Et non, Nicolas ne montera désormais plus aux côtés de Thierry dans l’habitacle de la Hyundai i20 Coupé #11. A la veille de la première manche du Championnat du Monde des Rallyes 2021, traditionnellement disputée au Monte-Carlo, la tornade survenue chez Hyundai Motorsport est venue secouer un landernau encore endormi par la courte trêve hivernale, un mois après le dernier rallye disputé du côté de Monza. Que faut-il attendre de ce premier rallye de la saison ?
La séparation entre Thierry Neuville et Nicolas Gilsoul, après dix ans de cohabitation, a alimenté les réseaux sociaux où tout le monde y est allé de sa petite analyse personnelle en prenant le parti de l’un ou de l’autre comme souvent en cas de séparation. Ce genre de divorce impromptu est habituellement engendré par des histoires de fesses ou d’argent. Les deux hommes étant rangés, on a vite compris que c’est au niveau des prétentions financières de l’Aqualien que les choses ont coincé. Toujours est-il que si ce n’était pas les meilleurs amis du monde, et ce n’est pas ce que l’on demande à un équipage jouant le titre en WRC, leurs dix ans d’expérience n’avait pas de prix. Surtout lorsqu’on se bat face à un Sébastien Ogier inaltérable ou un Ott Tanäk aux dents longues. Autant dire que le titre mondial d’un Belge en WRC s’est à nouveau éloigné pour un bon bout de temps…
Ogier favori
La crise sanitaire a obligé les organisateurs de la première manche du WRC à adapter leurs horaires et à imposer le huis clos. Ils ont dû annuler une spéciale de leur timing et oublier le shakedown mais le reste a pu être préservé. En avançant les horaires pour respecter le couvre-feu de 18h imposé sur tout le territoire français, ce qui va contrarier certains pilotes, guère habitués à débuter les hostilités aussi tôt. Le redoux a vu les routes s’assécher et la neige disparaître alors qu’elle était bien présente lors des séances d’essais organisées, la semaine dernière, par certaines équipes.
Rendez-vous donc ce jeudi, à 14h08 pour la première spéciale disputée entre Saint-Disdier et Corps sur 20,58 km. Avec le numéro 1 flanqué sur les portières de sa Toyota Yaris WRC, le français Sébastien Ogier sera le premier à s’élancer pour tenter de reprendre son bien puisqu’il avait laissé la victoire, en 2020, à notre compatriote Thierry Neuville. Déjà vainqueur à sept reprises, le septuple champion du monde aura à cœur de renouer avec la victoire afin de débuter cette nouvelle saison en marquant de suite son territoire. La Toyota Yaris WRC est probablement la meilleure voiture alignée mais il devra se méfier de ses équipier au sein de l’équipe désormais dirigée par Jari-Matti Latvala.
Evans et Tänak revanchards
Car rappelons que c’est son équipier gallois, Elfyn Evans, qui a occupé la tête du championnat durant une bonne partie de la saison dernière. Un pilote désormais en confiance qui pourrait à nouveau s’illustrer et faire oublier son erreur italienne qui lui a coûté son premier titre mondial. Les routes déneigées vont probablement le mettre en confiance même s’il faudra toujours se méfier des plaques de glace surtout si les spéciales sont disputées à l’aube ou presque. Troisième élément talentueux du Toyota Gazoo Racing, le jeune finlandais Kalle Rovanpera (20 ans) sera un soutien précieux pour ses deux équipiers et devrait briller à l’une ou l’autre occasion.
Auréolé d’un second titre constructeur en 2020, Hyundai Motorsport peut compter sur de solides équipages. On a déjà parlé de Thierry Neuville, vainqueur ici en 2020, et qui devra prendre ses marques en compagnie de Martijn Wydaeghe, un néerlandophone de 29 ans qui ne nous a jamais ébloui par sa maîtrise du français. On voit mal l’équipage de la i20 WRC n°11 jouer la gagne lors de ce premier rendez-vous… En revanche, Ott Tänak devrait s’immiscer rapidement au milieu des petits bolides rouge et noir s’il parvient à faire abstraction de sa grosse sortie, ici même, douze mois plus tôt. Certains observateurs ont prétendu que ce crash l’avait poursuivi durant la saison 2020 et qu’il avait perdu de sa superbe alors qu’il a signé une victoire chez lui, en Estonie et des deuxièmes places en Suède, au Mexique et à Monza. Bref, on mise sur lui sans hésiter pour un Top3 sur le rocher dimanche prochain. Enfin, le fidèle Dani Sordo sera une nouvelle fois présent pour marquer des points au classement des constructeurs et c’est bien tout ce qu’on peut espérer d’un pilote dont la longévité en WRC a toujours constitué un mystère pour nous…
Ford pour faire le nombre
Le plateau de cette édition 2021 du WRC est complété par l’écurie M-Sport qui n’a guère d’ambition depuis le départ de ses cadors à la fin de 2019. Gus Greensmith est devenu l’étonnant fer de lance de l’équipe. Il s’est déjà fait remarquer aux essais en sortant de la route. Une habitude bien ancrée chez ce jeune Britannique. Dans la deuxième voitures se succéderont le Finlandais Teemu Suninen, notamment ici au Monte-Carlo, et le Français Adrien Fourmaux copiloté par notre compatriote Renaud Jamoul, néanmoins présents au départ sur une Fiesta RC2. Une catégorie où nous retrouverons d’autres Belges puisque Cédric de Cecco et Cédric Cherain ont franchi le pas du WRC.
Pour le premier nommé, c’est une deuxième expérience après le Rallye de Monza qu’il avait terminé à la 18e place en décembre dernier. Quant au Fléronnais, il a choisi de s’allier un copilote d’expérience en la personne de Stéphane Prévot ce qui semble intelligent pour aborder un monument pareil pour la première fois. Gageons que ces deux pilotes de Skoda Fabia R5 se livreront une belle bagarre à défaut d’approcher les chronos des ténors de la catégorie que sont les Oliver Solberg, Andreas Mikkelsen et autres Yoann Bonato. N’oublions pas le sympathique Davy Vanneste, ex-pilote Autonews, au départ sur sa Citroën C3 R5 ou encore Pieter Tsjoen qui sera une nouvelle fois à la droite de Kevin Abbring dans sa VW Polo. Et l’équipe PTR engage par ailleurs de nouvelles Renault Clio RC5 pour les Belges Tim Van Parijs et Jochem Claerhout.
Des Alpine en pagaille
Enfin, les amateurs de propulsions pourront se consoler en admirant le ballet des quelques Alpine A110 engagées en R-GT avec quelques solides pointures au volant comme Cédric Robert, Emmanuel Guigou ou encore Raphaël Astier. Nous allions oublier un élément important à l’entame de cette nouvelle saison, le changement de fournisseur de pneus pour les WRC puisque Michelin s’est retiré à regret pour laisser place à Pirelli. Là aussi, cela va demander quelques ajustements au niveau des réglages ce qui pourrait réserver quelques surprises.
Vous l’aurez compris, les attractions ne manqueront pas sur ce Monte-Carlo 2021 sans spectateurs. L’ambiance va en pâtir mais on peut néanmoins se féliciter de voir que l’AMC a pris ses responsabilités tout comme les préfets des communes traversées. Car le calendrier 2021 du WRC risque encore d’être fortement chamboulé dans les prochaines semaines. Il n’est déjà plus du tout conforme à la première version publiée en 2020.
