Pour la première fois depuis 1974, Ferrari revient au V6. La toute nouvelle Berlinetta 296 hybride plug in qui l’étrenne et offre plus de 800 chevaux! Elle est autant ancrée dans la tradition qu’orientée vers un avenir électrique…

V6 et électrique
Maranello vient de dévoiler les lignes et données techniques de la nouvelle 296 GTB, connue jusqu’alors comme Progetto F171. Elle est en fait la première Ferrari électrique « abordable », après les ultra sportives SF 90 Stradale et LaFerrari. Celle-ci a inauguré l’électrification de la gamme mais se contentait d’un système de récupération de l’énergie cinétique, il ne s’agissait pas d’une hybride au sens classique du terme, avec une combinaison de moteurs thermique et électrique.

Le patronyme “296” fait également référence à la cylindrée du moteur six cylindres (2992 cm3) tandis que la désignation Berlinetta, biplace à moteur central arrière, relie la nouvelle venue à une tradition maison datant du milieu des années 50. Elle remplacera la F8 Tributo sur les chaines de production en 2022, une fois tous les clients livrés. En repassant d’une motorisation V8 à un V6, Ferrari suit également une nouvelle tendance au downsizing des supercars inaugurée par McLaren, tout en offrant des chiffres de puissance encore plus élevés!

Configuration historique
Ferrari réalise une première voiture V6 à moteur central arrière dès 1961: la 156 de Formule 1 permet d’ailleurs à la marque de décrocher son premier titre des constructeurs.

De son côté, la 246 SP s’est adjugée la Targa Florio cette année-là et la suivante. Plus près de nous, la F1 126 CK est la première de la marque à être équipée de turbos situés au centre du V. Son évolution, la 126C2 s’adjuge le titre mondial de F1 en 1982. Depuis 2014, le V6 turbo est d’ailleurs devenu la règle en F1.

Du côté des voitures civiles, Ferrari a commercialisé une berlinette V6, la Dino 246, de 1969 à 1973 (du prénom du fils du Commendatore, décédé en 1956). Ce moteur s’est également retrouvé sous le capot des Fiat… Dino, coupé et cabriolet, ainsi que sous celui de la Lancia Stratos, championne du monde des rallyes de 1974 à 1976.

Ce nouveau V6 de 3 litres fait partie de la famille de moteurs F163. Il est équipé de deux turbocompresseurs et produit 663 ch à 8.000 tr/ min, soit 221 ch/ litre, un nouveau record pour une voiture de série. Le couple cumulé s’établit, lui, à… 740 Nm. Les turbos sont montés entre les deux bancs de cylindres en V à 120°: ce montage compact réduit le poids du moteur tout en abaissant son centre de gravité. Le grand angle d’ouverture permet un tel montage, tout en diminuant la distance que le mélange doit parcourir pour atteindre les chambres de combustion.

Une grande noblesse…
Malgré sa suralimentation et sa relative petite taille, le V6 chante, selon Ferrari, comme un V12 ! En effet, il produirait la même harmonique que les notes hautes fréquences d’un V12 atmosphérique. Raison pour laquelle les ingénieurs maison l’auraient d’ailleurs surnommé piccolo V12, à cause de son bruit caractéristique et de son potentiel de performances. Le son du moteur est récupéré en amont du catalyseur et du filtre à particules pour être redirigé vers l’habitacle.

Avec une zone rouge est placée à 8500 tr/ min, tout comme sur la 812 Superfast, Ferrari privilégie le plaisir de conduire: les réactions sont immédiates une fois la pédale de droite enfoncée. Le V6 est accouplé à un moteur électrique, à double rotor et simple stator, dénommé « MGU-K ». Il est monté à l’arrière, pour la première fois sur une Ferrari hybride, entre la boîte séquentielle à double embrayage 8 rapports et le moteur thermique.

Les deux moteurs communiquent via un actionneur TMA, qui permet une utilisation cumulée ou de privilégier uniquement la propulsion électrique… pour 25 km maximum. Pour sa part, il produit 164 ch, afin de faire grimper la puissance totale à 819 ch. Soit une bonne centaine de plus que sur la F8 tributo à moteur V8… Afin d’optimiser la répartition des masses, la batterie est située sous la voiture et a une capacité de 7,45 kWh.

Très hautes performances
La vitesse maximale est de 330 km/h, avec un 0 à 100 km/h effacé en 2,9 secondes tandis que le 0 à 200 ne demande qu’un peu plus de 7 secondes seulement. L’engin mesure 4,56 m de long pour 1,95m de large et 1,18 m de haut, avec un empattement de 2,60 m et pèse 1485 kg en version de base ou 1470 en version Assetto Fiorano. Les premières voitures seront livrées au printemps 2022, avec des tarifs débutant à partir de 269.000 € en Italie ou, pour la version plus orientée circuit et dénommée Assetto Fiorano, à partir de 302.000 €. Dans ce cas, la voiture est allégée de… 15 kg, par le montage d’éléments de carrosserie en carbone. A ce tarif, chaque kilo en moins vous sera quand même facturé 2.200 € ! La suspension sera réglable et les pneus homologués des Michelin Sport Cup 2R. (Texte: Dimitri Urbain)
