La version électrifiée du SUV italien adopte les mêmes recettes que le cousin américain dont il dérive, le Jeep Compass, qui propose lui aussi ses versions hybrides rechargeables pour s’adapter au marché européen plus intégriste qu’Elon Musk en matière de voitures électriques. Son bel emballage et son intérieur soigné lui permettront-ils d’aligner suffisamment les chiffres de vente pour remettre la marque dans le vert ?

Réussie esthétiquement, l’Alfa Romeo Tonale peut désormais s’appuyer sur cette version rechargeable qui associe un moteur électrique de 122 ch (90 kW) au 1.3 essence turbo fort de 180 ch. De quoi proposer une puissance combinée de 280 ch supérieure aux 240 des Jeep Compass et Renegade par la volonté de Jean-Philippe Imperato qui souhaitait que l’Alfa se distingue de ses cousines américaines. Il a fallu implanter une batterie plus volumineuse et plus lourde ce qui porte malheureusement la masse totale à 1835 kg soit 200 de plus que les versions 100% thermiques. Heureusement que ce PHEV peut compter sur ses 4 roues motrices pour aborder les virages sans trop d’appréhensions. Théoriquement, le moteur électrique peut fonctionner seul sur 53 km en ville et 48 km sur route après une charge de 2 h 30 sur une Wallbox 7,4 kW (7 heures sur une prise domestique). Nous verrons plus loin ce qu’il en est réellement de cette autonomie.

J’aime bien
Séduisante, l’Alfa Romeo Tonale l’est également à l’intérieur avec un habitacle au caractère indubitablement latin. Même si elle est passée au tout digital, la Tonale conserve des cadrans ronds devant le conducteur qui peut également profiter d’un joli volant à la jante épaisse. Les palettes en aluminium de la boîte automatique, placées derrière le volant, demeurent à nos yeux les mieux conçues même si elles entravent l’accès aux levier des clignoteurs et des essuie-glace. Pour le reste, on retrouve l’habituel écran central du tableau de bord qui se manie de manière tactile mais il reste heureusement quelques touches en dessous pour contrôler la climatisation et les sièges chauffants entre autres. Les places arrière sont acceptablement habitables mais c’est surtout le volume du coffre qui souffre de l’implantation d’une grosse batterie puisqu’il passe de 500 à 385 litres. Enfin, la qualité des matériaux est assez bonne avec des plastiques moussés au sommet du tableau de bord et de jolies touches de chrome disposées un peu partout.

Plutôt malin
La version la plus puissante de la gamme offre logiquement le meilleur agrément sur la route malgré sa masse. Grâce à ses quatre roues motrices, on se déplace en toute sécurité, quelle que soit la météo, et l’on peut profiter du système DNA pour augmenter le dynamisme du comportement en raffermissant les suspensions et offre un répondant plus rapide à l’accélération. Du côté de la direction, cela reste malheureusement trop peu précis à notre goût alors que le freinage ne se montre pas non plus sans défaut à cause d’un ressenti trop peu naturel. Vous l’aurez compris, malgré les 280 ch annoncés, cette Tonale PHEV n’a rien de sportif. Qu’on se le dise.

J’aime moins
Finalement, ce qui nous déçoit le plus, c’est l’autonomie en mode 100% électrique par rapport aux sacrifices que cette grosse batterie a impliqué. Certes, l’ordinateur de bord annonce 60 km au départ, batterie pleine mais on a rapidement le sentiment que l’autonomie baisse rapidement si l’air conditionné est allumé ou si l’on roule majoritairement sur des quatre bandes. Quoiqu’il en soit, le jeu consiste encore et toujours à recharger le plus souvent possible les batteries pour rendre visite le moins souvent possible à la station-service. D’autant qu’une fois l’énergie électrique avalée, la consommation s’envole vers les 8 l/100 km… A l’issue de nos 350 km d’essai, notre consommation s’est chiffrée à 5,8 l/100 km.

Pourquoi je l’achète
Certes, les hybrides rechargeables ne bénéficient pus des avantages fiscaux à 100% mais elles demeurent une solution alternative au 100% thermique et l’occasion pour beaucoup de découvrir les joies de brancher une prise à sa voiture par tous les temps. Avec la Tonale PHEV, Alfa Romeo espère élargir le spectre de sa clientèle et retrouver des couleurs notamment sur le marché des véhicules de société. Ses lignes extérieures font l’unanimité et on la préfère davantage dans des couleurs modernes comme le Verde Montreal ou le Blu Misano mais les goûts et les couleurs… Ajoutons que la boîte de vitesses est parfaitement adaptée à la mécanique et que les changements de mode de propulsion sont des plus discrets ce qui n’est pas toujours le cas chez la concurrence. Le confort est d’ailleurs l’un des points forts de ce SUV de segment C, qu’il s’agisse des trains roulants ou de l’insonorisation.

Pourquoi je ne l’achète pas
Affichée à 55.500€ dans la finition Veloce la plus huppée, la Tonale PHEV exige 11.250€ de plus que les versions thermiques ce qui n’est pas rien. Un sacrifice financier qui n’est envisageable que pour des sociétés. Sur la route, la Tonale a bien du mal à offrir l’habituel ressenti sportif des Giulia et même Stelvio. On sent que la base américaine est bien là. Et ce ne sont pas les 280 chevaux théoriques qui viendront consoler les déçus. Cela dit, la nouvelle orientation prise par la marque au sein du groupe Stellantis pourrait attirer des clients inédits et c’est peut-être tout ce qui compte ici.
