Alors que deux forfaits conséquents refroidissaient l’enthousiasme des suiveurs dès avant le départ, le déroulé de cette ultime manche du championnat de Belgique des Rallyes 2025 a été palpitant. Entre un Cédric déchaîné et un Tom particulièrement serein, on a eu droit à un match de haute lutte. Explications…
On se réjouissait de revoir Gino Bux au volant d’une Porsche 992 Rallye GT mais avant même le départ du shakedown, vendredi après-midi, la boîte à choucroute refusait de démarrer et un premier forfait était officialisé. Malheureusement, celui-ci allait être rapidement, suivi d’un second, lorsqu’Andreas Mikkelsen sortait violement de la route dans un « droite » rapide, sur le tracé du shakedown. Pieter Tsjoen, son équipier téméraire, et lui, particulièrement sonné, passaient par la case médicale sans grosses blessures heureusement, si ce n’est l’amour-propre du Nordique.
Propulsion vs 4 roues motrices
Samedi matin, les choses sérieuses pouvaient enfin débuter par un meilleur temps signé Cédric Cherain dans la spéciale d’ouverture. De quoi alimenter le moulin de ceux qui n’aiment pas voir gagner la propulsion allemande. Il avait pourtant prévenu que le tracé du samedi l’avantageait par rapport au deuxième jour. Un scratch qui n’allait pas impressionner le jeune Tom Hendrichs (Citroën C3 Rally2) qui prenait les commandes de l’épreuve dès l’ES2. Et confirmait en enfonçant le clou dans l’ES3 et l’ES4 pour porter son avance à… 2″2 sur le Porschiste. Pour la seconde boucle, le Hollandais Ten Brinke chaussait les bonnes gommes (il était parti en slicks) et il signait le MT dans l’ES5 où Tom collait 7 secondes à Cherain. Au premier regroupement à Spa, le jeune Germanophone avouait ne pas forcer son talent et profiter pleinement du moment et de l’expérience avec la Citroën couvée par PH Sport.
Dans cette deuxième boucle du samedi, Hendrichs signait encore deux meilleurs temps mais Cédric ne lâchait rien et il avait raison car dans Wanne, l’ES8, il profitait de l’obscurité et de sa parfaite connaissance de l’épreuve pour effacer neuf secondes d’un coup. Et dans l’ES9, lors du 3e passage dans Fays Show, le St Vithois roulait sur un élément perdu par un concurrent précédemment et crevait, perdant presque 20 secondes sur son duettiste. Le jeune Thomas Martens en profitait pour signer son premier scratch en Championnat de Belgique sur une monture identique à celle de Tom. Au général, avant d’aller dormir, Cherain disposait d’un matelas de 13″ d’avance sur Tom et 30″ sur Ten Brinke (Skoda Fabia Rally2) qui pouvait peut-être encore y croire…
Deuxième journée délicate
Dimanche matin, alors qu’il restait deux spéciales à parcourir à six reprises, les pilotes découvraient un terrain très délicat, largement pommadé par endroit, après une première journée déjà très éprouvante. Ceux qui allaient aller au bout de cette édition 2025 du Spa Rally seraient des héros. Hendrichs reprenait la main et revenait à 5 secondes de Cédric après les spéciales 10 et 11, où Cherain était parti en tête à queue, mais au second passage à Theux, la Porsche retrouvait des couleurs et collait 6 secondes au pilote Stellantis qui crevait une nouvelle fois. Quel bagarre… malheureusement, Tom en faisait un peu trop dans l’ES… 13 de Ster en partant en allant visiter un champ. Un détour qui allait lui coûter très cher puisqu’il y laissait 50 secondes. La messe était dite. Cédric Cherain remportait sa troisième victoire à Spa, la 3e de la saison et profitait à fond de ce succès.
« C’était chaud, mais nous n’avons rien lâché et nous nous sommes appliqués, commentait Cherain avant de célébrer sa victoire lors du TRC de Ster. Cette victoire ravit les fans du BRC, qui veulent voir ce genre de spectacle. Cela fait longtemps qu’une Porsche ne s’était plus imposée à Spa, et cette victoire est assurément l’une des plus belles de ma carrière ! L’auto rentre sans une égratignure en dépit de l’extrême difficulté du parcours et des risques qu’on a pris ! Ce qui est sûr, c’est que je piloterai encore une Porsche l’an prochain ! »
Attention, talent !
L’incontestable performance du week-end, doublée du titre de Driver of the Day décerné par les fans sur les réseaux du BRC, est à mettre sur le compte de Tom Heindrichs, auteur de 7 scratches – ce qui en fait le meilleur performer du week-end ! -, le tout à 21 ans à peine et alors qu’il pilotait pour la deuxième fois une Rally2 ! Le natif de Deindenberg constitue assurément l’avenir du rallye belge, et le meilleur est à venir…
« Bien sûr, cette erreur à Ster est difficile à digérer. Nous avons attendu 8 minutes avant le départ, ce qui a refroidi les pneus et je me suis fait surprendre dès le premier freinage. Nous avons glissé tout droit dans un champ et je n’ai pas tout de suite retrouvé le chemin vers la route. Cela nous a coûté presque une minute. En plus, nous avons encore perdu du temps à cause de trois crevaisons. Dommage, mais je ne m’attendais pas à pouvoir me battre pour la victoire. Je visais un Top 5, mais dès le départ, je me suis senti très à l’aise et les chronos étaient au-dessus de mes attentes. Donc, je pense que je peux être fier de cette troisième place, » a ainsi déclaré la révélation Tom Heindrichs.
Derrière, les autres ont voulu avant tout venir à bout d’un tracé particulièrement viril. Tom Rensonnet (Hyundai i20 N Rally2) a offert un nouvel accessit à l’équipe Lifelive Motorsport après la sortie de route éliminatoire de Cédric De Cecco dans Theux 2 ! Quant à Thomas Martens (Citroën C3 Rally2), l’autre jeune loup très surveillé durant ce week-end, il se distinguait par un scratch impressionnant lors de l’ultime spéciale de samedi, sous la pluie et dans l’obscurité de Fays Show, avant de récidiver le dimanche, pour finalement compléter le top 5.
Objectif arrivée
Pour sa première apparition au volant de la Porsche 992 Rally GT, Romain Delhez est monté en puissance au fil des spéciales, se jouant de conditions très délicates. Il a pris la 6e place finale, devançant un Thibaud Mazuin (Skoda Fabia RS Rally2) très solide d’un bout à l’autre du week-end, John Wartique (Porsche 992 Rally GT) au volant d’une Bavaroise qu’il a surtout tenté de rendre la plus efficace possible dans ces conditions, l’Allemand Björn Satorius (Toyota GR Yaris Rally2) séduit par les difficultés de cette finale belge, et Emile Breittmayer (Citroën C3 Rally2), qui a connu un week-end avec des hauts et des bas.
L’une des performances du week-end est à mettre à l’actif de l’Allemand Colin Dünker (Ford Fiesta Rally4), qui a non seulement dominé la classe RC4, tout en achevant l’épreuve à une spectaculaire 11e place finale devant les RC2 de Loris Nuyts (Skoda Fabia R5 Evo), Harry Bouillon (Skoda Fabia R5 Evo), Richard Pex (Skoda Fabia RS Rally2) et Manu Gonay (Citroën C3 Rally2) ! (rédigé avec CP)
