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BTCC: sous le soleil de Snetterton

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Lancé en 1958, le BTCC est l’une des compétitions les plus anciennes sur circuit. Certes, ses belles années sont dorénavant derrière lui. La faute à cette multiplication de disciplines et de championnats où, bien souvent, une marque joue seule en tête pour le plus grand bonheur de son service marketing. Seuls les constructeurs allemands osent encore s’affronter entre eux dans le DTM. Pour le reste, que ce soit en WTCC ou dans les Renault Series, les marques françaises préfèrent éviter la concurrence. Dommage. Parce qu’à la fin du siècle passé, Peugeot, Renault et Volvo venaient affronter Honda, Vauxhall et Ford mais aussi Audi, BMW et Nissan sur toutes les pistes anglaises pour le plus grand bonheur des spectateurs. Depuis, la sacro-sainte baisse des coûts est passée par là et les usines ont déserté peu à peu le tourisme en Angleterre comme dans bien d’autres pays européens.

Pourtant, c’est un plateau d’une trentaine de voitures que le Championnat Anglais des Voitures de Tourisme propose encore à ses fans de nos jours. Et lorsque le soleil s’en mêle, comme à Snetterton en ce deuxième week-end du mois d’août, c’est 30.000 spectateurs qui s’installent dans les tribunes et sur le joli gazon des abords du circuit. Une ambiance unique que l’on ne connaît plus guère qu’au Royaume-Uni ou… au Mans où les Britons débarquent traditionnellement en masse. Il y a bien longtemps que nous n’avions plus connu une telle affluence sur un circuit.

Un petit peu de technique

Depuis la saison 2014, toutes les voitures sont construites selon le règlement du CTGN. Présenté en 2011, ce règlement technique est conçu pour réduire considérablement la conception, la construction et les coûts de fonctionnement des voitures et des moteurs. De quoi permettre aux équipes indépendantes de rivaliser sur un même niveau de compétitivité en maîtrisant les coûts tout en récompensant encore l’ingénierie et la stratégie.

La volonté du CTGN était de miser sur certains composants communs : turbo, soupape de décharge, intercoolers et ECU (unité de contrôle du moteur), boîte six vitesses séquentielle, berceau, freins, amortisseurs et suspension sont imposés. Les équipes ont la possibilité d’opter pour un moteur sans marque fourni par la TOCA (organisateur du BTCC) ou de développer leur propre groupe motopropulseur selon la réglementation à condition qu’il appartienne à la «famille» du modèle de voiture choisi. Pour le mode de propulsion, on a le choix entre traction ou propulsion en fonction de ce qu’il existe dans la gamme de la marque impliquée. Ils développent tous 350 chevaux et sont tous des 2.0 litres turbocompressés.

Les règles du jeu

Il y a dix rendez-vous par saison qui s’articule comme suit : deux séances d’essais libres et qualification le samedi et trois courses de douze tours disputées le dimanche. Les 15 premiers marquent des points et des points bonus sont distribués au meilleur chrono des essais et des courses. Dunlop fournit deux types de gommes pour le sec dont des tendres qui ne peuvent être utilisés que dans une seule manche par week-end mais ils ne peuvent pas choisir la même course plus de trois fois sur la saison.

Et c’est encore plus complexe pour les grilles de départ puisque si la première dépend des qualifications, la deuxième est définie en fonction du meilleur tour en course des pilotes et pour la troisième. Là, les Anglais prennent les pilotes ayant terminés entre la 6è et la 11è place et tirent au sort. Si le numéro six est choisi, c’est celui qui a terminé sixième de la deuxième manche qui partira en pole position. Ces six-là partent devant les cinq premiers de la deuxième manche. Enfin, il faut ajouter à cela un ballast de 75 kg pour le premier, 66 pour le second, 57 pour le troisième… Ils sont alloués entre chaque rendez-vous selon la position au championnat et doivent être embarqués durant les qualifications et la première course. Pour les deux autres manches, ils sont répartis en fonction des résultats du jour en course 1 et course 2.

Back to the future

Lors de notre petite escapade en terre anglaise, nous étions accompagnés de Vincent Radermecker. Le Liégeois avait été un acteur émérite de cette discipline lors de ses belles années puisqu’il avait décroché un contrat officiel avec Volvo en 1999 (8è du championnat) avant d’aller chez Vauxhall l’année suivante (dixième). L’occasion pour nous de vivre en sa compagnie un week-end instructif.

A l’image de la sympathique explication de Matt Neal qui, reconnaissant le pilote belge, nous a gentiment invité à le suivre dans le stand Honda pour nous y expliquer les spécifications techniques de son bolide mais aussi les subtilités du règlement actuel. De son côté, Alain Menu nous confiait sa déception de ne plus faire partie des pilotes actifs d’un championnat où l’apport de sponsors est devenu là aussi la règle. Ce qui donne lieu à des situations cocasses comme lorsqu’Andrew Jordan, pilote MG, se félicite du renouvellement de son contrat pour deux ans avec un sponsor qui n’est autre que la société de son père. Mais au-delà de ça, les voitures sont assez sexy et le public est bel et bien présent.

Il faut dire que l’organisateur fait tout pour motiver les fans. A l’image des immenses parkings gratuits parfaitement gérés par des bénévoles qui vous guident jusqu’à votre emplacement. L’entrée coûte une cinquantaine d’euros et comme à Francorchamps, le moindre ravitaillement en nourriture et en boisson vous coûtera un bras. Mais contrairement au plus beau circuit du monde, la sonorisation est parfaite (même si le commentateur est difficilement compréhensible pour nous autres petits francophones) et la propreté du gazon anglais n’est pas une légende. Pas besoin de tribunes pour être parfaitement installés sur les bords du circuit.

Seuls les écrans géants pourraient être mieux orientés mais comme le circuit est relativement compact, vous pouvez facilement changer de point de vue entre deux manches. Des manches de douze tours de type sprint qui impliquent quelques solides bagarres en piste même si les protagonistes choisiront de préserver leurs mécaniques dans les premières courses. Enfin, l’activité en piste est incessante durant toute la journée avec des courses de monoplaces, de Ginetta et de la Porsche Carrera Cup.

Volkswagen en force

Trois marques jouent habituellement les premiers rôles : BMW, Honda et Volkswagen. Pour l’instant, les Volkswagen Passat CC du Team BMR sont en tête du classement provisoire de la compétition avec Jason Plato devant Colin Turkington. Ils devancent Gordon Shedden, le pilote Honda Yuasa Racing n’ayant pas connu un week-end très facile à Snetterton, et Sam Tordoff, actuellement le meilleur pilote du clan BMW. Andrew Jordan est actuellement cinquième du classement pour le plus grand bonheur du clan MG qui a salué la première victoire du jeune Jack Goff (24 ans) sur une MG du Triple Eight Racing.

Mais avec les règles actuelles, tout peut encore arriver lors des quatre derniers rendez-vous de la saison. Et si ce reportage vous a mis l’eau à la bouche, toutes les courses sont retransmises en direct sur internet via la chaîne officielle du BTCC. Mais sincèrement, rien ne vaut un déplacement. Séduit, votre serviteur se verrait bien assister à la finale, en octobre, à Brands-Hatch! (Photos: www.btcc.net et C. Dubon)

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