AC Cobra Le Mans : exit le V8 ! par Dimitri Urbain

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39 PH est la seule Cobra qui termine les 24 Heures du Mans en 1963. Sont ici bien visibles les jantes Dunlop monobloc en magnésium, le fameux hard top en aluminium et la prise d’air sur le capot

L’une des plus emblématiques voitures de sport anglaises revient… avec motorisation électrique ! L’AC Cobra, l’une des voitures les plus copiées au monde,  avec la Porsche Speedster des années 50 mais la vraie, l’originale est toujours disponible ! La marque va faire revivre une très éphémère version Le Mans de 1963. (Par Dimitri Urbain)

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645 CGT ne terminera pas la course, sur casse moteur. La pose du hard top a considérablement diminué l’ouverture du coffre arrière et nécessité le déplacement de la goulotte de remplissage du réservoir en hauteur.

Des années 50 à 70, Les 24 Heures du Mans sont l’une des courses les plus suivies, l’une de celles ayant le plus d’impact sur le grand public. Nombre de constructeurs, bien établis ou pas, s’y sont pris au jeu. Parmi toutes ces marques, AC n’a pas brillé autant que d’autres marques mais peu importe, près de soixante ans plus tard, les 24 Heures restent un évènement marquant dans l’histoire de ce constructeur. Pour la trente et unième édition de l’épreuve, AC prépare deux voitures : l’une immatriculée « 39PH » et l’autre « 645 CGT ». il s’agit de roadsters Cobra, avec une carrosserie élargie pour les roues, des prises d’air… et un hard-top ! Réalisé en aluminium, il est censé améliorer l’aérodynamique des Cobra face aux redoutables Ferrari GTO. La goulotte de remplissage est déplacée au-dessus de la lunette arrière et l’ouverture du coffre en devient très symbolique.

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Histoire de gagner encore l’un ou l’autre km/h en vitesse de pointe, l’ouverture de la calandre a été équipée d’un appendice.

Par ailleurs, des jantes Dunlop, un freinage renforcé, ainsi qu’un réservoir de 140 litres complètent la préparation. « 645 CGT » est blanche avec des bandes bleues. Elle est confiée à l’équipage américano- britannique Ed Hugus-  Peter Jopp. Qualifiée en 24ème position, elle pointe en onzième position après 5 heures de course. Vers 1h du matin, alors en treizième position, elle perd de l’huile et le moteur casse, mettant ainsi un terme à cette aventure. L’autre voiture, verte, est confiée aux pilotes britanniques Peter Bolton et Ninian Sanderson, termine honorablement à la septième place, derrière… six Ferrari et à 29 tours de l’équipage vainqueur, Bandini et Scarfiotti, sur Ferrari 250 P. A l’aune de ce succès très mitigé, AC retournera en terres mancelles l’année suivante mais… sans rencontrer plus de succès. A la différence de Carroll Shelby qui y aligne un coupé Daytona (réalisé à 6 exemplaires en 1964-65) qui termine en quatrième position, là aussi derrière l’insolente domination de Ferrari.

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39 PH lors d’un arrêt au stand. Le hard top a été conçu afin de mieux lutter contre les Ferrari GTO dans les Hunaudières. Par ailleurs, équipées de freins Dunlop, les AC ont un léger avantage sur les italiennes… mais il ne sera pas décisif puisque ce sont pas moins de six Ferrari qui se placent devant l’AC au classement général 1963.

AC Cobra Le Mans electric

Depuis la fin des années 90, il est possible d’acheter une reproduction ultra fidèle de Cobra originale à carrosserie en aluminium. La firme AC Heritage les assemble à la main près du mythique circuit de Brooklands, en Grande Bretagne. AC va produire une nouvelle série de douze voitures, recréées sur base des voitures d’usine du Mans 1963. Six voitures sont recréées à l’image de chacune d’entre elles. Les « nouvelles » voitures auront un numéro de châssis portant un nouveau et unique préfixe, en plus de leur numéro de production.

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Une belle photo d’ambiance au stand, avec l’équipe d’usine AC au complet. Après avoir pointé en onzième position, la n°4 finira par abandonner, sur casse moteur, à quelques heures de l’arrivée.

Ces nouvelles voitures utiliseront bien entendu des carrosseries réalisées à la main, formées sur les gabarits d’époque par de véritables artistes, virtuose du marteau à planer. Cependant, pour la version 2021, AC voulait innover et apporter une touche de modernité. C’est pourquoi le constructeur s’est associé à Falcon Electric, basée à Derby. Cette société propose à ses clients de rendre des véhicules électriques plus passionnants que ça n’en aurait l’air au premier abord… notamment d’adapter des véhicules anciens à la propulsion électrique. Dans le cas des AC Cobra « continuation » du Mans, la puissance est au rendez-vous avec pas loin de… 460 kW et un couple de… 1.000 Nm !

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39 PH est actuellement rouge, après avoir connu une longue carrière en compétition. Elle est actuellement en vente chez un spécialiste britannique.

Ce qui devrait garantir des accélérations de très bon niveau, à la hauteur de la version d’époque mue par un V8 Ford. Là où les choses sont moins attirantes, c’est du côté de l’autonomie, limitée aux environ de… 180 km ! En effet, il n’y a pas énormément de place pour aller caser une batterie encombrante et lourde dans une Cobra…dont le poids devrait néanmoins rester inférieur à 1250 kg. Des essais de puissance, vitesse et endurance auront lieu les douze et treize juin prochains sur le circuit du Mans et ce sera le moment et le lieu approprié pour fêter ces deux voitures uniques. Chaque voiture sera commercialisée au prix de 666.000 € plus TVA !

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Instrumentation complète avec identification de tous les interrupteurs, volant bois et alu à jante fine… de quoi se sentir immédiatement plongé dans les sixties ! La taille de la montre, tout en bas, n’est absolument pas anodine : le temps au Mans, c’est souvent ce qui détermine une victoire et permet de rouler avec régularité pour ménager la voiture.

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