Diesel performant et sobre, essence totalement déraisonnable
Lâchez les fauves!
En revoyant la copie de sa berline routière, Jaguar a exécuté le travail de manière magistrale. Sans toucher au dessin particulièrement réussi ni à l’habitacle de caractère, la marque indienne a plus particulièrement ciblé, avec une justesse pertinente, les motorisations vieillottes. Un nouveau Diesel fait son apparition tandis qu’un 5.0 V8 s’installe sous le capot de la R.
La voiture qui nous accueille aujourd’hui est d’une finition exceptionnelle. La superbe sellerie en cuir est complétée par le même matériau sur le dessus de la planche de bord sans oublier le cuir retourné sur les montants et le ciel de pavillon. Tout simplement superbe et inimitable, cette finition Portfolio est largement à la hauteur de ce que peut faire Audi. Et puis ce cérémonial, déjà connu de la version initiale, qui fait sortir le bouton du changement de vitesses automatiques et les ouïes de ventilation qui se retourne pour s’activer nous subjugue comme lors de notre première rencontre. Au même titre que les passagers occasionnels qui ne connaissent Jaguar qu’à travers la S-Type bien moins classieuse.
Un moteur ad hoc
La XF peut dorénavant s’appuyer sur un 3.0 V6 turbo Diesel proposé dans deux puissances: 240 ou 275 ch. Un véritable bijou technologique qui fait appel à deux turbocompresseurs séquentiels parallèles. Mais chez Jaguar, contrairement à ce que nous pouvons trouver ailleurs, le gros turbo à géométrie variable entre d’abord en action avant que le second n’intervienne à partir de 2800 tr/min. Résultat: le temps mort habituellement rencontré avec les turbos est véritablement gommé à bas régime. Il faut dire que les valeurs de couple sont impressionnantes avec 500 Nm à 2000 tr/min pour la version 240 ch et 600 Nm, à 2000 tr/min également, pour le moteur de 275 ch. Dotés, comme tous les autres moteurs des XF, d’une boîte automatique à 6 rapports, les motorisations à mazout participent pleinement au plaisir de conduire une voiture hors du commun. Pour peu que l’on caresse l’accélérateur, que l’on titille les palettes de sélection de la boîte séquentielle fort bien étagée, la berline cossue se montre digne de la gueule du jaguar qui vous menace sur le moyeu central du volant.
Politiquement correcte?
Mais cette XF 3.0d affiche un bilan politiquement correct. D’après le constructeur, le nouveau moteur produit 10% de CO2 de moins que le 2,7 litres (ce qui représente malgré tout une émission de 179 g/km) alors que sa puissance augmente de 16 et 33%, selon la version. Les consommations officielles sont du même acabit: 6,8 l/100 km pour les deux modèles. Mais attention, les consommations annoncées par Jaguar sont plus qu’optimistes. Car nous avons également goûté à la variante sportive baptisée R. Celle-ci hérite du nouveau V8 de 5 litres et de son compresseur mécanique Eaton, de sixième génération. Un compresseur qui se montre 20% plus efficace grâce à une admission remaniée. Cela se traduit par une puissance de 510 ch à 6000 tr/min et un couple qui atteint la bagatelle de 625 Nm, entre 2500 et 5500 tours.
Une vraie soiffarde
La boîte automatique ZF a été revue en conséquence et son mode Sequential Shift se caractérise par une réactivité des plus réduites. Enfin, la direction est désormais plus directe tandis que l’amortissement piloté CATS cède la place à l’Adaptive Dynamics. Les modèles R sont en outre pourvus d’un différentiel à glissement limité électronique (Active Differential Control). Malheureusement, le plaisir ressenti au volant a du mal à cacher la douleur des passages à la pompe. Car sans jouer les pilotes de GT3, nous avons signé une moyenne de 22 litres/100. Certes, la R est une véritable bombe qui réagit instantanément au doigt et à l’œil mais lorsque certaines sportives historiques (la 911 pour ne pas la citer) parvient à se maintenir sans trop forcer en dessous des 20l/100, cela laisse songeur.