Elle boit et elle gueule mais vous allez tout lui pardonner
Quelle ligne! Ce coupé Jaguar est une beauté absolue. Il n’y a rien à jeter. Quel que soit l’angle, il se révèle réussi et nous sort de la banalité des coupés allemands qui ne se renouvellent guère. Avec un 3.0 V6 sous le capot et un habitacle très bien dessiné, le F-Type possède tous les atouts pour séduire. Ou presque.
En bon Anglais qui se respecte, le Jaguar F-Type se distingue du commun des mortels par de petits détails mais aussi par un dessin des plus réussis. Son long capot, ses arches de roues voluptueuses et son postérieur joliment rebondi le rendent irrésistible et même la teinte grise de notre exemplaire d’essai ne nous a pas aidé à passer inaperçus. La rareté des exemplaires croisés en Wallonie, qu’ils soient coupé ou cabriolet, le rendent d’autant plus désirable.
Mise en scène
Pour pénétrer dans le F-Type, vous appuyez sur le petit bouton de la poignée et celle-ci, siglée Jaguar, sort de son logement pour que vous puissiez l’utiliser. Vous vous installez dans les jolis baquets et pouvez alors contempler la planche de bord. L’atmosphère est des plus exclusives. Le ciel de toit est recouvert de noir mais vous pouvez le faire glisser pour profiter d’un toit panoramique. La lumière envahit l’habitacle et vous permet alors de mieux détailler les petites touches originales.
Le cuir est omniprésent, les boutons et les commandes se partagent entre éléments propres au coupé et d’autres, déjà vus dans les berlines de la marque. La console centrale regroupe l’écran du GPS et les commandes multimédia. Sous celui-ci, les trois commodos réglant l’airco. Alors que le pommeau de vitesse a disparu sur les dernières productions de la marque, il est ici bien présent pour animer la boîte automatique. A côté de celui-ci, un petit levier vous permet de choisir votre mode de conduite entre pluie/neige, normal et race. En optant pour ce dernier, vous déclenchez le surround en ouvrant largement les papillons de l’échappement actif. Enfin, il est encore possible de désactiver l’ESP, de supprimer le stop&start ou encore de relever l’aileron même à faible vitesse. Voilà de quoi nous donner l’envie de démarrer sans tarder.
Explosion des sens
Vous appuyez sur le bouton Start, doré, et… les aérateurs centraux sortent du haut de la planche de bord. Pardon, ce n’est pas cela le plus impressionnant. Mais plutôt le V6 qui donne de la voix en rugissant instantanément. Impossible de démarrer votre F-Type sans le faire savoir à tout le voisinage. Les m’as-tu vu vont apprécier. Une fois le levier de vitesse en position D, vous démarrez sur un filet de gaz. On se sent bien à bord. Devant vous le long capot et ses branchies noires participent à la dramatisation de la scène comme disent les anglophones. Vous appuyez sur la pédale de droite une fois la voie libre et là, c’est un pur bonheur. Les 6 cylindres chantent à tue-tête et c’est l’extase. L’aileron arrière apparait dans votre rétroviseur, vous réduisant encore la visibilité vers l’arrière. Mais qu’importe. A ces allures-là, plus personne ne suit.
Vous profitez de la moindre occasion pour faire hurler le moteur et pourtant, vous n’avez pas encore enclenché le mode dynamique. Allez, soyez fous! Wouaw, une nouvelle dimension s’ouvre à vous. Le caractère du F-Type est hallucinant. Le moteur gronde sourdement, les commandes se font plus fermes, plus précises, le contrôle de stabilité se veut plus permissif et les échappements libérés vous ouvrent la voie! Les automobilistes et leurs « déplaçoirs » s’écartent promptement. Il faut dire que les rugissements du V6 et les blop-blop au lever de pied jouent pleinement leur rôle. A la limite, la bande-son est plus impressionnante que la poussée en elle-même.
380 chevaux de feu
Mais ce n’est qu’une impression. Parce que le F-Type pousse fort et signe des chronos hallucinants en accélérations comme en reprises. Rien ne lui résiste. Certes, la boîte automatique à huit rapports n’est pas aussi vive que les meilleures productions allemandes mais elle colle bien avec le caractère de l’engin, plus GT que sportive. Il y a l’encombrement qui n’aide pas à vous mettre en confiance sur les routes de campagne où se croiser peut poser problème et nous ne vous parlons pas du poids. A 1600 kg, le coupé anglais n’est pas une ballerine mais elle profite d’une structure en aluminium tandis que les panneaux latéraux emboutis en une seule pièce sont produits sur la plus grande presse d’Europe!
C’est donc sur des nationales bien dégagées et aux courbes régulières que vous apprécierez le plus votre acquisition. Là, le F-Type se révèle impérial. Les suspensions raffermies, le différentiel mécanique et la double triangulation aux quatre coins le collent à la route. Tant et si bien qu’il semble impossible de le faire décrocher sur route ouverte. Sur le sec. Parce que sous la pluie, il vous faudra être plus que circonspect. Ou totalement maître du jeu en déconnectant le contrôle de stabilité mais là, gaz à fond, les dérobades du train arrière à l’accélération sont vives. Même en ligne droite. Avec le pack Super Performance qui offre l’échappement Sport, vous avez également droit à des freins plus costauds avec des disques de 380 mm (contre 354 pour le simple V6).
Des défauts? Bien sûr!
Vous l’aurez compris, nous sommes tombés sous le charme de cette belle Anglaise. Toutefois, nous lui avons trouvé quelques défauts. Certes le choix d’une simple deux places peut se comprendre. Mais les rangements dans l’habitacle sont vraiment trop peu nombreux et vous n’avez aucun espace pour glisser une veste ou un sac derrière les sièges. Le hayon, qui peut être automatisé, donne accès à un vaste coffre de 407 litres permettant de loger deux sacs de golf et une grosse valise, ce qui n’était pas le cas du roadster. Mais il y a cette gêne constante occasionnée par le bas de l’appuie-tête intégré qui scie littéralement le haut du dos! Et lorsque vous dépassez 1m85, pas moyen de modifier suffisamment la position de l’assise pour éviter ce gros défaut.
Et puis il y a le chapitre de la consommation. Difficile d’avoir le pied léger avec cet engin. Vous tournerez systématiquement aux alentours des 12 l/100 voire beaucoup plus en libérant toute la cavalerie. Certes, nous profitons toujours au maximum des quelques jours durant lesquels nous pouvons goûter à ce genre de joli coupé mais même en tentant de rester calme sur une trentaine de kilomètres sur autoroute, la moyenne ne descend guère sous les 10 litres mais l’acheteur de pareil joyau s’en soucie-t-il? Pas sûr. Parce que la voiture telle que vous la voyez sur les photos est affichée à 100.000 euros tvac. Avec un prix d’appel, pour le F-Type S à 80.400 euros nous voilà au niveau d’une Porsche 911. Pour nous, il n’y a pas photo. L’Anglais est cent fois plus désirable. Ne fut-ce que par ses lignes inimitables, le son furieux de ses six cylindres ou encore son équipement complet en piochant dans le liste des options. Et si nous ajoutons qu’il est moins cher que sa version découvrable et sensiblement mieux finie, qu’attendez-vous pour craquer? (Photos: un grand merci à Jacques Letihon)
Caractéristiques techniques F-Type S
Moteur essence, 6 cyl. en V
Cylindrée (alésage/course) 2995 cc (84,5 / 89 mm)
Puissance maxi 380 ch à 6500 t/min
Couple maxi 460 Nm de 3500 à 5000 t/min
Transmission propulsion; boîte auto 8 vitesses
différentiel à glissement limité
Suspension av/arr. Double triangulation
Freins avant disq. ventilés 380 mm, étriers 4 pistons
arrière disq. ventilés 325 mm, étriers 2 pistons
Poids à vide 1594 kg
Coffre 407 litres
Performances Top: 275 km/h. 0-100 km/h: 5″00
Repr. 60-90 / 90-120 en D: 1″9 / 2″3
Consommat°: moy. du test 14,1 l/100 km. Réservoir: 72 l
Emissions 213 g de CO2/km
Prix de base 80.400 €
Plus
Lignes de toute beauté
Châssis à la hauteur
Un V6 dopé comme un V8
Echappements ravageurs
Moins
Confort à faible vitesse
Espaces de rangement limités
Consommations exagérées
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