Stellantis, planche de salut pour Lancia, Alfa et Maserati ? par Dimitri Urbain

Lancia ne propose plus qu’un seul modèle, l’Ypsilon, et uniquement sur le marché italien. La gamme Alfa vient encore de se réduire avec la disparition de la Giulietta ; il ne reste désormais plus que la Giulia et le Stelvio pour les amateurs du Biscione. Après des années et des années de promesses, de plans de relance, d’investissements prévus, de gammes annoncées , le tout jamais matérialisé, la fusion entre FCA et le groupe PSA va-t-elle enfin être porteuse d’avenir pour les marques italiennes ? Fiat va-t-elle en bénéficier également ? (Texte: Dimitri Urbain)

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La plateforme CMP de Peugeot va être mise à la sauce italienne : Alfa Romeo, Lancia et, bien entendu, Fiat devraient l’utiliser. Ce qui permettra de diminuer le coût d’étude et de revient de différents modèles « de niche » alors que les volumes critiques sont déjà assurés par Peugeot, Citroën, DS et Opel-Vauxhall.

Carlos Tavarès a bien insisté récemment sur le maintien des capacités de production en Italie. La galaxie Stellantis devrait permettre à ces dernières d’augmenter leur efficacité et leur rentabilité, avec des synergies et des économies d’échelle sur des volumes plus importants. Ce qui devrait rassurer travailleurs, syndicats et équipementiers locaux. Et permettre de développer de nouveau modèles, avec une plus  grande certitude quant à leur business plan.

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Le Tonale Alfa Romeo devrait enfin voir le jour, avec un design très proche du prototype présenté en 2019 au Salon de Genève (photo: B. Lays). Il reprend les canons stylistiques de la marque, adaptés à un petit SUV, tout en proposant des équipement dernier cri et au moins une motorisation électrique, qui fait cruellement défaut chez FCA pour le moment.

Pôle luxe

Il s’est également attardé à rappeler qu’il tenait à ce que les marques de luxe du groupe, Maserati, Alfa Romeo et Lancia soient soutenues afin de développer leurs parts de marché. Gage de cet engagement, c’est désormais l’ancien patron de Peugeot, Jean-Philippe Imparato, tout auréolé de son succès auprès de la marque au lion, qui préside aux destinées d’Alfa Romeo. Pas encore de détails sur l’avenir de Maserati, marque la plus prestigieuse du groupe. Clin d’œil de l’histoire, voilà de nouveau le Trident proche des Double Chevron, comme au début des années 70 ! Reverrons-nous une descendante de la SM avec un V8 ? Il y a peu de chances, malheureusement… espérons aussi que la prochaine Quattroporte ne soit pas une DS9 électrique déguisée !

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3) Malgré son grand âge, la Lancia Ypsilon, dérivée de la Panda, continue à séduire une clientèle exclusivement italienne et majoritairement féminine. Elle vient d’ailleurs de recevoir un rafraîchissement. Stellantis envisage une renaissance de la marque, avec un… SUV et un retour sur les marchés européens.

Alfa Romeo et Lancia sont rapprochés de DS, dans un pôle « luxe ». Luca Napolitano reprend la tête de Lancia et la tâche est titanesque : faire revivre à l’international ce grand nom, laissé pour moribond depuis bien trop longtemps et ce ne sont pas les quelques trop américaines Chrysler rebadgées Lancia qui ont arrangé les choses, bien au contraire. Prenons au hasard la dernière Thema en date : en fait une 300C.  Désormais il va falloir des versions bien plus crédibles afin de reconquérir une clientèle qui a quasiment oublié le nom de cette marque. Le style Europe est maintenant dirigé par Jean-Pierre Ploué tandis que Ralph Gilles s’occupe toujours des marques américaines et désormais, de Maserati.

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La 500L, assemblée en Serbie, pourrait être arrêtée et remplacée elle aussi par un SUV sur base CMP. La 500 X, elle, reste bien au programme de la marque, avec une version découvrable prévue cette année encore. Sera-t-elle dénommée 500 XC ?

Le cas Lancia

Marque prestigieuse et souvent pionnière en matière technique (structure monocoque, moteurs en V… ), la marque de Turin s’est aussi couverte de gloire en compétition. Depuis les années 80-90, la gamme s’est réduite comme peau de chagrin. Désormais, seule l’Ypsilon assure la survie du nom. Et uniquement en Italie. Où, il est vrai, elle se vend encore très bien ! Il faut dire que le marché italien est plutôt « nationaliste » et porté sur le les petites voitures. Qui plus est, 75% de la clientèle Lancia est constituée de dames. L’Ypsilon joue une carte un peu plus mode que la Panda sur laquelle elle est basée. C’est aussi un peu comme une version à 5 portes de la 500. Le marketing de la Lancia est d’ailleurs basé sur de nombreuses séries limitées, souvent en lien avec des grands noms de la mode nationale, renforçant encore un peu plus son côté chic et exclusif.

Presentazione easy wallbox Jeep Renegade
  Le futur Jeep Renegade sera lui aussi basé sur la plateforme CMP. Ce qui, dans l’état actuel des choses, exclut une version à transmission intégrale… à moins qu’un second moteur électrique ne prenne place sur l’essieu arrière.

Lancia utilise d’ailleurs le terme de « collection » s’agissant de l’Ypsilon. Autre particularité du marché italien, le succès des versions LPG… durant de nombreuses années la petite Lancia s’y est taillée aussi la part du lion. Désormais équipée d’un moteur essence 3 cylindres de 900 cm3 avec système d’hybridation, l’Ypsilon devrait se maintenir sur le marché encore quelques années. Affichée à partir de 15.100 €, elle se vend pour 9.500 € une fois les primes et remises déduites. Tout récemment, l’avant a été modifié, avec des nouveaux phares, tandis qu’à l’intérieur c’est un nouveau système d’infotainement actualisé qui est installé en série sur l’ensemble de la gamme.

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Absent sur le segment des petites voitures depuis l’arrêt de la Punto, Fiat pourrait développer une nouvelle voiture qui serait la cousine des 208 et Corsa, en utilisant la plateforme de ces dernières.

Expansion polonaise

L’usine polonaise de FCA est située à Tichy. C’est de là que sortent toutes les 500 (y compris les Abarth), les Panda et les Ypsilon. Mais pas la nouvelle 500 électrique qui se vante d’être construite à Turin ! L’usine polonaise va voir sa capacité de production augmenter et passer à 400.000 unités, soit quasiment le double d’aujourd’hui. Stellantis compte y produire toute une série de SUV de segment B, sur base de la plateforme CMP de PSA. Il y aura le Tonale d’Alfa Romeo, une Jeep et une Fiat. 2022 devrait également voir la sortie d’une 500 à 5 portes et d’une 500X découvrable. Le SUV Jeep devrait être une traction avant car la plateforme CMP n’est pas prévue pour en dériver un 4X4 à moins d’en développer une version électrique avec un moteur par essieu.

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A en juger par le Mokka d’Opel, très réussi, tant techniquement qu’esthétiquement, il y a de bonnes raisons d’enfin croire à une renaissance de Fiat, Alfa Romeo et Lancia avec des modèles possédant une personnalité propre. Certes, il n’y aura certainement plus de V6, de double arbre Twin Spark ou d’architecture transaxle chez Alfa mais on peut espérer revoir une gamme plus étendue et pleine de qualités, avec une esthétique agréable.

La plateforme CMP pourrait également servir à un SUV Lancia, premier modèle du plan de relance de la marque de luxe italienne sur les marchés étrangers. Chez Fiat, outre ce petit SUV, la base CMP pourrait également être déclinée en « nouvelle Punto », cousine de la Corsa, copie de la 208. Toutes ces versions, produites en Pologne, pourraient également remplacer au passage la 500L assemblée en Serbie. Outre ces nouveau produits, disponibles dès l’an prochain, Alfa Romeo, DS et Lancia se mettent au travail pour sortir une nouvelle génération de modèles premium dès 2024. Juste de quoi laisser le temps de restructurer le réseau ?

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Maserati va, elle aussi, devoir consolider sa place et justifier son existence au sein de la falaxye Stellantis. Pas simple de devoir gérer tout cela. (Photo: Quentin Champion)

Avenir radieux

Comme nous venons de le voir, il est clair que la fusion avec PSA ne peut qu’être profitable à FCA, du moins en Europe. La future 308 pourrait également donner naissance à une nouvelle Giulietta, aux côtés de la prochaine Astra, voire une nouvelle Delta et peut-être également une nouvelle Fiat de gamme moyenne ? Que vont devenir la Giulia et le Stelvio ? La plateforme qui les équipe n’est toujours pas électrifiée, ce qui commence sérieusement à devenir un handicap. Les puristes risquent de hurler mais la plateforme des 508 et DS9 pourrait servir à développer une gamme de berlines et breaks traction avant chez Lancia et Alfa Romeo. A moins que Stellantis n’investisse pour adapter et développer la plateforme Alfa existante et la faire évoluer également chez Maserati ? Nous sommes bien évidemment impatients de voir Lancia, Fiat et Alfa Romeo retrouver leur lustre d’antan !

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Lancia a brillé naguère en Championnat du Monde des Rallyes (WRC), en recourant à des artifices à la limite de la légalité, mais qui s’en souvient ?

Une réflexion sur “Stellantis, planche de salut pour Lancia, Alfa et Maserati ? par Dimitri Urbain

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