Ferrari annonçait il y a quelques mois qu’à terme toute sa production serait hybride ; avec déjà un taux de l’ordre de 60% dès… 2022. Soit dans quelques mois ! Ce qui veut dire qu’il s’agira donc d’abord de modèles « accessibles », puisque représentant la majorité des ventes de la marque. (Texte: Dimitri Urbain)

Hybridation, pas électrification
De plus en plus de constructeurs passent à des motorisations électriques, même pour des véhicules très sportifs. Du côté de Ferrari, la marque ne veut pas perdre l’interaction existant entre la voiture et le pilote. Celui-ci doit toujours se sentir aussi impliqué et percevoir la voiture autour de lui. La transmission des informations dans la direction et les différentes commandes est un élément essentiel de l’expérience de conduite, du pilotage. Il faut également le faire vibrer et que ses émotions restent bien présentes, même une fois le moteur coupé. Comment donc ne pas évoquer ici la « signature » d’une Ferrari, son bruit à l’échappement ?

Aucune électrique, aucun artifice ne remplacera jamais ce qu’un passionné ressent à l’écoute de cette musicalité. Donc, tant que la législation le permettra, nous pouvons être certains que Maranello continuera à produire des véhicules à moteur thermique. Par contre, l’hybridation peut se révéler un avantage : le couple instantané permet de compenser celui qui manque dans un moteur thermique de cylindrée réduite, qui développe une puissance élevée grâce à un ou plusieurs turbocompresseurs. Autre avantage, l’hybridation permet également de masquer le temps de réponse de ceux-ci, même s’il est très réduit. Et c’est sans parler d’un probable gain de poids, par rapport à une électrification complète pour garantir un comportement digne de la marque. Nous y sommes donc…

Un nouveau V6
Conformément à ses objectifs, Ferrari compte élargir sa gamme actuelle et accueillir pas moins de deux nouveautés hybrides : un coupé à moteur central, connu à l’interne sous le matricule F171, et le Puro sangue, destiné à développer les ventes de la marque sur un nouveau créneau. A la différence du Lamborghini Urus ou du Maserati Levante, il ne devrait pas être un SUV genre camionnette mais plus un SAV pour « Sport Active Vehicle ». En clair, un break surélevé, avec des capacités de franchissement correctes en tous chemins, plutôt qu’un gros 4X4. Tous deux seront animés par un nouveau V6 à 120° de 3 litres de cylindrée, à double turbo et associé à un dispositif d’hybridation légère. La puissance devrait avoisiner les 600 ch. Impossible de ne pas voir cette F171 comme… l’héritière de la Dino, en entrée de gamme. A la différence de la SF90, le train avant ne sera pas motorisé avec un moteur électrique. Il sera monté en série sur le moteur thermique, de l’autre côté de l’embrayage, et offrira une autonomie de l’ordre de 20 à 40 km en mode électrique seul. Un V à 120° dégage un bel espace au centre du bloc moteur, entre les bancs de cylindres : de gros turbos et une tubulure d’échappement optimisée y trouveront place sans problème. Les tubulures d’admission seront, elles, situées en dehors du V, à l’inverse du V8 actuel de la marque.

Garantir l’accès dans les ZAL
L’hybridation permettra à cette Ferrari de pouvoir toujours circuler dans des environnements urbains de manière silencieuse et écologique pour mieux résonner sur un circuit ou dans la campagne ! Le châssis ne sera pas en fibre de carbone mais bien en aluminium. Léger, son empattement sera plus court que celui de la F8, afin de compenser le poids plus élevé dû à l’hybridation. Utiliser un V6 plutôt qu’un V8 diminue bien entendu le poids du groupe motopropulseur et permet aussi d’instaurer une certaine « hiérarchisation » de la gamme. Le V8 sera réservé aux coupés à moteur avant, comme la Roma, ainsi qu’à une hypercar style SF90, avec une hybridation lui permettant d’aller flirter avec les 1000 ch. Une F8 hybride avec un moteur électrique positionné à l’avant et une puissance de l’ordre de 750 ch pourrait aussi s’ajouter à la gamme. A terme, F171 et Purosangue pourraient représenter plus de 15.000 ventes par an pour Maranello. Depuis plusieurs années, Ferrari clame que descendre en gamme n’est pas rentable : cela bloquerait des capacités de production, sans pour autant amener un niveau de rentabilité suffisant. Néanmoins, la démarche serait similaire à celle que met en place McLaren actuellement, avec l’Artura, qui arrive sous la 720S. Et des « premiers prix » plus proche de la barre des 200.000 € que des 150.000 !

La « Dino », un modèle d’accès ?
Conçue comme modèle « d’accès » dans les années 60, (et popularisée par Tony Curtis dans son rôle de Dany Wilde pour la série « Amicalement Vôtre ») la Dino a été longtemps perçue comme une « sous-Ferrari ». Ce qui n’est plus le cas maintenant, ses qualités sont bien celles d’une Ferrari et sa valeur s’est envolée depuis belle lurette. Son moteur s’est également retrouvé sous le capot de l’illustre Lancia Stratos, tout comme des coupés et cabriolets Fiat Dino, signés Pininfarina et Bertone. Il y a néanmoins peu de chances que la F171 réutilise ce patronyme mais dans l’esprit, la filiation est assez directe. Et Stellantis pourrait réutiliser ce moteur sous d’autres capots… Maserati, Alfa, voire Lancia ? Ou même DS ? (Texte : Dimitri Urbain)
