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Essai: Chevrolet Camaro

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Pour jouer les mauvais garçons

Se retrouver au volant de la Chevrolet Camaro, c’est plonger 50 ans en arrière. Lorsque les voitures américaines faisaient rêver les enfants du baby-boom. Il faut dire qu’elles étaient aussi rares qu’aujourd’hui sur les routes européennes mais à l’époque, l’essence bon marché et la libération encore toute fraîche dans les mémoires offraient aux productions de l’oncle Sam un véritable succès d’estime. De nos jours, d’autres guerres ont terni l’image des Yankees et le cours de l’or noir ne cesse de flamber. Alors est-il toujours bien indiqué de se promener à bord de pareil engin? C’est ce que nous avons voulu savoir pour vous, amis lecteurs!

Elle est plutôt discrète la Camaro qui nous a été confiée pour une semaine par l’importateur. Noire avec un stripping rouge et gris du plus bel effet, célébrant le 45e anniversaire de la naissance de cette muscle car, elle n’en rajoute pas exagérément. Jaune ou rouge, elle aurait davantage fait tourner les têtes. Cette série spéciale propose également des logos spéciaux «45th» sur les ailes avant, le dos des sièges, les seuils de portes, le volant et le tableau de bord. Elle est équipée de jantes de 20 pouces. Ce modèle particulier s’offre encore un spoiler arrière et une caméra de recul visible sur le côté du rétroviseur extérieur comme dans une banale Ford Fiesta.

6.2 V8 sous le capot

Au niveau du moteur, c’est le traditionnel V8 de 6.2 fort de 432 chevaux qui prend place sous le large capot. Au démarrage, le râle donne immédiatement le sourire. A l’accélération, le Small Block distille un agrément typique des grosses cylindrées. Le couple de 569 Nm disponible à 4600 t/min répond présent dès les bas régimes, propulsant avec vigueur ce lourd coupé (1755 kg). Par la suite, la poussée se fait très linéaire pour ne pas dire décevante. Mais sans se montrer rageur à hauts régimes, ce moteur culbuté délivre un agrément incomparable, que ce soit en conduite dynamique ou lors de trajets plus coulés. La sonorité se révèle évocatrice, exhalant un fort parfum d’Amérique. Le grondement qui accompagne chaque accélération réjouira l’amateur du genre et les déflagrations entendues au lever de pied donnent un petit côté compétition à votre périple. Dans l’habitacle, vous vivez la voiture. Cela tremble, l’insonorisation n’est pas géniale et vous ne jouissez pas d’une visibilité exceptionnelle avec ce pare-brise qui ressemble plus à une meurtrière qu’à un écran extra-large.

Comportement pataud

Sur les routes étroites de notre petit pays, la Camaro n’est pas des plus à l’aise. Disons qu’il faut constamment anticiper les croisements à moins d’avoir la vue bien dégagée. Et pas question de faire autre chose que de conduire cette bête avec toute votre attention. Les mains tenant fermement le volant, vous tentez les trajectoires les plus précises possibles. Le freinage n’est pas des plus fins non plus malgré l’ABS. Le poids est là et comme les vitesses atteintes deviennent rapidement illégales, il vaut mieux là aussi, anticiper au mieux. Quand le revêtement se montre trop dégradé, les immenses roues transmettent beaucoup trop de mouvements parasites dans le volant. Et nous taisons religieusement les rapports de la boîte manuelle qui se montrent si peu engageants en conduite dynamique qu’il nous est arrivé d’aborder certaines courbes au point mort, faute d’avoir pu remettre la 3 ou la 4! Vous l’aurez compris, ce n’est pas sur ce terrain que la Chevrolet vous fera les yeux doux. Par contre, sur autoroute, en sixième, la Camaro se révèle franchement supportable et civilisée. Le bruit du moteur se fait plus sourd et le couple disponible permet toutes les relances voulues par les aléas de la circulation.

Les qualités de ses défauts

Reste le côté voyeur de l’engin qui vous pousse à vous comporter en mauvais garçon au moindre feu de signalisation. Vous jouez de l’accélérateur, vitre entre-ouverte, et dès que le feu passe au vert vous enfumez votre voisin avec un sourire jusqu’aux oreilles. Et que dire du moindre tunnel où vous rajoutez une couche sur l’accélérateur pour éclaircir la voix du V8? Bref, avec ce coupé 100% US, la route devient une aire de jeu et le moindre prétexte est bon pour s’encanailler. Impressionné par le gabarit de la bête, votre serviteur a fini par couper l’anti-patinage et l’ESP pour s’offrir des petites dérobades du train arrière particulièrement téléphonées et plus que souvent provoquées. Bref, il s’agit d’un bonheur simple et serein pour ne pas dire frivole. En fait, une fois les aides électroniques débranchées, la Chevrolet devient totalement dévergondée: sa poupe communicative permet de compenser le manque de retour de la direction. Et en bonne américaine, la Camaro se conduit avec les fesses. Vous l’aurez compris, ses nombreux défauts sont largement gommés par ses grandes qualités.

Habitacle plutôt bien fini

On a souvent lu que les Américains ne se soucient guère de la finition de leurs habitacles. Certes, le tableau de bord de la Camaro n’est pas un modèle du genre mais cela n’est pas non plus digne d’une Lada de la grande époque. Traversé par une bande de plastique blanche qui se prolonge jusqu’aux contre-portes, il est également partiellement recouvert de cuir mais c’est une exclusivité européenne. Par contre, le volant presque identique à celui de la Volt, aux coutures colorées près, nous a déçus. Certes plus petit que l’originel, il gâche un peu l’ambiance de l’intérieur. Heureusement, les cadrans carrés face au conducteur et les multiples indicateurs (capacité de la batterie, température d’huile de transmission et température et pression d’huile moteur) placés au pied de la console centrale donnent un côté atypique à l’ensemble. L’équipement se montre quant à lui généreux au regard du tarif: sellerie cuir, sièges chauffants, affichage tête haute, caméra de recul, kit mains-libres Bluetooth. Face à cette orgie de commodités, l’absence (même en option) de climatisation automatique, de démarrage sans clé et de GPS apparaît des plus déroutantes.

Prix cassé mais conso débridée

Pour tenter d’atténuer une piètre réputation en matière de consommations, Chevrolet a peut-être délibérément choisi une démultiplication des rapports totalement loufoque. En effet, vous pouvez conserver la première pour vos déplacements en ville puisque celle-ci grimpe à 87 km/h. La seconde devrait suffire sur autoroute puisqu’elle plafonne à 127 km/h. Tout aussi sérieusement, la sixième est taillée théoriquement pour atteindre 461 km/h! Toujours est-il que sur ce dernier rapport, à 130 sur l’autoroute, l’aiguille du niveau de carburant descend un peu moins rapidement. Mais si vous sollicitez l’accélérateur au moindre feu rouge ou si vous faites vrombir le moteur dans les tunnels, vos chiffres de consommation frôleront allègrement avec les 20 l/100… Certes, pour 38.500 €, vous pouvez vider quelques réservoirs de carburant avant d’atteindre le prix d’une BMW M3 pour parler d’un autre coupé à moteur V8. La Munichoise s’affiche à 73.900 euros avec une taxe de mise en circulation de 4927 euros semblable à celle de la Chevy. Par contre, avec l’Américaine, vous devrez vous acquitter annuellement de 2820 euros là où la BM ne vous coûtera que 1824 euros.

Pour en revenir à la question posée à l’entame de cet article, nous vous répondrons par l’affirmative. D’abord parce que cette Camaro est synonyme de dépaysement garanti! Certes, elle ne peut lutter contre aucune production européenne du genre. Mais c’est justement de cette non-compétition qu’elle tient sa force. La Chevy est seule au monde, à la fois archaïque et moderne dans son exagération en tous genres. A l’image des médias qui cherchent à en donner toujours plus à leurs téléspectateurs avides de sensations fortes. Elles sont garanties 100% naturelles à bord de la «45th». Et puis les nombreux sourires des amoureux de l’Amérique que vous croiserez finiront de vous persuader que vous avez fait le bon choix. Prévoyez quand même une autre voiture dans votre garage parce que la fonctionnalité ne fait pas partie du vocabulaire Camaro alors n’envisagez jamais les places arrière et le coffre autrement que comme des accessoires. (Photos action: J-C. Geboes)

Les plus

Voiture à vivre

Equipement généreux

Look inimitable

Les moins

Surpoids

Qualité de certains matériaux

Manque de polyvalence

 

Caractéristiques techniques

Dimensions     L/l/h: 4.836/1.917/1.360 mm

Empattement  2.850 mm. Voies av./arr.: 1.620/1.630 mm

Poids             1.755 kg

Volume de chargement 384 l

Moteur8 cyl. en V, arbre à came central, 16v, 6.162 cc

Puissance maxi 432 ch à 5900 t/min

Couple maxi    569 Nm à 4600 t/min

Transmission   aux roues arrière, boîte six rapports manuelle

SuspensionsAv: triangles transversaux doubles, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis

Arr: essieu multibras, ressorts pneumatiques, barre antiroulis

FreinsAv/arr.: disques ventilés (355 / 365 mm)

JantesAv/arr.: 7.5 x 20 / 8 x 20

PneusAv/arr.: Pirelli P Zéro 245/45 ZR 20 / 275/40 ZR 20

PerformancesV-Max: 250 km/h 0-100 km/h: 5″2

Consommationmoyenne: 12,5 l/100 km Réservoir: 72 litres

Prix de base38.500 € tvac

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