Cinéma: Rush, à voir… ou pas!

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Forts des nombreuses critiques positives entendues ici et là, nous sommes allés découvrir ce film annoncé depuis bien longtemps. Et le sentiment qui nous anime à l’issue de cette projection est mitigé. Certes, il s’agit bel et bien d’un film hollywoodien qui devrait plaire au plus grand nombre. Il suffit de préciser que Hugues Dayez, le Monsieur Cinéma de la RTBF qui avoue être autant intéressé par les films de voitures que par les exposition canines, a aimé pour comprendre que cette œuvre de qualité a été conçue pour plaire aux cinéphiles avant tout. Et effectivement, il offre tous les ingrédients qui font le succès des films actuels: sexe, violence et vulgarité.

Et même si nous savons que James Hunt n’était pas réputé pour son côté puritain, la vision qu’en donne le film relève de la caricature. Il est constamment filmé avec une fille à moins de 5 cm de lui ou avec un verre d’alcool à la main. Par rapport à un Lauda ascète à l’extrême, la comparaison est rude pour l’Anglais. Cette dichotomie entre les deux personnages est au centre du film, nous n’en disconvenons pas, mais était-il nécessaire de la dépeindre de manière aussi grotesque? On penserait lire du Musso ou du Levi, ces pseudo-écrivains qui se sentent obligés d’écrire vingt fois la même chose durant tout le roman pour vous faire comprendre une idée simplissime. A l’image de cette dernière scène peu vraisemblable où Hunt croise Lauda sur un aérodrome italien et où l’Autrichien y va à nouveau de son refrain sur les bienfaits du travail, de la vie rangée et de l’effort…

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Et puis, il y a ces scènes gores de corps mutilés (Cevert décapité ou un anonyme à la jambe en piteux état) que Howard a choisi pour illustrer la dangerosité de ce sport alors que la convalescence et les soins prodigués à Lauda après son terrible accident sont nettement plus justifiés. Enfin, la vulgarité de certains gestes et de certaines expressions nous a choqués mais ce sont sans doutes les ingrédients inévitables des films qui s’adressent aux jeunes générations.

Concernant la véracité des scènes d’action, tous les puristes auront bien compris qu’on filmait Brands-Hatch alors qu’ils étaient censés être au Paul-Ricard ou encore que les deux hommes ne se sont jamais opposés en F3 britannique. Enfin, un excellent confrère nous a rappelé que ce n’était pas parce qu’il avait peur, comme le film le laisse entendre, que Lauda s’était retiré du dernier GP de la saison couru dans des conditions extrêmes au Japon mais bien parce qu’en l’absence de paupières suite à ses graves brûlures, il ne pouvait pas protéger ses yeux de l’eau qui passait à travers sa visière…

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Et puis au-delà de ça, il y a une façon de filmer les voitures qui ne rend pas l’impression de vitesse, nous trouvons que certains films réalisés lors de courses contemporaines avec du slowmotion ou des techniques modernes participent mieux à rendre le sentiment de vitesse. Les pistes semblent étroites, filmées en plans serrés, les voitures sont réelles mais nous ne sommes pas sûr qu’elles figurent toujours en duo sur les grilles de départ. Mais laissons à Ron Howard le mérite de nous avoir offert un film plus que correct sur notre sport favori avec des acteurs qui jouent parfaitement le jeu.

Et bizarrement, ce n’est pas une scène d’action sur un circuit qui nous a le plus touché mais une séquence totalement imaginaire où Lauda se retrouve en Italie avec sa future épouse et deux tifosis dans une Lancia d’époque qu’il pousse dans ses derniers retranchements pour prouver à la dame qu’il est bel et bien pilote de course à défaut d’en avoir le physique ou le charisme. Au final, tout amateur de sport automobile ne peut rater ce film. Il pourra y emmener des proches totalement insensibles à sa passion sans avoir peur de les ennuyer. Mais autant le film-docu sur Senna nous a totalement séduits (ne fut-ce que parce qu’il a réussi à humaniser ce robot qu’était, à nos yeux, le Brésilien) autant Rush ne nous a pas réellement convaincus mais cela est sans doute dû à ce besoin de véracité historique qui habite les passionnés que nous sommes!

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