Le passage à la catégorie GT en 2000 n’a jamais porté chance à BMW même si elle est souvent passée très près de la victoire. Que ce soit avec ses M3 GTR avant de passer le relais à l’équipe de Marc Van der Straten qui tentait l’impossible exploit face à Audi et ses R8 fortement soutenues par l’usine depuis 2011. 2015 fut la bonne pour le BMW Sports Trophy Team Marc VDS et cela nous fait plaisir de voir les troupes carolos réussir leur pari juste avant le remplacement de la jolie Z4 GT3 par la lourdaude Série 6 dès 2016.
Et même si tout le monde pensait que la voiture de Maxime Martin avait à priori plus de chance de grimper sur la première marche du podium dimanche en fin d’après-midi (la #45 fut trahie par son moteur le dimanche matin alors qu’elle caracolait en tête), la victoire de Markus Palttala (FIN) et de ses équipiers Nick Catsburg (NL) et Lucas Luhr (D) venge parfaitement la défaite vécue douze mois plus tôt pour sept minuscules secondes face à WRT. Le Hollandais s’est fait remarquer lorsqu’il a fallu pousser la BMW dans ses derniers retranchements le dimanche pour assurer la victoire face à l’Audi WRT #2 avant de signer le meilleur tour en course en 2’18’’751!
Félicitons également Bas Leinders qui avait choisi de privilégier son rôle de Team Manager pour consolider l’équipe avant les 24 heures de Francorchamps 2014 se faisant alors remplacer par un certain Lucas Luhr… Mais à voir le bonheur du Limbourgeois sur le podium final, gageons qu’il appréciera cette victoire comme tous les membres de l’équipe. A 40 ans, Bas est en train de réussir une seconde carrière.
C’était pas l’année de WRT
Du côté du Belgian Audi Club Team WRT, on a de quoi nourrir quelques regrets malgré la deuxième place finale du trio de la #2 qui a échoué à un tour après 536 boucles.
Visiblement la nouvelle Audi R8 LMS est bien née puisque les quatre exemplaires alignés par WRT et Phoenix ont rallié l’arrivée. Il faut préciser aussi que sur la voiture de Stippler, Müller et Ortelli, on a bouclé la course sans changer les freins au contraire de la concurrence. Les Audi avaient misé sur la fiabilité mais elles ont été contrariées, comme tous les favoris, par les conditions climatiques exécrables du début de course.
Et puis petite déception du côté de la #1 de Vanthoor/Rast/Winkelhock, d’abord ralentie par une erreur de notre compatriote, qui a perdu son sang-froid après avoir été bloqué durant de longs tours derrière la Mercedes SLS pilotée par le Hollandais Yelmer Buurman. En fin de course, un changement de boîte de vitesses effectué en 45 minutes par les hommes de WRT, viendra encore repousser l’Audi au classement général alors qu’elle était revenue dans le Top6. Du coup, Laurens laisse échapper de gros points dans l’optique du championnat.
Chez Phoenix Racing, la dernière marche du podium est inespérée pour Mamerow/Mies/Thiim même si les deux R8 LMS n’ont guère quitté le haut de tableau sans pouvoir toutefois jouer la gagne. L’autre exemplaire aligné par l’équipe allemande pour le trio magique Fässler/Lotterer/Rockenfeller, termine au cinquième rang.
Ferrari, reines du Pro/Am
Le retrait de la Mercedes du Rowe Racing #99 (courroie d’alternateur) en dernière heure sur problème mécanique n’a pas fait des heureux que chez Audi. Il a aussi permis à la Ferrari F458 Italia de notre compatriote Stéphane Lémeret de terminer au pied du podium en remportant, par la même occasion, la victoire dans la catégorie réservée aux professionnels et aux amateurs. Le journaliste/pilote est également le premier Belge au classement général. Il faut dire que l’équipe italienne AF Corse est devenue une spécialiste de la catégorie Pro/Am à Spa puisqu’elle signe un doublé après sa victoire en 2014. Avec ses équipiers Gimmi Bruni, Alessandro Pier Guidi et Pasin Lathouras, Stéphane a réussi à nos yeux ses plus belles 24 heures. Il suffisait de le voir, éprouvé mais pas peu fier à l’issue de son dernier relais le dimanche après-midi.
«Ils avaient choisi de tout miser sur la pole position et du coup, la 458 était très pointue à piloter. Il fallait constamment maîtriser le survirage. Je n’ai jamais piloté une voiture aussi délicate aux 24 heures de Francorchamps et je suis plutôt fier d’avoir réussi ma mission. Ils m’ont demandé de rouler toutes les heures depuis ce dimanche matin. Mais que c’est bon de grimper sur cette première marche du podium et même si ce n’est pas celle du général, j’avoue que je suis assez heureux du résultat. J’avais parié sur la victoire de catégorie et un Top5 en espérant secrètement un podium au général. Ça n’est pas passé loin!»
L’équipe italienne chère à Amato Ferrari a signé le doublé de la catégorie avec l’équipage Cameron/Guedes/Griffin/Rigon qui signe par la même occasion une belle sixième place finale devant les deux BMW Z4 GT3 de l’équipe Barwell ayant misé elle aussi sur des équipages Pro/Am. La Bentley Continental GT3 #84 du Team HTP de Primat/Abril/Parisy sauf l’honneur de la marque britannique décidément jamais brillante dans les Ardennes belges. Du côté de l’équipe M Sport, c’était la bérézina avec un Andy Meyrick sorti violemment de la piste durant la nuit tandis que la #8 de l’excellent Maxime Soulet devait renoncer sur des problèmes électriques.
Le Top 10 est clôturé par l’Aston Martin Vantage GT3 de Onslow Cole/Leonard/Meadows/Mücke engagée en PAM. Enfin, notons encore la victoire, du côté des équipages 100% amateurs de l’Audi R8 LMS Ultra de Loggie/Westwood/Macleod/Simonsen signant également la 14è place finale.
Copies à revoir
Du côté des déceptions, il y a d’abord les Mercedes SLS AMG GT3 qui, à l’exception de la #99 de Stef Dusseldorp, Nico Bastian et Daniel Juncadella, n’ont jamais pu jouer les premiers rôles d’une épreuve remportée par l’une d’elles en 2012. L’une des Black Falcon a certes été éliminée lors d’un contact avec une Ferrari samedi durant la nuit mais cela n’empêche que la nouvelle Mercedes-AMG GT3 sera la bienvenue en 2016 pour venir à nouveau jouer la gagne.
Même son de cloche chez Nissan qui n’en finit pas de décevoir. Alors qu’elle pouvait s’appuyer sur trois exemplaires de sa GT-R Nismo GT3, la marque japonaise n’a jamais brillé. L’équipage-phare, victorieux cette année des 1000 km de Bathurst, Katsumasa Chiyo, Wolfgang Reip et Alex Buncombe n’a jamais pu se mettre en évidence. Pire même puisque Buncombe abîmait l’auto lors d’un dépassement trop optimiste sur un attardé. La #23 termine ainsi à une anecdotique 15ème place. Le trio de la Nissan GT-R GT3 NISMO reste en lice pour le titre Blancpain Endurance Series mais il ne faudra pas se louper au Nürburgring. L’autre Nissan engagée en Pro-Cup par l’équipe MRS a abdiqué sur sortie de piste.
Pour Mc Laren et Lamborghini, nous serons nettement moins catégoriques. D’abord parce que la première a animé le début de course grâce à un Kevin Estre souhaitant à tout prix faire oublier sa bourde monumentale des essais libres où il était sorti de la route. Et puis cette nouvelle Mc Laren 650S GT3 débutait dans le double tour d’horloge noir-jaune-rouge. Avec ses deux équipages de pointe (van Gisbergen/Bell/Estre & Senna/Quaife Hobbs/Parente) le Von Ryan Racing avait une belle carte à jouer. Malheureusement, les chronos spectaculaires de Estre et Parente sous la pluie du début de course n’ont pas eu de suite lorsque les conditions se sont améliorées et la #59 ne termine qu’à la 18è place tandis que la #58 est 29è.
Chez Lamborghini, après des essais catastrophiques, les évènements ont pris une meilleure tournure durant les premières heures de courses. Les deux Huracan du Grasser Racing Team sont rapidement revenues dans le Top10 mais l’une était contrainte à l’abandon sur sortie de piste vers 23h30 tandis que l’autre abandonnait sur ennuis mécaniques après 18 heures de course.
Coup de gueule
Sincèrement, nous n’avons jamais été aussi vite rentrés chez nous le samedi soir. Bien sûr, SRO ne peut pas prévoir la météo surtout dans le pot de chambre de la Belgique et encore moins les sorties de route des peintres qui se prennent pour des pilotes et qui entraînent de longues séances de safety cars en attendant la réparation des rails. Mais n’est-il pas possible de mettre en place un système de zone orange sur une certaine partie du circuit sans ralentir nécessairement tout le peloton, des heures durant? Quand vous êtes à l’autre bout du circuit, sous la tempête, et que vous assistez à un défilé de bolides à 80 km/h, je vous assure que vous ne la trouvez pas nécessairement bonne.
Et que dire de ces entrées en piste de la voiture de sécurité sans aucune coordination? Franchement, là aussi, il y a moyen de trouver des solutions pour ne pas que certains candidats à la victoire tirent profit de la situation pendant que d’autres doivent manger leur volant derrière la deuxième SC ou encore patienter un temps fou à la sortie de la voie des stands. Les conditions météo et les choix de pneus cornéliens induits ont déjà suffisamment durci le travail des team-managers pour que ceux-ci voient tous leurs efforts anéantis par des décisions prises par des commissaires beaucoup trop teintés d’amateurisme…
Enfin, comment se fait-il que les parkings soient déjà complets à plusieurs heures du départ alors que les tribunes sont loin d’être combles? On soupçonne le circuit de vendre plus de places qu’il n’y en a… mais au détriment des vrais professionnels qui viennent sur le circuit pour y travailler, ce n’est vraiment pas sérieux. Et puis que dire de cette impossibilité d’obtenir le moindre pass pour un accompagnant comme il est possible sur n’importe quelle épreuve sportive majeure? On vit vraiment une drôle d’époque!