite 100% électrique, passerait de 50 à 90 km grâce à une troisième couche de cellules augmentant l'énergie nominale de 11,6 kWh à 18,8 kWh et à un moteur électrique arrière plus puissant délivrant 145 ch. Les Recharge T6 disposent de 350 ch et les Recharge T8 en proposent 455! On peut désormais profiter, là aussi, du système one pedal drive si cher aux VE. Chez Volvo, on espère ainsi convaincre les derniers irréductibles à opter définitivement pour un véhicule électrique lors d’un futur achat… mais également les gestionnaires de flotte en leur proposant des normes de rejets de CO² enfin adaptées aux taxations en vigueur.

on a pas la meme definition de “proletaire” a ce niveau de prix