Nous sommes tous confrontés à la réalité du réchauffement climatique. En qualité de conducteurs de véhicule individuel, nous avons des responsabilités à prendre en matière de choix de véhicule, d’impact écologique et d’attitude au volant. Oui, mais lesquelles ?
Chaque jour, la société nous martèle d’informations contradictoires et invérifiables sur ces sujets. Cette avalanche de données influence notablement notre libre choix et peut provoquer un quiproquo qui renforce notre sentiment de culpabilité. Un choix qui doit pourtant et avant tout être guidé par l’usage que nous faisons de notre véhicule. Pour les théoriciens du complots, lobbyistes du pétrole ou défenseurs des terres rares, sachez que nous n’aborderons pas ces sujets aujourd’hui et que nous avons choisi de nous concentrer sur la conduite d’un véhicule hybride. Pour les grands débats, c’est ailleurs…
Au Rédacteur Auto, nous aimons les voitures qui font « vroum » et nous plaidons coupables. L’idée de rouler en électrique ne nous a jamais paru excitant tant l’impression d’être constamment « sur la réserve » nous paraissait inévitable. Les temps changent et nous devons nous adapter afin d’éviter le bon vieux « c’était mieux avant » et de faire face aux enjeux écologiques actuels. Mais la solution électrique est-elle la meilleure ? Pas sûr. C’est certainement une direction transitoire vers d’autres solutions à éprouver. Mais il faut admettre que les dernières propositions du marché en full électrique et en plug-in hybride paraissent désormais plus séduisantes et technologiquement plus abouties.
Au volant d’un best-seller
Penchons-nous sur un spécimen Plug-in Hybride récent et best-seller des SUV : la Volvo XC60 T6 Recharge. Le véhicule que nous a confié Volvo Belux est un modèle 2022. Les changements visibles se concentrent sur les pare-chocs et l’intégration d’une nouvelle interface d’info divertissement développée en collaboration avec Google. Le catalogue évolue aussi avec une simplification du nombre de packs et une dotation de base plus généreuse… malheureusement accompagnée d’une augmentation des tarifs. Rayon électrification, notre modèle d’essai est équipé de la nouvelle batterie 3 couches (102 cellules) d’une capacité de 18,8 kWh. Cette batterie est accouplée à un moteur électrique développant 145 ch. L’ensemble permet une utilisation réaliste en full électrique de 60 km.
Les 78 km annoncés par le constructeur sont atteignables sur un parcours exclusivement urbain mais réservés aux « extrémistes » de l’Eco-conduite. Il est à noter que ni l’emplacement de la batterie -en position centrale entre les deux passagers avant-, ni l’ajout du moteur électrique sur l’essieu arrière ne réduisent la capacité du réservoir de carburant. Cette XC60 conserve un bidon de 72 litres d’essence lui autorisant un rayon d’action très large. Il en va de même pour la capacité du coffre qui ne souffre que d’une très légère réduction à la suite de l’ajout de l’électrification.
Une seule pédale à la demande
Une autre innovation est l’intégration de la fonction One Pedal activable par le mode de conduite « B » du levier de vitesses. Ce mode pousse la régénération au maximum et la pédale d’accélérateur devient un compensateur entre accélération et régénération. Niveau confort et ambiance, nous sommes bien à bord d’un cocon Volvo. Le silence de fonctionnement du groupe motopropulseur renforce le sentiment de quiétude présent dans les véhicules électrifiés et plus encore dans une Volvo. Cette nouvelle motorisation ferait presque oublier que nous sommes aux commandes d’un gros SUV de plus de 2 tonnes. Chaque sollicitation de l’accélérateur renvoie une réponse immédiate. C’est très gratifiant et très dynamique. Mais il ne faut pas rêver, les lois de la physique nous rattrapent en virages et lors de freinages répétitifs. Normal, cette Volvo n’est pas une ballerine et n’a pas pour vocation d’être la reine de l’agilité. Cependant, l’action du module électrique sur le train arrière rend plus ludique le placement en entrée de virage et lors de longues courbes, améliorant par conséquent l’agilité.
Tout faire soi-même
Comme pour tous véhicules plug-in hybride, il embarque en permanence une batterie performante mais lourde. Afin d’atteindre le meilleur rendement énergétique, il convient de respecter deux règles : Recharger la batterie le plus souvent possible et adopter une conduite ECO. Sans cela, c’est tout le concept qui se casse la figure et la consommation -surtout thermique- qui s’envole vers des sommets vertigineux. Fort de ces recommandations, nous avons parcouru au total plus de 1.000 km durant l’essai. Notre consommation moyenne a atteint 4,9 l/100 de super 95. Nous avons profité de 4 recharges électriques complètes et usé de toute notre « science » de l’ECO conduite tout en gardant un rythme réaliste et sécuritaire. Avec une batterie complètement déchargée, nous n’avons jamais dépassé les 8 l/100, ce qui met en évidence la sobriété du moteur thermique et la qualité de régénération du module électrique (Alterno-démarreur de 40kw).
Lors de journées à petits déplacements, nous sommes restés sous la barre du 1 l/100. Avec un moteur thermique de 253 ch (310 ch pour la T8) et une puissance cumulée de 350 ch (455 ch pour la T8), la tentation est grande d’en profiter. Mais cette tentation se fera au détriment de la consommation. Qui peut le plus, peut le moins. On ne va pas se plaindre d’en avoir trop ! Sauf peut-être lorsque cette puissance a un lourd impact sur les taxes. Côté fiscalité, le taux de CO2 de 28g/km (WLTP) devrait permettre une déductibilité maximale. Et en ce qui concerne l’achat, comptez 64.650€ avant d’avoir choisi le moindre pack…
Dis Google : « Que penses-tu de ton système Android automotive ? »
Les utilisateurs de l’ancien système Sensus ne seront pas -trop- dépaysés. Le nouveau système d’exploitation Android Automotive, développé en collaboration avec Google, reprend le principe des menus de Sensus en y ajoutant une touche de modernité et de réactivité. Sans surprise, les cartes de la navigation sont claires et intuitives. Les menus sont évolutifs et les app téléchargeables (sauf Waze !) nous rapprochent plus encore de l’expérience smartphone. Le système « fait le job », mais en comparaison avec ceux d’autres constructeurs « premium », il donne comme un sentiment d’inachevé. Par exemple, mise à part une jauge en guise de compte tours, les outils d’assistance à l’Eco conduite ne sont pas évidents à identifier et nous ont paru inexistants.
Ce manque nous a permis de mettre en avant notre talent d’ECO pilote mais sera peut-être un handicap pour les conducteurs moins aguerris aux règles d’économie de carburant. Autres exemples : la disparition de la molette de changement de mode de conduite, le manque de certaines informations dans l’écran « conducteur », la mauvaise compatibilité avec le monde Apple, quelques incohérences entre les menus et l’absence de raccourcis… Mais restons confiants, il est certain que le service de mises à jour embarqué OTA (over-the-air) qui équipe toutes les nouvelles Volvo permettra à la machine Google, à la façon de Tesla, de peaufiner son produit au fil du temps.
Conclusion
L’augmentation de la capacité des batteries des modèles Plug-in hybrides offre une véritable alternative aux conducteurs qui sont prêts à jouer le jeu de l’électrification en limitant le stress lié à cette technologie. Le véhicule offre une capacité électrique pour couvrir aisément 60km (soit le kilométrage moyen quotidien), tout en ayant une réserve pour parcourir des centaines de kilomètres supplémentaires si nécessaire. La Volvo XC60 T6 Recharge correspond exactement à cette description avec en plus le confort et la qualité de fabrication bien connue d’une Volvo. Il ne reste plus qu’à mettre l’interface Google « au niveau » et le tableau ne sera pas loin d’être parfait. (Texte: Benoît Sonveau – Modèle illustré: Volvo XC60 Recharge T8 AWD, Thunder Grey)
