On a plus souvent l’habitude de passer quelques heures à table avec des pilotes détendus et courtois (Voir interviews de Tarquini ou Dumas) plutôt que d’avoir droit à 25 minutes d’interview, après avoir attendu ces messieurs pendant 30 bonnes minutes. Mais ne boudons pas notre plaisir de rencontrer des pilotes de F1 en activité, d’autant que Valterri Bottas (32 ans) et Guanyu Zhou (23 ans) ne sont pas les moins sympas de la troupe !

Le Finlandais, ex-équipier d’Hamilton chez Mercedes est évidemment le premier à qui mes collègues s’adressent avec cette question :
Après avoir joué la gagne et le titre cinq saisons de suite chez Mercedes, est-ce facile de se remettre dans la peau d’un pilote qui peut, tout au mieux, viser un top5 ?
« J’ai eu suffisamment de temps, durant l’intersaison, pour effectuer une remise à zéro de ma situation en F1 et de retrouver une nouvelle motivation pour un défi différent, ouvrir un nouveau chapitre de ma carrière avec un projet différent. Ma motivation augmente avec les progrès que je peux constater au sein de l’équipe en avançant dans la saison. Chez Sauber Alfa-Roméo, une cinquième place est vécue comme une victoire mais je rêve, évidemment, de revenir un jour au top avec eux. »

On sait tous que c’est peut-être la dernière fois que la F1 vient à Spa. Qu’est-ce que cela t’évoque ?
« Personnellement, je trouve que c’est une honte parce que ce circuit fait incontestablement partie des plus gratifiants en termes de pilotage pour chacun d’entre nous. Ce n’est pas mon préféré, je mets plutôt le circuit de Suzuka en premier mais c’est une piste qui est inscrite au championnat depuis longtemps. Malheureusement, il y a des facteurs qui nous échappent et qui font que la Belgique pourrait ne plus être au calendrier en 2023. »
Mais qu’est-ce qu’elle a de plus que les autres, cette piste de Francorchamps ?
« Les tournants sont tous différents, il y a du relief, l’endroit est magique, c’est vraiment un circuit qui ne ressemble à aucun autre… »
Il y a de nombreuses spécialités gastronomiques belges. Quelles sont vos préférées ?
VB sans attendre la fin de la question : « La bière ! »

GZ demande ce qu’il y a et choisit le chocolat avant d’avouer qu’il a vécu longtemps en Suisse et qu’il n’est pas sûr que le chocolat belge soit meilleur.
Mercedes n’est pas aussi compétitive qu’avant cette saison. Est-ce que cela a été un choc pour toi de le constater en début d’année ?
« C’est sûr que cela fut une grosse surprise lorsqu’on s’est retrouvé tous en piste au premier GP. Je n’avais pas trop d’infos l’an dernier à propos de leur futur, ce qui est normal. Mais de là à ne plus les voir jouer la gagne, j’ai en effet été assez surpris. »
Zhou, l’an dernier, après le crash vécu en W Series au-dessus du Raidillon, tu fus l’un des premiers à réclamer une modification du tracé, es-tu satisfait par ce qui a été réalisé depuis ?
« Oui, je pense qu’on a été écouté et que le circuit semble plus sécurisant qu’avant. On sait qu’à Spa, la météo est instable et que la piste peut être difficile. Les changements apportés devraient résoudre pas mal de problèmes en sachant que e circuit accueille aussi bien des monoplaces que des courses de GT, cela doit convenir à tout le monde mais le pas important qui a été franchi avec le retour des bacs à graviers devraient réduire les risques de gros accidents. »

Zhou, beaucoup pensaient, à tes débuts en F1, que tu étais là avant tout pour ta nationalité et les budgets que tu apportais. As-tu le sentiment, aujourd’hui, que les choses ont évolué avec tes premiers points marqués ?
« J’ai démontré sur la piste que j’avais ma place en F1. J’ai marqué un point lors de mon premier GP, à Barheïn puis quatre autres unités au Canada, lors de mon deuxième GP et j’ai alors constaté que je bénéficiais d’un certain soutien dans l’écurie, mais également dans le monde la F1 donc cela m’a encouragé. J’avais un peu de mal à savoir où j’allais me situer avec ces nouvelles F1 et cette nouvelle réglementation alors j’ai été soulagé en scorant lors des premiers GP. J’espère que cela va garantir ma place en F1 pour les prochaines saisons. »
Toujours à l’attention du pilote chinois, quelles sont les plus grosses difficultés auxquelles tu es confronté pour tes débuts en F1 ?
« On n’a pas énormément de temps d’essais et c’est assez compliqué de s’adapter aux conditions climatiques lorsqu’elles changent fortement entre les essais et la course. C’est compliqué d’aligner tout parfaitement pour vivre un week-end parfait. Il faut être constant pendant 3 jours et rester parfaitement concentré sur les objectifs. Heureusement, mon équipier m’aide beaucoup et me fait partager son expérience. »

Tu as aussi vécu un moment intense à Silverstone ave ton gros crash au départ…
« Oui mais c’est déjà du passé. Physiquement, je suis au top et mentalement, je ne pense pas que cela m’ait beaucoup affecté. Heureusement, j’ai pu compter sur une F1 particulièrement sécurisée. Il y a eu énormément de retombées et j’ai pu voir que j’avais beaucoup de supporters qui ont pris de mes nouvelles et qui ont été soulagés de voir que je quittais rapidement le centre médical. Je n’ai revu les images que lors de mon passage au centre media après le contrôle médical et c’était en effet assez terrifiant. Mais tout cela se passe tellement vite que je n’ai pas vraiment eu conscience du choc. »
Valterri, quels sont les points forts de cette équipe Sauber/Alfa-Romeo et quels sont tes rapports avec Fred Vasseur, le team-manager ?
« C’est une équipe très jeune avec pas mal de bonnes idées et du potentiel. Il y a un véritable esprit d’équipe, une atmosphère positive au sein de l’écurie. On est tous tournés vers les mêmes objectifs. Avec Fred, ma relation est déjà longue puisqu’on s’est connu du temps de la F3 et du GP3 où j’étais dans son équipe (ART GP) en 2009 et 2010. C’est un bon leader, ave un ration parfait entre amusement et professionnalisme. On est toujours en contact, même pendant nos vacances… »

Pensez-vous, tous les deux, que l’intervention de la FIA pour réduire le marsouinage, soit justifiée ?
VB : « Je suis sûr que la marsouinage a dérangé plusieurs équipes et pour ma part, je trouve que les mesures prises sont bonnes et qu’il ne faut pas aller plus loin. Mais cela ne va pas faciliter la tâche des petites équipes comme la nôtre, ce changement de règles en cours de saison parce que le développement de la voiture 2023 est déjà fortement engagé et cela change la donne assez profondément. »
GZ : « Je pense que certaines pistes comme Monaco ou Bakou ont été très difficile pour tout le monde donc il fallait réagir donc cette décision de la FIA était la bonne. »
Valterri, où as-tu passé cette période de break d’un mois entre la Hongrie et la Belgique ?
« J’ai d’abord passé quelques jours à l’usine pour affiner quelques ajustements puis je suis retourné en Finlande avant de prendre les airs pour visiter le Wyoming et l’Ohio avant de revenir en Finlande. Des vacances très actives… »

On sait que ta compagne est cycliste professionnelle (l’australienne Tiffany Cromwell. Ndlr). Tu es au pays du cyclisme. Es-tu toi-même fan de ce sport ?
« J’ai toujours fait du cyclisme en entraînement mais j’avoue que je comprends mieux les coulisses de ce sport depuis que je suis ma compagne sur ses courses. On fait d’ailleurs quelques entraînements ensemble. Cela reste un amusement pour moi, qui me permet de rester en forme mais je vous avoue que dans la montagne, je n’essaye pas de la suivre… »

Par contre, on ne t’a plus vu en rallye…
« J’aimerais en faire plus dans le futur. J’ai participé à l’Artic Rally à trois reprises avec une DS3 WRC mais pas cette année. J’ai eu une intersaison chargée ave ce changement d’écurie et j’ai dû faire une croix sur ma participation. Et puis j’avoue que Fred Vasseur n’est pas emballé par l’idée de me voir jouer avec des voitures de rallye… Mais cela reste un de mes plaisirs et j’ai d’ailleurs encore effectué des essais avec une C3 R5 de PH Sport. »
Et qu’espéres-tu de ce week-end ardennais ?
« Quelques bons points évidemment. Je pense qu’un top8 est à notre portée… »
