Joli cadeau d’adieu
500 exemplaires de 350 chevaux
Lancée en 2009 pour célébrer les dix ans de la Focus et les 40 ans de la griffe RS chère à la marque à l’ovale bleu, la Focus RS a rencontré bien plus qu’un succès d’estime. Il faut avouer que son tarif démocratique et l’excellence de son train avant ont rapidement convaincu les nostalgiques des Sierra Cosworth RS et autres Escort Cosworth RS. En attendant la remplaçante de l’actuelle Focus, Ford offre une dernière tournée sous forme d’une fantômatique RS500.
Au crépuscule de la carrière de l’actuelle Focus, dont la 3e génération, déjà dévoilée lors du dernier salon de Genève, n’arrivera qu’au 1er trimestre 2011, la série limitée RS500 a été accueillie comme sa devancière et il a fallu se battre pour obtenir l’un des 500 exemplaires construits. A tel point qu’en Grande Bretagne, Ford UK s’est vu contraint de proposer une préparation mécanique sous forme d’évolution adaptable à la version classique afin de consoler les retardataires, à l’image de ce qui se fait chez Abarth avec les kits Essesse disponibles sur les bombinettes marquées du Scorpion.
Digne héritière
Car les fidèles des Ford sportives l’ont rapidement compris, la RS500 se pose en digne héritière de la Sierra Cosworth RS500, rendue célèbre sur la piste par ses nombreuses victoires et dans la rue par son aileron monumental. L’exclusivité de sa descendante est garantie par sa production limitée à 500 unités, sa teinte noire mate spécifique – en l’occurrence un film adhésif conçu par 3M appliqué à la main sur chaque exemplaire à sa sortie de l’usine allemande de Saarlouis -, ses jantes noires de 19 pouces, sa puissance portée de 305 à 350 ch et son tarif rehaussé qui n’a visiblement pas refroidi les ardeurs des candidats-acheteurs! A bord de l’engin, le rouge s’affiche; un coloris faisant écho aux étriers de freins que l’on retrouve sur les irréprochables sièges Recaro mais aussi pour les surpiqûres du volant, du levier de vitesse et des contre-portes sans oublier l’incontournable plaque numérotée au tableau de bord. Une fois parfaitement installé à bord, nous avons une nouvelle fois été surpris par le caractère très lyrique de sa mécanique. Son échappement prolixe en gargarismes, grondements et pétarades et son turbo sifflant à tout-va et régurgitant gaiement les gaz sous pression au lever de pied font de sa conduite une expérience unique.
Avion furtif?
Pour la bande son, la RS500 ne se distingue guère de son homologue de 305 ch. Par contre, le ton monte lorsque nous abordons le chapitre des accélérations. Éloquentes sur le modèle classique, elles deviennent explosives sur cette série limitée une fois passés les 2.500 tr/min. Et cela semble interminable avec l’entrée en action retardée de la soupape de décharge du turbo. La souplesse y gagne encore: plus que jamais, il apparaît inutile de brutaliser le 5 cylindres pour en tirer la quintessence. Celui-ci relance l’auto avec une énergie folle quel que soit le régime ou le rapport engagé. Revolve Technologie, en charge de cette préparation, n’a pourtant retravaillé le 5 cylindres 2.5 que dans le détail en revoyant à la hausse le format de son échangeur air/air et de son boîtier d’admission, en recalibrant sa gestion électronique et en renforçant la pompe à carburant, plutôt qu’en retouchant à la pression de suralimentation du turbo, toujours fixée à 1,4 bar. Restait à vérifier la capacité du châssis à encaisser sans défaillir les 350 ch obtenus. Trois pilotes se sont relayés afin de boucler 500 tours non-stop du Nürburgring et le verdict est clair: bonne pour le service!
L’efficacité atteint des sommets
Il faut dire que le train avant à pivots découplés et l’autobloquant de cette Ford accomplissent de nouveaux miracles. La cavalerie n’a en effet pas plus de mal à passer au sol que sur la RS classique, malgré les 45 ch et 20 Nm de couple supplémentaires (soit 460 Nm disponibles entre 2 500 et 4 500 tr/min). Certes à pleine charge, des hésitations légèrement plus sensibles du museau dans le maintien de cap sont inévitables mais les effets secondaires rencontrés sur les grosses tractions sont à nouveau parfaitement contenus. Face au chronomètre, les progrès n’ont rien de spectaculaires mais confortent la Focus au sommet de la catégorie face aux Mazda3 MPS, Seat Leon Cupra R et autres Renault Mégane RS. Le 0 à 100 km/h gagne ainsi 0,3 secondes à 5’’6, et la vitesse maxi 10 km/h pour pointer à 265 km/h. Moins concerné par les quelques améliorations de cette préparation, le châssis de la RS500 reste fidèle à lui même: exceptionnel. L’amortissement rigoureux mais jamais brutal, le train avant rivé au sol, l’arrière volontiers mobile au lever de pied et les commandes fluides et précises participent au plaisir intense éprouvé au volant. On regrettera seulement, à nouveau, la position de conduite un peu trop haute et la finition pas toujours à la hauteur de l’engin.
Objet de culte
Futur objet de collection, cette série limitée fera sans peine le bonheur de ses 500 heureux propriétaires qui épancheront largement leur soif d’exclusivité. Inutile de préciser qu’il sera vain de se précipiter en concession pour en décrocher un exemplaire, tous les modèles ayant déjà été attribués. Pour les retardataires, il restera donc le marché de l’occasion, où le prix déjà salé de cette machine exceptionnelle pourrait bien s’envoler.