La Peugeot 308 est la “Women World Car of the Year”

Depuis 2009, un jury exclusivement féminin composé de près de soixante journalistes professionnelles du monde entier, procède à l’élection de la voiture de l’année, version féminine. Créé par Sandy Myhre, une néo-zélandaise, il est actuellement présidé par Marta Garcia. Sabrina Parant y représente la Belgique.

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Lors de la récente remise du Trophée de la « Women World Car Of the Year » à Paris, dix juges s’étaient déplacées pour l’occasion. C’est la première fois que ce prix est décerné à un constructeur dont le PDG est une femme.

Ce trophée récompense les différentes voitures du millésime en cours, dans différentes catégories, ainsi que la meilleure d’entre elles. Afin d’être éligibles, les voitures doivent être disponibles sur au moins deux continents, même sous des noms commerciaux différents. Il a pour but de renforcer la visibilité des femmes dans le monde de l’automobile et leur donner une voix dans un monde toujours largement masculin. La mobilité au sens large concerne également les femmes de tous les continents : elle reste indispensable pour leur ouvrir l’accès à de nombreuses possibilité d’épanouissement et d’évolution, tant personnelles que professionnelles.

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Le trophée de la WWCOTY est l’œuvre de l’artiste espagnole Scarleth Martinez Garrido. Il est composé d’un élément métallique au nom du concours et figurant une pièce de moteur. Il est posé sur un socle en bois mentionnant la Peugeot 308, vainqueur 2022.

Les « voitures de femmes » ne représentent évidemment pas un segment de marché. Les critères de choix sont des éléments classiques comme la sécurité, le prix, la qualité générale, l’esthétique, la facilité de conduite et, bien entendu, la performance environnementale. Cette année, pour la première fois, il a été attribué à une marque également dirigée par une femme, Linda Jackson. La Peugeot 308 a vaincu pas moins de 65 concurrentes afin de décrocher la distinction suprême du jury. Ce sont ses qualités intrinsèques et la réponse diversifiée qu’elle apporte aux multiples besoins de tous les acheteurs, dont les femmes, qui lui ont assuré la victoire. C’est la première fois que le constructeur français remporte ce trophée ; la Peugeot 308 succède au Land Rover Defender, à la Mazda 3, au Volvo XC40, à la Hyundai Ioniq, au Jaguar F-Pace, au Volvo XC 90, à la Mercedes Classe S, à la Ford Fiesta, au Range Rover Evoque et à la BMW Série 5 et la Citroën DS3, ex-aequo en 2011.

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Sabrina Parant, juge représentant la Belgique, ici aux côtés de Linda Jackson, PDG de Peugeot.

Notre éminente consoeur Sabrina Parant a également eu l’occasion d’interviewer Linda Jackson, la PDG de Peugeot, en exclusivité pour Le Rédacteur Automobile.

Q : Quel sera l’avenir de Peugeot à l’ère du tout- électrique ? De la voiture autonome ?

« Je suis très confiante pour l’avenir. La 208 a été la première voiture électrique de la marque, dès 2019. Elle a remporté le trophée de la voiture de l’année pour ses qualités mais aussi parce qu’elle était disponible en version électrique à un prix abordable. Depuis, nous avons lancé d’autres modèles équipés de motorisations hybrides et électriques. Aujourd’hui, quatre-vingt pour cent de notre gamme de véhicules légers ainsi que l’ensemble de la gamme des utilitaires légers sont disponibles en version électrifiée. A l’horizon 2024-25, nous serons à cent pour cent. Notre position est donc plutôt confortable et Peugeot est bien placé pour traverser au mieux cette période transitoire. En effet, le passage à l’électrique n’est pas encore possible pour tout le monde… tous les clients ne sont pas encore convaincus. C’est pourquoi la nouvelle 308 est disponible en version essence, diesel, hybride (en deux niveaux de puissance) et bientôt électrique. Fin 2021, le cinquième de nos ventes portait sur des véhicules électriques. Les récents évènements et l’augmentation des prix des carburants ont encore renforcé la part de l’électrique et nous sommes maintenant à une vente sur trois. Il est impossible de prédire si cette situation va persister ni quelle sera sa durée mais il est certain que la stratégie d’électrification de Peugeot est un vrai succès. En matière d’autonomie, les 308 et 3008 sont au niveau 2, grâce à toute une panoplie d’aides à la conduite. Sur ce point, nous sommes en phase avec la demande de notre clientèle. » 

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Q : Pensez-vous que le niveau 5 d’autonomie sera une réalité dans 15 à 20 ans ?

« Bien malin qui pourrait le dire…  Actuellement, c’est le niveau 4 qui est sous les feux de la rampe. Le niveau supérieur, sans intervention humaine, fait appel à des technologies qui restent très coûteuses. La tendance actuelle est plutôt de l’envisager pour des véhicules de transport public, des bus, des navettes… plutôt que déployé sur des véhicules individuels. Il y a cinq ans, la même question m’avait déjà été posée et, à l’époque, certains experts pensaient que ça deviendrait une réalité vers 2023. Aujourd’hui, je constate que l’avènement du niveau cinq est reporté toujours plus loin dans le temps. C’est bien plus compliqué à mettre en place que ça en a l’air. »

Q : A votre avis, quel est le pays d’Europe actuellement le mieux placé pour y parvenir en premier ?

« Un pays en particulier en serait-il plus proche qu’un autre ? Si tel était le cas, cela serait certainement un marché sur lequel le volume des ventes premium est plus important, tout simplement pour une question de coût des technologies. Néanmoins, il faut rester prudent. Objectivement, je ne pense pas qu’un pays y soit actuellement plus prêt qu’un autre. C’est avant tout une question de budget, tout est fonction de celui dont vous disposez… même sans aborder toutes les questions périphériques encore actuellement sans réponse, comme l’aspect éthique, par exemple. »

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Q : La nouvelle 408 arrive bientôt sur le marché. Pourquoi faire l’impasse de la motorisation Diesel sur ce nouveau véhicule ?

« Tout simplement parce que c’est l’évolution du segment de marché sur lequel ce véhicule est positionné… les ventes des motorisations diesel sont en déclin. En 2014, lorsque je suis arrivée à la tête de Citroën, le marché français privilégiait le Diesel à raison de 60-65% de l’ensemble des ventes. Aujourd’hui, les choses ont bien changé. Nous avons donc décidé de nous adapter à cette évolution du marché et répondre à la demande de notre clientèle. Réussir la transition énergétique est un enjeu majeur. De plus, soyons de bon compte, la réglementation nous impose également de nous adapter, afin de respecter notre objectif en termes d’émissions de CO2. Par ailleurs, de plus en plus de constructeurs passent à l’hybride rechargeable. La transition est donc bien en cours mais elle dépend également de l’infrastructure et d’une foule d’autres éléments, au-delà du produit lui-même. En ce qui concerne l’hydrogène et la pile à combustible, nous les testons actuellement sur une flotte de véhicules utilitaires légers de grand volume. Cette approche fait sens car ces véhicules roulent beaucoup et doivent donc pouvoir être rechargés très rapidement. La technologie sera-t-elle également d’application pour des voitures ? En l’état actuel, je ne puis vous répondre avec certitude mais l’encombrement et le poids de cette technologie rendent son usage plus approprié sur des véhicules utilitaires. »

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Q : Carlos Tavares parlait récemment d’un risque de pénurie de batteries, à l’horizon 2025. Les hybrides rechargeables seraient-ils concernés également ? Si cela se produisait, comment envisageriez-vous de contourner le problème ?

« En matière de pénuries, qu’il s’agisse de semi-conducteurs ou d’autres éléments, peu importe, nous y sommes tous confrontés. Il y a toujours bien une pénurie en cours, le plus important est de la gérer et réfléchir afin de disposer de vos propres moyens de production. C’est aussi une question d’efficacité qui dépend de la façon dont les véhicules sont conçus, de l’approvisionnement, de sa rapidité… au final, cela dépend de votre efficacité, de la façon dont vous gérez les choses. Peugeot fait partie du groupe Stellantis. Celui-ci investi très largement dans la mise en place d’usines géantes, plus communément appelées « Giga factories ». Ainsi, nous contrôlerons mieux l’ensemble de la chaîne de production et serons à même de fabriquer nos propres batteries, sans devoir dépendre d’un équipementier de rang 1 ou 2. Cette stratégie va permettre au groupe de les produire en interne et donc de mieux maîtriser l’ensemble de la chaine d’approvisionnement. Pour le moment, ce ne sont pas les batteries qui posent problème mais bien le manque de semi-conducteurs, au niveau mondial. »

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Q : Peugeot souhaite être passé entièrement à la motorisation électrique en 2030. Qu’en sera-t-il de certains marchés sur lesquels la transition est moins rapide ? Des moteurs thermiques seront-ils toujours commercialisés ?

« Nous devons rester prudents quand nous déclarons vouloir être une marque avec une offre uniquement électrique à l’horizon 2030. Nous en discutons au sein de Stellantis, bien entendu. Carlos Tavares (PDG du groupe Stellantis) a bien entendu intégré cet aspect dans son plan Dare Forward 2030. Si une gamme entièrement électrique sera disponible en Europe, n’oubliez pas que Peugeot est une marque mondiale. A ce titre, nous devons être compétitifs sur tous les marchés où nous sommes actifs et donc disposer d’une gamme de moteurs thermiques pour ceux où cela s’avèrera toujours nécessaire. Le 100% électrique en 2030 ne concerne que l’Europe. Notre offre globale sera adaptée et chaque marché sera approvisionné avec des moteurs appropriés. Actuellement, la e208 est en phase de lancement au Brésil. Certes, ce marché est plus lent à évoluer que d’autres mais cela nous permet d’être déjà présent et leader sur le segment des véhicules électriques. C’est un moyen très fort d’y renforcer notre image et la perception de notre marque. »

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Q : Quand verrons-nous le dernier moteur à combustion interne chez Peugeot ?

« Cela dépendra de notre clientèle et de l’évolution du marché. Il serait vraiment très présomptueux et arrogant de ma part de vous dire « nous arrêterons le moteur essence ou le moteur diesel en telle ou telle année… » car chaque marché évolue à son propre rythme. N’oublions pas non plus qu’en Europe beaucoup d’aspects sont réglementés et ça peut évoluer très vite. C’est bien pour cela qu’il m’est impossible de vous répondre avec une date précise. »

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Q : C’est bien connu, lors de l’achat d’une voiture, les femmes accordent de l’importance à d’autres aspects que les hommes, par exemple un certain contact physique avec la voiture avant de signer un bon de commande. Cet aspect est-il intégré dans la stratégie de vente en ligne que Peugeot déploie actuellement ?

« Tout à fait, cet aspect y est totalement intégré. Je travaille depuis un certain temps dans l’industrie automobile… j’ai toujours à l’esprit l’exemple de certains constructeurs qui ont tenté de développer des voitures « pour femme » mais se sont complètement plantés. Nous sommes à l’écoute de notre clientèle, dans son ensemble. Nous tenons également compte des retours à l’interne, de celui des femmes qui travaillent pour le groupe. Cependant, notre gamme de véhicules ne s’adresse pas plus aux hommes qu’aux femmes. Notre offre essaye tout simplement de répondre au mieux à l’ensemble des demandes de notre clientèle. De manière générale, en effet, je pense que, comparativement aux hommes, les femmes vont peut-être plus s’attacher à des aspects de sécurité, à la position de conduite et la hauteur du siège, l’espace disponible pour les enfants, une poussette, etc. Nous essayons toujours d’obtenir un maximum de retours de la part de nos clients et d’y répondre au mieux. C’est également le cas pour la vente en ligne, nos sites internet ou encore l’expérience client que nous développons. Nous essayons de répondre à l’ensemble de nos clients, peu importe qui ils sont. Je ne souhaite pas développer d’offres spécifiques pour un groupe cible ou un autre. Il vaut mieux rester généraliste : chaque personne est différente mais l’important est d’être à l’écoute de tous et apporter la meilleure réponse possible aux besoins de chacun et chacune de nos clients. »

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Q : La vente en ligne, parlons-en, justement. Où en est Peugeot dans sa mise en place ?

« Je vais rester honnête avec vous, la vente en ligne n’a pas encore atteint un niveau de développement très élevé. Je crois au « phygital », mélange de physique et de digital ors de l’achat d’un véhicule. Certes, des clients vont acheter uniquement en ligne, ils ne mettront jamais un pied dans une concession, chez un revendeur ou peu importe le nom que vous donnez à un intermédiaire. Cependant, une voiture reste l’achat le plus coûteux que vous faites après un logement. C’est peut-être un peu vieux-jeu de ma part mais je reste convaincue qu’il est tout à fait normal de vouloir la toucher, la sentir. D’en discuter avec un humain… A mes yeux, cette combinaison du physique et du digital est très importante. Soyons clairs, se rendre chez un concessionnaire pour y signer des tas de documents est fastidieux. Comme beaucoup de gens, je préfère y procéder en ligne, confortablement installée dans mon divan en sirotant une flute de champagne ! (Rires) Par contre, discuter avec quelqu’un, lui demander si la 208 est vraiment adaptée à mes besoins ou si je devrais plutôt aller vers une 2008, oui, c’est très important ! Le contact avec un être humain est primordial afin d’obtenir des réponses à des questions comme : « Comment dois-je recharger mon véhicule ? » ; « Quels services me proposez-vous ? » ; « Quelle est cette teinte ? » ; « J’aimerais choisir cette teinte pour ma prochaine voiture mais, avant tout, je veux voir ce que ça donne dans la réalité. » Il est impossible de répondre à ces questions de manière digitale. C’est pourquoi Peugeot met en place une stratégie spécifique, mêlant physique et digital, afin de répondre le mieux possible aux demandes de ses clients. »

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Q : En tant que femme et PDG de la marque, qu’aimez-vous dans la nouvelle 308 ?

« J’aime cette voiture… Pourquoi ? C’est la première Peugeot qui est lancée depuis que je suis aux commandes de la marque…(sourires) Plus sérieusement, elle me plaît parce que c’est un bon exemple de ce que Peugeot fait de mieux en automobile. Elle répond aux trois valeurs fondamentales de la marque. Notre première valeur, c’est l’aspect, l’allure du véhicule. Il faut captiver et magnétiser. Au travers d’un design produit aussi unique qu’audacieux. J’adore ce design… la première fois que j’ai vu la 308 en vert, je l’ai trouvée vraiment remarquable. Notre seconde valeur, c’est l’émotion. Pour moi, c’est lié à une expérience de conduite intuitive, comme celle que vous ressentez au volant de la 308 équipée du i-cockpit. Peugeot l’a adopté il y a un peu plus de dix ans maintenant et tous les modèles lancés depuis l’ont utilisé, à chaque fois avec des fonctionnalités supplémentaires. La nouvelle 308 va encore plus loin et lui apporte une nouvelle dimension, avec le i-connect. La troisième de nos valeurs c’est l’excellence.  Pour moi, c’est synonyme de qualité sans compromis. Il est également question d’efficacité, comme pour l’aérodynamique, par exemple. La nouvelle 308 représente également un nouveau départ pour la marque, exprimé aussi au travers d’une identité visuelle actualisée. »

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Q : La situation actuelle est très compliquée. Que pensez-vous que les femmes puissent faire pour aider à y remédier ?

« Je pense qu’il revient aux femmes de relever toute une série de défis, qu’elles ont vraiment un rôle important à jouer : en matière de changement climatique, en termes d’organisation du travail… nous devrions être plus agiles. L’influence des femmes sur l’automobile devrait être bien plus grande car elles constituent environ 50% de la clientèle. Il y a quelques années, une enquête menée au Royaume Uni a montré que, lors de l’achat d’une voiture, dans 90% des cas, c’est la femme qui pousse l’homme à se décider et choisir. Le monde change et évolue. Les choses ne sont pas toujours simples ni faciles mais les femmes doivent s’imposer plus et faire évoluer l’approche des constructeurs vis-à-vis de l’automobile. Bien entendu, une grande responsabilité repose sur nos épaules, afin d’assurer à nos enfants un monde durable. Cependant, je ne pense pas que ça incombe uniquement aux femmes, qu’elles aient un rôle particulier à jouer dans ces évolutions importantes. Elles doivent prendre leurs responsabilités, se faire entendre et comprendre, participer à la création du monde dans lequel nous désirons vivre demain. »

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Q : En vous penchant sur votre carrière, quels conseils pourriez-vous donner à des jeunes femmes ?

« Je travaille dans le secteur automobile depuis très longtemps. Lorsque je me penche sur ma carrière, le premier conseil que je leur donnerais serait de d’abord bien penser et poser leurs choix. Ensuite, il est important de croire en soi… la vie est un long parcours semé d’embuches, tant pour les hommes que les femmes. Il faut se faire confiance, même si cela implique parfois de quitte sa propre zone de confort. Parfois, il arrive que nous nous abstenions de poser des actes, par peur de nous retrouver dans une situation délicate. Pour être là où j’en suis maintenant, j’ai beaucoup travaillé, bien entendu, mais j’ai aussi pris des risques… pas de manière inconsidérée, plutôt comme s’il s’agissait de paris. En 1998, alors que je parlais très peu le français, j’ai décidé de venir travailler en France. C’était un véritable défi personnel mais, avec le recul, c’était la bonne décision à prendre. Même s’il m’arrive parfois de penser que je devrais peut-être travailler un peu moins que je ne le fais ! » (Sourires) (Propos recueillis par Sabrina Parant – Adaptation: Dimitri Urbain)

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