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Essai : Land Rover Defender 90 SE 200 PS Auto : de père en fils

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Le Defender, c’est une institution, le pendant européen de la légendaire JEEP. Il est sur les pistes et chemins depuis la fin des années 40, sous une forme ou une autre. Apparu lors du Salon de Francfort 2019, le Defender actuel est-il toujours à la hauteur de l’image de la génération précédente ? (Texte : Dimitri Urbain, Photos : Pierre Fontignies)

SUV ou… 4X4 ? Aucun doute, le Defender est un vrai 4X4, avec des capacités de franchissement importantes et de réelles qualités routières, un compromis très réussi.

Gerry McGovern, le patron du style Land Rover a dû connaître quelques nuits blanches… Comment remplacer le bon vieux Def ? Comment ne pas s’aliéner toute une partie de sa clientèle tout en essayant de l’élargir au maximum ? Lors du Salon de Francfort 2011, la marque a présenté le prototype DC 100. Celui-ci a déclenché les passions, dans les deux sens, avec autant d’amateurs le trouvant réussi que raté et indigne de succéder au Defender… Il a fallu attendre le salon de Francfort 2019 pour enfin découvrir le nouveau Defender. Les éléments de base de la version originelle sont bien entendu conservés : la forme générale avec un pare-brise quasiment vertical, des flancs bien lisses, le déhanchement emblématique sur le haut des ailes arrière, des vitres à la hauteur réduite et des ouvertures vitrées allongées dans les côtés du pavillon, à hauteur des places arrière. Cette génération de Defender est assemblée dans l’usine de Nitra, en Slovaquie. La carrosserie (collée et rivetée) est toujours en aluminium. Elle repose sur la plateforme D7 de chez JLR, commune à tous les modèles équipés d’un moteur longitudinal. Ici, il s’agit de la D7x, le « x » indiquant qu’elle est adaptée au 4X4. Elle reçoit des berceaux avant et arrière en acier. Equipée d’une suspension pneumatique, elle peut entrer dans une rivière d’une profondeur allant jusqu’à 90 cm sans problème. Celle-ci fait merveille tant sur route, empêchant une prise de roulis excessive, qu’en tout terrain. Elle assure un confort d’excellent niveau en toutes circonstances.  

La version 3 portes de la génération actuelle est plus longue qu’un ancien 110 mais le confort intérieur et l’ergonomie n’ont plus rien à voir… tout comme les équipements !

Pour JLR, le Defender est un vrai 4X4 plutôt qu’un « simple » SUV… A 4,58 m de long le nouveau 90 est aussi long que l’ancien 110. Il mesure 2 m de large pour une hauteur de 1,97 m. On est loin de la compacité de la version précédente. La version qui nous occupe est équipée d’un moteur six cylindres de 2996 cm3 et 24 soupapes. Ce moteur développe 200 ch à 4.000 tr/min pour un couple de 500 Nm disponible de 1250 à 2.500 tr/min. Mais comme il doit entraîner une masse de plus de 2.300 kg, on a souvent l’impression qu’il faut du temps pour que la puissance arrive et… qu’un peu plus ne ferait pas de tort. Ce moteur est associé à une excellente boîte automatique 8 rapports. Il autorise une vitesse maximale de 175 km/h et un 0 à 100 km/h en un peu plus de 10 secondes. Les valeurs de consommation NEDC sont comprises entre 6,5 l et 9,4 l/ 100 km tandis que les émissions de CO2 varient entre 172 et 247 gr de CO2 au km. Au cours de notre essai d’environ 1.000 km, nous ne sommes pas descendus sous les 9 l/ 100 de moyenne. Le réservoir fait 89 litres, le plein dépasse donc les 130 € ! Les tarifs débutent à 53.600 € TVAC, le Defender 90 SE 200 de notre essai, avec options, coûte 75.331 €.

Il n’a pas été facile pour Land Rover de remplacer une légende… de nombreux éléments et détails ont évolué. Néanmoins, il est toujours possible de reconnaître le Defender au premier regard, du déhanchement des ailes arrière aux petits feux en passant par la vitre latérale de toit.

Chic et résistant aux chocs

A l’intérieur, on hésite entre luxe et aspects pratiques. Les habitués de la génération précédente seront heureux de retrouver leurs marques avec de la tôle peinte visible, des vis de fixation apparentes, des poignées de maintien et un combiné de bord évocateurs. Pour le luxe il y a du cuir, pour le pratique c’est facilement lavable. Sous les tapis, c’est un revêtement plastique. Tant la qualité des matériaux que l’assemblage sont ici clairement dans une autre catégorie que la génération précédente. Pensons aux commandes de chauffage… ici, ce sont des affichages digitaux avec des boutons rotatifs qui respirent la qualité, terminé les bonnes vieilles tirettes en plastique bas de gamme. Bien évidemment, rien à voir avec un Range Rover ou un Velar mais c’est quand même un cran au-dessus que certains de ses rivaux comme le Jeep Wrangler ou le Land Cruiser, par exemple. Histoire de faire penser à un Land Rover plus ancien, il est même possible d’obtenir un troisième siège central à l’avant. Cependant, il ne servira que peu et uniquement à des enfants. La position de conduite est confortable, le volant plutôt grand mais c’est agréable et utile en conduite tout terrain. La vision est bonne, au travers du pare-brise et des portières, c’est moins le cas vers l’arrière. Heureusement que les différentes caméras sont là pour faciliter les manœuvres. L’écran central offre une excellente vision sur différents menus et affichages, même si naviguer entre les différentes propositions n’est pas toujours aisé ni facile (nous avons dû nous arrêter au bord de la route afin de retrouver comment passer d’Apple CarPlay à la radio DAB+…) L’installation audio Meridian nous a laissé un peu sur notre faim, malgré les 400W annoncés.

L’écran central est assez grand et offre de nombreux menus. Leur utilisation demande toutefois un peu d’habitude et… on finit par se demander si tout cela est toujours bien utile.

J’aime bien

Le Defender a conservé un look personnel et reconnaissable entre mille. Il a profondément évolué, délaissant un côté utilitaire au profit d’un équipement tout à fait actuel et il offre un confort qui n’a d’égal que sa facilité d’utilisation en toutes circonstances. Bien né, son châssis moderne peut aisément encaisser une puissance bien supérieure aux 200 ch de notre véhicule d’essai.

Plutôt malin

Le rétroviseur intérieur utilise la caméra arrière afin de faciliter les manœuvres. Land Rover a même breveté un système pour faciliter les manœuvres avec une remorque. Le Defender peut tirer jusqu’à 3500 kg sans broncher : bateau, chevaux ou voiture de course seront des compagnons naturels pour lui. Il se comporte comme une voiture plus petite et plus légère, la direction, les suspensions et le freinage sont sécurisants et donnent entière confiance pour affronter n’importe quelles conditions de roulage.

Le tableau de bord est complet, l’ergonomie soignée, la qualité des matériaux et leur assemblage sont bien meilleurs que pour la précédente génération. Tout comme à l’extérieur, impossible de se tromper, il s’agit bien d’un Defender. Le grand volant est bien utile en conduite tout terrain !

J’aime moins

Les sièges électriques c’est idéal pour trouver la position idéale en quelques secondes, par contre, quand il s’agit de les avancer ou les reculer pour faciliter l’accès aux places arrière, ça prend un temps considérable, surtout sous la pluie. Quelques détails de finition intérieure et des ajustages de carrosserie sont approximatifs. Si ça pouvait être considéré comme faisant partie du charme de l’ancienne génération, ce n’est plus le cas ici, surtout au vu des tarifs pratiqués.

Pourquoi je l’achète

Polyvalent, le Defender 90 n’est pas petit… mais il passe quasiment partout, même en ville, où ses différentes caméras et la position de conduite élevée sont une aide précieuse pour se garer. Il marie à la fois confort et un certain luxe avec des capacités de franchissement et des aptitudes en tout terrain qui lui permettent de se tirer de toutes les situations. Il a conservé le côté débrouillard sur route et en tout terrain de son prédécesseur. La direction est douce, avec du répondant et se contente de 2,7 tours de butée à butée. Bien entendu, ce n’est pas une sportive mais au vu de son gabarit, le Defender 90 fait preuve d’un excellent comportement routier, vire à plat et fait preuve d’une souplesse sans égale au vu de son gabarit. Sur route, il y a parfois une tendance au roulis mais qui n’est jamais trop marquée. En tout terrain, c’est la facilité d’utilisation du Defender qui surprend. Le « Terrain Response System » s’occupe de tout, de la réactivité de la pédale d’accélérateur au contrôle de stabilité, tout semble se passer naturellement et être d’une facilité déconcertante. La suspension pneumatique permet au Defender de disposer de jusqu’à 291 mm de garde au sol. L’angle d’attaque est de 38° tandis que l’angle de fuite est de 40°, des valeurs qui lui confèrent des capacités de franchissement de haut vol.

En version 200 ch, le six cylindres 3 litres offre un couple de 500 Nm dès 1250 tr/min. Vu le poids de l’engin (2,3 tonnes…) on a toujours un peu l’impression que la cavalerie n’est pas complète. Le Defender est à l’aise sur route et permet de tracter jusqu’à 3,5 T sans broncher. La boîte automatique est une vraie réussite.

Pourquoi je ne l’achète pas

Ses tarifs élitistes ne le mettent évidemment pas à la portée de tout le monde ! Avec le jeu des options, la facture grimpe vite… ce qui, quelque part, le rend cher mais qui a aussi l’avantage, pour Land Rover, de réduire très fortement sa concurrence potentielle ! Nous avons hâte de pouvoir le comparer à un Ineos Grenadier. Et attendons de voir comment la clientèle traditionnelle du Defender va réagir : va-t-elle rester fidèle à Land Rover et à son évolution ou passer à la concurrence qui a fait évoluer le concept originel du véhicule de façon différente, en respectant plus l’esthétique du Defender produit jusqu’il y a quelques années ? Par rapport à son ancêtre, on peut vraiment se demander si c’est bien « raisonnable » de le mettre dans la boue ou le sable, de filer dans les sous-bois. Le prix d’un rétroviseur ou d’un pare-chocs à remplacer aura certainement de quoi freiner les ardeurs. La version 90 est relativement spacieuse à l’arrière mais l’accès n’y est vraiment pas aisé. La porte arrière à ouverture latérale réduit l’accès au coffre et les formes de la carrosserie favorisent les coulées de pluie à l’intérieur une fois les portières ouvertes.

La roue de secours implantée sur la porte arrière ne facilite pas la vie du conducteur. Fort heureusement, les différentes caméras permettent de placer le Defender au millimètre.

En conclusion, le Defender permet à n’importe quel chauffeur inexpérimenté en tout-terrain de s’en sortir avec les honneurs, grâce à toute une panoplie d’aides électroniques. L’intérieur est confortable et accueillant, offrant une grande quantité de rangements disposés judicieusement. Sa tenue de route et son comportement routier sont agréables et donnent envie de l’utiliser longtemps. A la différence de nombre de ses rivaux, il reste silencieux, souple et fun, agréable et il procure un véritable plaisir de conduire. Quoi que vous lui demandiez, conduire les enfants à l’école, abattre des kilomètres sur autoroute ou visiter des chantiers, le Defender s’acquittera de sa tâche avec beaucoup de compétence et vous permettra de voyager dans un grand confort. C’est un peu un couteau suisse, capable d’affronter différents terrains avec une facilité déconcertante. Certes, il n’est pas donné, il boit beaucoup, son entretien risque de coûter cher mais… quelle réussite quand même ! (Texte: Dimitri Urbain – Photos: Pierre Fontignies)

Les formes du coffre sont très régulières mais sa taille est réduite, au profit de l’espace réservé aux passagers arrière. La suspension pneumatique permet de modifier la hauteur de caisse depuis l’arrière, ce qui facilite l’accès.
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