Après l’Equipe Nationale Belge (quasiment sold-out…), Claude Yvens et Christophe-Antoine Gaascht se sont penchés sur une autre équipe glorieuse du sport automobile belge: le Racing Team VDS. Entre 1965 et 1985, Rodolphe van der Straten-Ponthoz et ses troupes ont sillonné presque tous les continents (à l’exception de l’Asie) et porté haut une certaine idée du sport automobile, faite de défis et de sportivité.
Autant le dire tout de suite: le rêve original du Comte (gagner les 24 heures du Mans… et les regagner) ne s’est jamais réalisé. Mais il sut s’adapter aux circonstances et trouver les séries internationales où il pouvait combiner son envie de victoires et sa volonté de relever les défis technologiques de plus en plus poussés… sans jamais avoir recours au moindre sponsor. Dans ce sens, la progression du Racing Team VDS fut logique dans les années 60, erratique au début des années 70 et constante jusqu’en 1984.
Première époque
Débutant par le Championnat de Belgique des circuits, le Comte emmena rapidement ses troupes vers le Championnat d’Europe de tourisme puis vers le Championnat du Monde. Chaque palier l’obligeait à se séparer des pilotes moins rapides et à en recruter d’autres. De cette époque, il n’en resta qu’un, Teddy Pilette, dont le talent ne suffit pourtant pas à conquérir les titres dont rêvait le Comte. A la fin des années 60, Le Mans ne pouvait échapper à un grand constructeur. C’est presque à regret que Rodolphe van der Straten-Ponthoz tourna le dos à Alfa-Romeo d’abord et aux sport-prototypes ensuite, non sans avoir remporté plusieurs victoires.
Deuxième époque
Au départ, le Comte ne rêvait pas de monoplace, Teddy Pilette oui. En 1971, le Comte tente une aventure sans lendemain en Interserie avec des McLaren, mais accède aussi au souhait de Pilette en achetant sa première McLaren F5000. Deux années difficiles vont suivre, et il faudra attendre mai 1973 pour voir Teddy Pilette remporter une course F5000 à Oulton Park au volant d’une Chevron B24. A partir de ce moment, VDS devient une équipe qui compte : Pilette devient Champion d’Europe 1973, Peter Gethin rejoint le team et devient vice-champion en 1974 et Pilette triomphe à nouveau en 1975. Avec la victoire de Gethin en Tasman Series en 1974, le palmarès est impressionnant, mais il y a une ombre au tableau : le Racing Team VDS n’a pas reçu en Belgique la reconnaissance qu’il mérite. Le Comte fait désormais courir son équipe sous licence britannique.
Troisième époque
La déliquescence annoncée de la F5000 européenne incite le Comte à émigrer vers les Etats-Unis. Une année de F5000 pour apprendre (et au terme de laquelle Pilette quitte le team), puis VDS Racing (c’est son nouveau nom) devient un des piliers du nouveau championnat CanAm. Peter Gethin, Warwick Brown, Geoff Brabham, Al Holbert et Geoff Lees (avec un court intérim de Patrick Tambay) se battront toujours aux avant-postes, jusqu’au triomphe final de Geoff Brabham en 1981. Ce titre a pour le Comte une saveur toute particulière : féru de mécanique au point de fabriquer lui-même des modèles réduits de moteurs, il vient de faire gagner une voiture portant son nom et conçue avec les plus fins techniciens du moment aux Etats-Unis (le motoriste Franz Weis, ex-Chaparral, l’aérodynamicien Tony Cicale…).
Toutefois, la série CanAm s’essouffle en 1982 et le Comte décide de passer en Indycar. Là aussi, une année d’apprentissage (ponctuée tout de même par une victoire) précède la décision de construire sa propre voiture. Mais la VDS-Penske de 1984 est une véritable catastrophe, et la saison du VDS Racing s’arrête après trois meetings.
Comme le Phénix
L’aventure ne s’arrête pourtant pas là. Quatre fois, au moins, le nom de van der Straten va refaire parler de lui dans le sport moteur:
- Rodolphe van der Straten a fondé VDS Engines en 1981 avec Franz Weis, faisant remporter 108 victoires en Indycar et quatre éditions des 500 Miles d’Indianapolis à ses clients.
- En 1991, le Comte répond à l’appel de Jim Hall pour lancer une nouvelle équipe Hall-VDS en Indycar. L’équipe survivra au décès du Comte Rodolphe van der Straten le 8 avril 1992 et courra jusqu’en 1994.
- Le Marc VDS Racing Team, fondé par un des fils de Rodolphe, a remporté victoires et titres tant en en endurance (Blanpain Endurance Series principalement) qu’en Moto2 (Champion du Monde 2014 avec Tito Rabat).
- VDS Racing Adventures, créé par Raphaël van der Straten-Ponthoz en 2000, perpétue la tradition familiale sur plusieurs continents, principalement dans les courses d’endurance, et a même fait développer sa propre voiture, une GT cette fois…
Le livre
Comme c’est devenu une (bonne) habitude chez Benoit Deliège Editions, l’ouvrage consacré à l’aventure VDS est richement illustré : plus de 400 photos et de nombreuses illustrations issues du pinceau talentueux de Benoît Deliège lui-même. L’éditeur se réjouit particulièrement de l’accueil enthousiaste qu’il a reçu chez les plus grands photographes nord-américains et australiens, dont les clichés feront découvrir à l’amateur européen des aspects tout à fait insoupçonnés de la course automobile sur d’autres continents.
Claude Yvens et Christophe-Antoine Gaascht, les deux auteurs, ont par ailleurs passé plus de deux ans à fouiller archives et magazines avant de contacter tous les survivants de l’aventure. Le résultat est, comme d’habitude, fouillé et riche tout en restant très fluide. Derrière les faits de course se cachent des histoires humaines passionnantes ou amusantes que la plume alerte des auteurs rend agréables à découvrir.
L’avis du Rédacteur de l’Automobile
C’est un superbe ouvrage, concocté par ce trio magique et qui déborde de photos d’époques comme nous les aimons. Il s’agit également d’un véritable travail d’orfèvre quant à la précision et la compilation des résultats de l’écurie légendaire. L’œuvre de Rodolphe van der Straten Ponthoz est décrite, année après année, avec une course et un circuit plus particulièrement mis en évidence. La qualité des illustrations est assez impressionnante et les documents en noir et blanc nous plongent véritablement dans cette belle époque tandis que les illustrations en couleur de Benoît Deliège apportent une touche contemporaine à l’ensemble. Des objets (affiches, brassards, lettres de remerciements) ajoutent un caractère authentique à l’ouvrage. Et même si nous sommes amateurs d’endurance, toute la période monoplace n’en demeure pas moins intéressante. Vous l’aurez compris, ce livre doit absolument figurer dans la bibliothèque de tout amateur de sport automobile belge parce qu’il s’agit de l’histoire nationale de ce sport. Bravo également aux auteurs qui nous gratifient d’un style et d’une orthographe irréprochables, deux qualités devenues rares dans un monde où n’importe qui se croit obligé d’écrire n’importe quoi à propos de tout et de rien…
Fiche technique
264 pages
Format 26x28cm
Plus de 400 photos, illustrations et document exceptionnels
Texte Français & Anglais
2000 exemplaires
Ecrit par Claude Yvens et Christophe Gaascht
Mis en page et illustré par Benoit Deliège
Prix public : 60 euros
Disponible sur le site : http://www.benoitdeliege.be