Exclusif : Visite des réserves du musée Alfa Romeo d’Arese : l’envers du décor !

Tous les musées possèdent des réserves car il est impossible d’exposer l’ensemble de ce qui est en leur possession. C’est bien évidemment aussi le cas du musée Alfa Romeo… les voitures exposées sont certes les plus représentatives de l’histoire de la marque mais les prototypes ne manquent pas dans les caves ! Nous avons pu récemment le découvrir, suivez-nous pour une visite guidée unique en son genre ! (Texte et photos: Dimitri Urbain)

Cette Alfetta 1750 de 1973 a parcouru 26.000 km en un mois, reliant le Cap Nord au Cap Sud, emmenée par trois pilotes.

Ces voitures sont entretenues et maintenues en état par une équipe de spécialistes et sortent sur la piste entourant le musée depuis 2015. Elles représentent pas moins de seize thèmes, depuis les origines de la marque jusqu’aux grands prix en passant par des prototypes, des voitures de grand tourisme ou… des 4X4. En outre, différents moteurs, des maquettes du Centro Stile, des trophées et des œuvres d’art complètent la collection. Le musée abrite également un centre de documentation qui contient l’équivalent de 6 km de document, photos, plans…

En 1976, ce prototype est exposé au MOMA (Musée d’art moderne) de New-York. Signé Giugiaro et basé sur une plateforme d’utilitaire F12, il imagine le taxi new-yorkais de l’avenir… il préfigure ce que seront les monospaces de la décennie suivante.
L’AR 146 « Magnagona » date de 1985. Il s’agissait d’un prototype de véhicule militaire équipé d’un moteur Diesel VM4 cylindres de 2 litres mais il n’a pas dépassé le stade des études.
Ce pick up est basé sur une 164 Q4 à moteur V6 3 litres de 231 Ch. Il a été transformé par Alfa Romeo pour le service incendie du circuit de Balocco.
Cette 164 Pro-Car est une F1 déguisée ! Datant de 1988, elle utilise un V10 de 3500 cm3 et pas moins de 600 ch la propulsant à 340 km/h. La réglementation du championnat Pro-Car obligeait les constructeurs à utiliser une carrosserie identique à un véhicule de série produit à raison d’au moins 25.000 exemplaires par an tandis que la mécanique suivait la réglementation de la F1 de l’époque : 3500 cm3 et douze cylindres maximum. Alfa a donc ressorti le V10 qui avait été préparé pour l’équipe Ligier peu de temps avant et c’est Brabham qui a conçu le châssis avec une cellule centrale accueillant le pilote et la mécanique en position centrale arrière. Celle-ci a une structure en nid d’abeille associant l’aluminium et le Nomex, recouverte d’éléments en fibre de carbone. La « carrosserie » réalisée en matériaux composites est en deux parties. Elle a été pilotée très brièvement par Ricardo Patrese avant l’arrêt prématuré du championnat.
Sur la gauche, le prototype Zagato 2600 SZ de 1965. Par rapport au premier prototype datant de 1963, celui-ci a été modifié, surtout à l’avant où les prises d’air ont été déplacées derrière la lame de pare-chocs. 105 exemplaires en ont été produits sur une durée de deux ans seulement, son prix élevé de 25% qu’une 2600 Sprint en ayant limité la diffusion. A droite, c’est l’Alfasud Caimano, un prototype signé Giugiaro et présenté lors du salon de Turin 1971. Il est basé sur l’Alfasud de série et utilise un moteur boxer 1200 cm3 de 63 ch.
Entre 1919 et 1924, Alfa a produit quelques centaines de tracteurs agricoles, sous licence du constructeur américain International Harvester. Le Titan utilise un moteur bicylindre de… 8690 cm3 et sa puissance est de 20 ch à seulement 500 tr/min.
Cet AR 51 « Matta » 1900 de 1951 a servi de véhicule d’assistance sur les 26.000 km du raid de la paix en 1951.
La cuisinière Type 19.51 /41 date de la fin de la seconde guerre mondiale, une époque où Alfa Roméo tentait de diversifier au maximum ses productions pour survivre. L’usine du Portello était en partie détruite et produisait alors également du matériel de chemin de fer et… des volets roulants ! Cette cuisinière fonctionne à la fois au gaz et à l’électricité et comporte une grande casserole intégrée destinée à cuire des pâtes !
Ce prototype est le Type 103 ou « Piddochio » qui date de 1960 et anticipe le style de la future Giulia. Il est équipé d’un moteur quatre cylindres de 900 cm3 qui entraine les roues avant. Les grandes lignes du projet avaient été figées dès 1955 et le choix d’un moteur en alliage à double arbre à cames en tête étudié par l’ingénieur Busso et monté transversalement à l’avant est arrêté en 1958. La carrosserie était celle d’une berline et assez carrée. L’objectif était de ne pas dépasser un poids de… 660 kg ! La suspension avant fait appel à une double triangulation tandis qu’à l’arrière ce sont des bras tirés qui officient, avec un tirant transversal. Le freinage utilise des disques à l’avant, l’ensemble étant alors d’une modernité incroyable !
En 1966, le président de la république italienne Giuseppe Saragat visite les usines d’Arese. Pour l’occasion, le carrossier Colli, déjà auteur des breaks Giulia majoritairement utilisés par les Carabiniers, réalise deux Giulia Torpedo. Après ce service officiel, elles sont remisées au musée et sont toujours utilisées pour différents évènements.
Prototype SE 048 SP groupe C, de 1989. Créée autour du V10 Alfa, ce prototype a été ensuite modifié pour accueillir un V12 Ferrari mais n’a jamais couru.
En 1983, Alfa monte le V6 de la grande berline 6 dans le coupé GTV. Il devient ainsi GTV6 et avec 158 ch sous le capot il accroche les 204 km/h. Il se reconnait immédiatement au bossage de capot et aux pare-chocs synthétiques plus enveloppants.
Aux côtés de la Disco Volante cabriolet est également sorti un coupé. Equipé lui aussi d’un quatre cylindres 1900 cm3 de 158 ch, ses qualités aérodynamiques lui permettent d’accrocher 225 km/h en pointe. Au final, quatre voitures ouvertes et cet unique coupé sont assemblés. Quelques années plus tard, il inspirera William Lyons pour créer la… Jaguar E.
En 1972, Pininfarina utilise la plateforme de l’Alfetta pour créer un coupé avec toit démontable façon Targa, dans une perspective de commercialisation aux USA. Trois ans plus tard il en dérive ce prototype Eagle, à l’esthétique profondément modifiée, surtout à l’arrière. Le moteur est dans les deux cas un quatre cylindres 1750 cm3 de 122 ch.
Scarabeo de 1966. Le châssis est dérivé de celui de la 33, les suspensions avant sont d’origine Renault 8 et le moteur provient de la GTA et est monté transversalement. A cette époque, Renault vend Alfa Romeo en France et Alfa vend des Renault en Italie… la Dauphine transalpine est une Alfa Roméo, tout comme la R4 ou encore des camionnettes Saviem qui sont rebadgées. La carrosserie est signée OSI. Deux coupés ont été assemblés et une barquette qui n’a jamais été terminée.
Le Sprint V6 est équipé d’un moteur centrl de 158 ch et atteint 215 km/h. En outre, il est équipé d’une transmission intégrale et se distingue par ses ailes subtilement gonflées. Deux exemplaires ont été assemblés en 1982 mais aucune suite commerciale n’a été mise en place, malheureusement.
Une magnifique collection de maquettes de style de grande taille est également abritée dans les réserves du musée… de quoi faire le bonheur de plus d’un amateur qui, comme nous, verrait bien l’une ou l’autre sur sa cheminée ou sa table de salon !
Osella- Alfa Romeo PA 16 de 1991. Les barquettes équipées du V6 Alfa ont connu une très longue carrière, tant en 2,5 l qu’en 3 litres, comme celle-ci. Elle dispose de 230 ch.
Très longtemps, un des slogans préférés d’Alfa a été « la berline qui gagne des courses ». En voici trois exemples, avec à gauche une 75 Turbo Evoluzione de 1988 avec… 400 ch sous le capot, sa vitesse de pointe est de 270 km/h. A ses côtés deux versions de la 155 V6 qui ont courru en DTM mais sans grand succès malheureusement.
La GP Tipo B Aerodinamica de 1934. Equipée d’un huit cylindres en ligne de 2905 cm3, ses 255 ch la propulsent à 262 km/h. Sa carrosserie étrange n’en était pas moins très efficace et elle a remporté une course sur le circuit de l’Avus, en Allemagne.
La 750 Competizione de 1955 utilise un moteur de Giulietta modifié et passé à 1,5 litres. Il développe 145 ch et la voiture atteint 220 km/h en pointe. Son châssis a été développé en collaboration avec abarth et sa carrosserie est signée Boano. Malheureusement, la rigidité de l’ensemble était insuffisante et les différents renforts l’ont finalement considérablement alourdie, ce qui a stoppé le projet après deux prototypes seulement.
Ces deux maquettes aérodynamiques représentent deux époques et sont entourées de moteurs et différents trophées historiques.
Inspirée par le célèbre Discobole, ce trophée était destiné à Giuseppe Luraghi. Il fait le lien entre la tradition antique et la modernité d’Alfa Roméo, symbole du miracle économique italien des années 50 et 60.
Durant toute son histoire, Alfa Roméo a remporté de nombreuses victoires, tant en course qu’en concours d’élégance, sur route ou… sur l’eau ! Une partie est exposée et une autre se trouve dans les réserves. De quoi remonter le temps en les associant aux voitures les plus emblématiques de la marque.

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