Il n’était certainement pas le plus fort, il a signé une performance totalement transparente samedi mais lorsqu’il a fallu donner un dernier coup de rein le dimanche pour imposer sa Toyota Yaris WRC face au duo de Ford, Jari-Mari Latvala n’a pas faibli, ponctuant cette dernière journée d’un meilleur temps dans l’ultime chrono, une Power Stage de 16,4 km offrant cinq points au meilleur. Une victoire historique si l’on veut bien se souvenir que la dernière couronne du constructeur japonais en WRC datait de 1999 lorsque Didier Auriol avait imposé la Corolla WRC au très peu couru Rallye de Chine. Et puis cette victoire allait droit a cœur de Tomi Makinen, très critiqué sur ses méthodes de conception et de mise au point.
Certes, Latvala occupe la tête du classement provisoire du championnat avec 48 points contre 44 à Ogier mais nous gardons encore des doutes sur la compétitivité de la Toyota Yaris WRC. Au Monte-Carlo, elle a logiquement profité des déboires de certains ténors pour signer cette inespérée deuxième place lors de sa première apparition. Et en Suède, Neuville était largement devant avant son abandon.
Sans parler de Tanäk qui s’apprêtait à dévorer le Finlandais avant que ce dernier ne signe une dernière journée exceptionnelle. Et pour une voiture entièrement développée en Finlande, on peut dire que le Rallye de Suède se déroule dans son jardin où Latvala a signé six meilleurs temps à égalité avec Neuville. Vous l’aurez compris, il faudra attendre le Mexique et la terre pour définitivement connaître le vrai potentiel de la Toyota.
De potentiel, la Hyundai I20 WRC n’en manque guère lorsqu’on revient sur la superbe course de Thierry Neuville avant la dernière spéciale du samedi… Mais permettez-nous de nous interroger sur la solidité de la coréenne. Franchement, quand on voit à quelle vitesse Thierry heurte la pile de pneus, on se demande comment le bras de suspension n’a pas tenu. Avant de casser, il aurait pu plier. On n’ose imaginer ce qu’il va se passer quand la voiture sera confrontée à certains terrains cassants en Argentine ou en Sardaigne lorsque de mauvaises pierres se retrouvent sur la bonne trajectoire. Franchement, si l’on se souvient de l’état dans lequel Colin Mc Rae ramenait ses voitures après certains rallyes, voir Thierry abandonner suite à un contact aussi léger paraît stupide.
Bref, avant de se retourner contre Thierry, il nous semble que Hyundai ferait bien de se remettre elle aussi en question. Certes, cette troisième Hyundai conçue par Michel Nandan met son pilote numéro un en confiance mais avec les soucis de Paddon avec sa direction assistée, certaines faiblesses seront à corriger pour la suite de la saison.
En s’offrant les deux dernières marches du podium, les pilotes M-Sport Ott Tanäk et Sébastien Ogier confirment le potentiel des Fiesta WRC. Et l’Estonien a signé une superbe performance en prenant rapidement le dessus sur un champion du monde visiblement gêné par sa position de départ.
Le Français n’a pas signé le moindre scratch, il est encore passé à deux doigts de la correctionnelle et s’est loupé dans le premier virage de l’ultime étape dominicale en voulant aller chercher les deux Nordiques. Mais il se console avec la deuxième place provisoire du championnat et cette bonne fortune qui ne semble jamais le quitter.
Quatrième, Dani Sordo pointait à plus de deux minutes du vainqueur. Une nouvelle fois présent avant tout pour assurer des points à l’arrivée, l’Espagnol n’a jamais convaincu et son meilleur temps dans la super-spéciale de Karlstad ne trompera pas les connaisseurs. Il devance ici Craig Breen qui n’a pas été exempt d’erreurs mais qui a progressé pas à pas durant tout le week-end pour signer cette belle cinquième place. Pour sa part, son équipier Kris Meeke partait une nouvelle fois à la faute en plongeant dans un fossé de l’ES14 alors qu’il occupait la cinquième place avec la C3 WRC. Selon Yves Matton, c’est au second passage que les Citroën ne parvenaient pas à s’en sortir sans en donner l’explication.
Parmi les équipiers décevants, citons Juha Hanninen qui s’est, une nouvelle fois, heurté à un arbre. De quoi mettre sa Yaris KO même s’il repartait en super rallye pour terminer finalement 23è.
Elfyn Evans termine sixième, à 5’26”, devant Paddon et Lefèbvre, huitième avec la vieille DS3 WRC. En WRC2, le suédois Pontus Tidemand impose la Skoda Fabia R5 après la victoire de Mikkelsen à Monaco. Les deux pilotes Skoda Motorsport pointent en tête ex-aequo au championnat WRC2 avant la prochaine manche qui se disputera au Mexique du 9 au 12 mars.