La deuxième édition du Spa Rally a débuté pour nous, vendredi soir, par la spéciale Herve-Bolland où notre habituel dénicheur de solides passages nous a emmenés dans un endroit parfaitement situé pour déceler immédiatement les gros coeurs. Malgré l’obscurité et le brouillard particulièrement épais, rendant les conditions de pilotage plus que délicates, nous les voyions dévaler une colline en face de nous avant qu’ils ne viennent prendre un gauche suivi d’un vilain droite juste à nos pieds. Difficile de voir certains numéros mais à l’oreille et à la vue du pilotage de certains, nous savions qui passaient sous nos yeux. Le rallye la nuit, c’est toujours une ambiance particulière. Quel spectacle!
L’idée de laisser partir les historiques avant les modernes n’était pas mauvaise à condition de ne pas en avoir trop. Car c’est une véritable montée en température à laquelle nous avons assisté avec des pilotes visant avant tout à rejoindre l’arrivée suivis des vraies pointures de l’historique que sont Messieurs Maeyaert, Despa, Mylleville, Munster et Devleeschauwer ponctués par le passage, d’un niveau toujours aussi brillant, de François Duval. On dira ce qu’on voudra dans le camp d’en face, mais avoir Dudu au départ d’un rallye est toujours positif tant le garçon est attendu par tous.
Il suffit d’ailleurs de voir le nombre de vidéos et de photos de ses passages publiées sur la toile, et ce dès le vendredi soir, pour comprendre que les retombées sont totalement assurées avec la participation de François. Les organisateurs du Rallye de Wallonie peuvent d’ailleurs se réjouir puisque le Cul-des-Sartois a d’ores et déjà annoncé qu’il serait au départ de l’épreuve namuroise au volant d’une voiture moderne pour y jouer la victoire. Autant dire que le plateau des R5 risque bien d’être là aussi très généreux!
Du côté des R5 justement, on n’amusait pas le terrain en tête avec un Freddy Loix bien décidé à dégoûter très vite Kris Princen… Les deux cadors du Championnat de Belgique des Rallyes sont indubitablement un ton au-dessus mais leurs adversaires ont l’excuse qu’ils roulent moins régulièrement à l’exception de Vincent Verschueren qui semble de plus en plus à l’aise au volant de sa Skoda. Xavier Bouche, Cédric De Cecco et Guillaume Dilley ne déméritent pas en se battant pour les accessits.
A notre grand âge, il est toujours important de bien se nourrir alors nous avons choisi de nous sustenter avant de retourner à Bolland pour le second passage du vendredi. Nous choisissons un endroit mieux éclairé mais moins spectaculaire puisqu’il s’agit de l’épingle en montée dans le village. Benoît Galand, pourtant encore aussi vert que la couleur de sa VW Golf, nous gratifie d’une petite erreur mais tous les autres s’en sortent bien.
Samedi, direction la Clémentine à l’endroit-clé, The place to be, où l’on retrouve toujours les journalistes et les observateurs les plus pointus. Nous y rejoignent Cédric Cherain, victime de sa mécanique la veille lorsqu’un roulement de sa Ford Fiesta R5 le lâchait. Il préférait ne pas repartir en Rally2 pour s’offrir une séance de test supplémentaire sur la terre avant sa participation au WRC2 lors du Rallye du Portugal. Entourés des organisateurs de l’épreuve, Christian Jupsin et Carolane, sa fille, nous étions parfaitement installés pour assister au passage des bolides au milieu des arbres. Verdict identique pour notre analyse avec un Duval hors norme et des R5 diaboliques d’efficacité. A ce moment-là de la course, Freddy s’est ménagé une avance d’une vingtaine de secondes sur Princen qui semble pourtant attaquer davantage.
Mais l’oeil de Cédric éclairait la performance de Freddy Loix d’un point de vue d’expert: “Dans ce passage de la Clémentine où nous les voyons dans plusieurs virages, il est évident que Freddy a une manière bien à lui d’aborder une série de courbes. Il n’est probablement pas le plus rapide à vue d’oeil, d’ailleurs kris a déboulé du premier droit d’une manière beaucoup plus spectaculaire, mais il connaît tellement bien nos épreuves qu’il sait parfaitement où il peut perdre une petite seconde pour conserver une vitesse de passage hallucinante sur plusieurs virages. Il est d’une propreté impressionnante et il économise ses gestes et les dérives de sa Fabia au maximum. Je ne veux pas être pessimiste mais à ce train-là, Freddy va les gagner toutes pendant les dix prochaines années… (rires)”
Et en effet, lors des deux autres passages où nous nous sommes rendus lors de cette deuxième étape, Freddy appliquait exactement la même recette. Ainsi, dans un célèbre S de la spéciale de Creppe-Winanplanche, dans le bois de Vequeterre, il est parvenu à rester parfaitement sur des rails malgré l’état très glissant du goudron encore rendu délicat par la terre ramenée sur la route par les anciennes étant passées avant lui. Si bien qu’un observateur à nos côtés imaginait la Skoda Fabia dotée d’un anti-patinage. Un droite vicieux où Princen et Dilley n’ont pas hésité à user du talus comme d’un banking, toujours spectaculaire même si moins efficace que Loix.
A l’arrivée, Freddy Loix impose sa Skoda Fabia R5 avec 35″6 d’avance sur la Peugeot 208 R5 T16 de Kris Princen et 2’33″8 sur une autre Fabia, celle de Vincent Verschueren, pas déméritant sur un terrain particulièrement délicat.
Xavier Bouche signe également un solide résultat avec une quatrième place à 3’07″9 du vainqueur tandis que Cédric De Cecco, jeune retraité, plaçait une autre 208 T16 dans le Top 5 à 3’40″6.
La première DS est celle de Guillaume Dilley, sixième à 5’16”, qui a parfaitement résisté à une certaine pression puisqu’il était rapidement le seul représentant de l’importateur suite au retrait précoce de Demaerschalk, victime d’un problème de direction assistée. En signant cinq fois le troisième temps, Dilley a parfaitement répondu aux espoirs placés en lui et attend déjà le Rallye de Wallonie où l’expérience de son prestigieux copilote pourra encore pleinement le servir.
Enfin, terminons sur la belle victoire de François Duval, en pleine forme, qui semble toujours aussi talentueux. Il maîtrise parfaitement l’Escort, conserve une rapport inférieur pour jouer avec la pédale de gaz et placer ainsi la Ford au centimètre là où les moins téméraires passent le rapport supérieur et se retrouvent avec moins de puissance lorsqu’il s’agit de se sauver d’un mauvais pas.
Le pilotage est tout un art que De Spa et Munster maîtrisent tout autant. Si le premier terminait à 1’26” de l’autre François, le second perdait le podium suite à une crevaison suivie de soucis de crémaillère.