Cela peut paraître injuste, et pourtant, à l’issue d’un Rallye de Monte-Carlo particulièrement difficile, c’est le Français Sébastien Ogier qui s’est vu remettre les lauriers du vainqueur, pour la cinquième fois, dans la cour du Palais Principautaire ce dimanche 22 janvier.
Pourtant, ce n’est qu’hier, sur le coup de 15h20 que le pilote M-Sport a vu le sort lui sourire lorsque notre compatriote Thierry Neuville, auteur jusque-là d’un sans-faute au cours duquel il s’était construit une avance de plus d’une minute sur le champion français, a heurté une marche en béton en élargissant sa trajectoire à la sortie d’un gauche rapide sur gravier.
Avant cela, et dès l’ES initiale, Ogier avait perdu une trentaine de seconde dans un fossé avant d’être aidé par des spectateurs. Et il n’a pas été exempt de fautes durant le week-end mais à chaque fois, il a bénéficié de cette chance qui ne sourit qu’aux champions. En son temps, Sébastien Loeb était aussi un cumulard en matière de coups de pot. Jusqu’à ce qu’un certain Ogier vienne le titiller et le pousser à en faire trop. Thierry sait maintenant ce qu’il doit faire pour que ce brin de chance quitte enfin les épaules de Sébastien. Il a démontré qu’il avait désormais suffisamment de confiance et surtout, que la Hyundai i20 WRC 2017 est visiblement très bien née.
En toute objectivité, Thierry et Nicolas avaient fait fort jusqu’à cette maudite 13è spéciale. Jouant parfaitement avec les écarts et donnant des petits coups d’accélérateur là où il se sentait en confiance, le St Vithois s’était construit un joli matelas qui devait lui permettre d’aborder la dernière journée sereinement. Bien épaulé par ses ouvreurs Bruno Thiry et le jeune Renaud Herman, Thierry prenait les spéciales les unes après les autres en toute sérénité.
Et même si Christian Loriaux lançait dimanche, lors du direct de la RTBF dans la dernière spéciale servant de cadre à la Power Stage, que certaines voitures étaient plus solides que d’autres en pensant bien évidemment à la Ford Fiesta du vainqueur développée chez son employeur M-Sport, nous ne sommes pas sûrs qu’une autre voiture aurait résisté au choc qui a causé la perte de nos petits Belges.
Quelle tristesse mêlée d’admiration en les voyant réparer la suspension arrière droite sur la i30 meurtrie alors que d’autres auraient abandonné toute chance de terminer l’épreuve après un coup de bambou aussi violent. Ils ont voulu rejoindre l’assistance à tout prix pour prendre par à l’étape finale du dimanche en visant les cinq points de la Power Stage.
Et ils ont réussi! Grâce à une voiture parfaitement réparée et une confiance toujours aussi forte, Neuville a signé son sixième meilleur temps du week-end en profitant de sa position sur la route, certes, mais en maîtrisant parfaitement sa monture dans une descente rendue délicate par la neige. Les voilà parfaitement boostés pour débarquer en Suède, dans trois semaines, et remettre les pendules à l’heure face à Ogier et tous les autres!
Nous l’avons dit, Sébastien Ogier s’est montré le plus malin ce week-end pour sa première course à bord de la Ford Fiesta WRC. Il signe sa cinquième victoire monégasque mais aussi la 39è en carrière. Mais nous pouvons affirmer qu’il devra désormais se cracher dans les mains s’il veut remporter sa cinquième couronne mondiale. Il devra se défaire de Neuville mais il devra aussi surveiller son équipier, Ott Tänak, auteur d’une solide performance sur un rallye aussi délicat.
Malheureusement l’Estonien perdait sa belle deuxième place lorsque le moteur de sa Fiesta le lâchait dès l’entame de de l’ultime journée mais il parvenait à rejoindre l’arrivée sur trois cylindres. Et signait une dernière spéciale du tonnerre en gommant pratiquement son handicap mécanique pour préserver sa troisième place finale face à Sordo.
Pour son retour dans la discipline, Toyota crée la surprise avec la deuxième place de Jarri-Matti Latvala qui n’a pourtant jamais brillé. La Yaris WRC ne nous a guère impressionné et ce sont avant tous les erreurs de ses adversaires qui ont placé le Finlandais sur le podium final.
Et ce n’est pas son équipier Hanninen qui nous fera changer d’avis. Plus brouillon, moins dans le rythme, il s’est pris un petit arbre dans l’ES5qui le forçait à repartir en Super Rally le samedi. Il termine seizième, juste derrière Neuville mais il sera déjà sous pression en Suède s’il veut marquer les esprits chez Toyota.
De déception, il en était surtout question dans le clan des Rouges. Chez Citroën, et comme attendu, les deux pilotes nominés ont été incapables de tenir leur rang. Kris Meeke nous a fait une belle sortie dans l’ES4 le vendredi avant de connaître une noire malchance hier soir en étant contraint à l’abandon suite à une accident sur le routier. En l’absence de Super Rallye le dimanche, il était contraint à l’abandon et ne pouvait donc pas envisager quelques points dans la Power Stage.
Une spéciale du Turini que son équipier Stéphane Lefebvre remportait lors du premier passage, offrant ainsi un premier scratch à la C3 WRC. Auparavant, le Français était parti à la faute dès l’ES2 le jeudi soir, grillant son embrayage en essayant de quitter une mauvaise posture dans un fossé. Il n’aura ainsi jamais été à la hauteur des espoirs placés dans la voiture à la suite des essais hivernaux. Il termine neuvième derrière les meilleures R5!
Finalement, c’est Craig Breen qui sauve les meubles pour Citroën en terminant cinquième à bord d’une ancienne DS3 WRC. L’Irlandais a signé un rallye de grande classe en devant composer avec une centaine de chevaux en moins. Certes, sur la neige et la glace, il n’est pas spécialement idiot de miser sur moins de puissance mais en l’absence du différentiel central et de l’aéro des WRC 2017, il a signé une terrible performance même s’il a dû abandonner sa quatrième place le dimanche matin face à un Sordo enfin réveillé.
Au final, M-Sport et Hyundai se sont partagés les meilleurs temps et semblent être les mieux préparés à l’aube de cette nouvelle saison.
En terminant septième et huitième, Mikkelsen et Kopecky ont démontré qu’une Skoda Fabia R5 bien pilotée pouvait rentrer dans le Top10. Le Norvégien, victime du départ précipité de Volkswagen, a atomisé la concurrence en collant 3’25” à son équipier chez Skoda et 6’36” à Bouffier, ancien vainqueur de l’épreuve du temps où celle-ci ne comptait que pour l’ERC. Voilà pour la première manche du WRC 2017. On se retrouve en Suède dans 18 jours!