Diaboliquement efficace
C’est une tradition typiquement Audi dont nous avons bien du mal à comprendre la logique, lorsqu’un modèle arrive en fin de vie, la marque aux anneaux en décline une version extrême qui sert alors de voiture-image pour une gamme rapidement désuète. Cette fois, c’est l’Audi A3 Sportback qui s’y colle avec une déclinaison RS3 qui impressionne. Et qui connaît un succès certain auprès des jeunes si nous en croyons leur présence ininterrompue autour de l’exemplaire rouge exposé lors du dernier salon de Bruxelles.
Mais autant cette version rouge vif ne faisait pas dans la discrétion, autant l’exemplaire ’’Blanc Ibis’’ disponible en parc presse se montre réservé. Ce qui n’est pas plus mal parce que les vitesses atteintes par la bombinette sont déjà suffisamment répréhensibles pour ne pas ajouter à cela une couleur aimantant la maréchaussée. Bref, il faut un œil averti pour repérer la RS3 dans le flot de Sportback TDI alimentant nos chaussées. Les jantes spécifiques et la calandre largement ajourée sont les indices les plus évidents même si les bas de caisse et l’aileron arrière mettent également la puce à l’oreille, ou plutôt à l’œil, des amoureux de la marque.
Assise en mode pilotage
Plutôt joliment dessinés, les baquets optionnels offrent en plus une assise parfaite avec une position qui ne souffre pas la moindre critique malgré les réglages manuels. Vous êtes parfaitement maintenus et les virages peuvent s’enchaîner. Face à vous, le tableau de bord ne diffère pas réellement des modèles plus courants. Le petit volant à trois branches est connu également et seul un petit sigle RS3 vient le personnaliser. Les palettes de la boîte DSG, seule transmission disponible avec cette motorisation, sont bien là et le petit levier est également siglé RS3. Pour le reste, c’est du costaud, du bien fini et… du noir! Tapis et ciel de toit viennent encore assombrir l’ambiance mais on se sent bien dans une Audi où la finition reste particulièrement soignée. Le moment est venu d’actionner la clé de contact, à l’ancienne. Les 5 cylindres s’ébrouent gentiment. On place le levier sur la position D et la RS3 démarre comme une simple TDI.
Deux visages
Nous quittons la ville sans nous faire remarquer mais les premières courbes qui se présentent nous incitent à titiller la cavalerie. L’auto est collée au bitume et la première frustration naît en nous disant qu’elle peut passer encore bien plus vite. Le virage suivant se présente et nous y plongeons généreusement. La RS3 sous-vire alors crapuleusement comme une bonne vieille berline diesel. Bon, voilà déjà une première indication: le photographe ne sera pas content. Une fois l’endroit sympa déniché, nous appuyons sur le bouton S du tableau de bord et plaçons le levier de vitesse sur la position S. Le moteur se transforme en monstre, laissant notre photographe perplexe: ’’c’est un V8 qu’il y a là-dessous?’’ Les suspensions durcissent, les changements de rapports se font tardifs, bref, vous entrez dans une autre dimension. La route tournicote joliment, nous attaquons à outrance pour tenter d’impressionner l’objectif mais rien n’y fait, cette Audi reste désespérément rigide. Mais non pas frigide… C’est juste qu’elle demande du doigté et de la précision pour en retirer toute l’efficacité. Seul un écart de trajectoire pour éviter le photographe téméraire donnera un peu de caractère au cliché. Et ce n’est pas en déconnectant l’ESP que les figures sont apparues, au contraire, les dérobades du train avant se sont alors multipliées.
Circonstances exceptionnelles
Un passage en deuxième journée nous semblait indiqué. Profitant d’un dimanche humide et froid, nous repartons à l’assaut des routes de la région de Francorchamps. Toujours aussi diaboliquement efficace, l’Audi RS3 nous bluffe parce que le plaisir nait de cette attitude toujours sereine sur la route qui vous donne une confiance absolue. A se demander comment il est possible de sortir un tel engin de la route. Même en freinant au panneau trop tard ou au milieu d’une courbe qui se referme, l’Audi garde le cap en s’appuyant sur son train avant. Et seuls quelques jolis enchaînements nous ont permis de faire bouger le train arrière malheureusement plus en présence de notre preneur d’images! Avec un 0 à 100 km/h parcouru en 5’’6 et un 0 à 200 en 18’’5, cet engin se défend bien. Affiché à 61.349€ dans la finition illustrée, il demande un certain sacrifice qu’il faudra assumer avec des pleins fréquents si vous aimez actionner les boutons qui le rendent si attachant. Certains regretteront son manque de piment ou son poids de 1627 kg. Pas nous! Dans un monde où diesel et écologie nous poussent, souvent, à la déprime, un tel 5 cylindres turbo de 340 ch nous donne inévitablement le sourire! (Photos Jean-Claude Geboes)